Mongolie : l'éducation à l'environnement, question de survie
Contexte
La Mongolie connaît une croissance démographique sans précédent (plus de 45% de la population âgée de 0 à 24 ans) qui malmène des ressources naturelles rares et fragiles. Au cœur du problème, la faible capacité de charge du pays – c’est-à-dire le nombre maximum de personnes qu’un écosystème peut faire vivre sur une surface donnée. Cette capacité est ici bien inférieure à celle d’autres pays.
Comparons avec la France : selon la Banque mondiale, l’Hexagone disposait en 2013 de 0,28 hectares/personne de terres arables pour 65 millions d’habitants, alors que sa superficie représente seulement un tiers du territoire mongol. Peuplée de 2,9 millions d’habitants, la Mongolie ne comptait, elle, que 0.2 hectares/personne de terres arables – sachant que le terme arable n’implique pas que la terre soit très fertile. Le pays ne jouissant que de 3 à 4 mois de saison cultivable, doit importer la majorité de sa nourriture, hormis la viande et les produits laitiers.
Quels outils pour améliorer le système académique ?
L’ éducation à l’environnement prend de l’ampleur
A la suite du mémorandum d’entente, la SDC a lancé un nouveau projet d’ESD pour 2015-2017, qui inclut le programme international « Eco-schools ». L’ESD est désormais intégrée à la loi de développement vert votée en 2016, qui se veut un cadre général pour « faire avancer le développement de la Mongolie par des moyens soutenables », selon l’assertion officielle. L’ESD n’est pas liée uniquement au système éducatif, elle vise aussi à sensibiliser les entreprises, les communautés et l’ensemble de la société. A travers une approche fondée sur la communauté, le projet donne aux participants des indications sur les principes de soutenabilité, en termes de méthode et de contenu. A ce jour, 468 000 élèves et 25 000 enseignants dans les 628 écoles primaires et secondaires publiques de Mongolie travaillent à l’intégration de l’ESD dans leurs programmes.
De plus, 2 680 enseignants seront formés et habilités à promouvoir l’ESD à travers les 117 Eco-schools déjà existantes. La Mongolie a rejoint le mouvement international de ces « écoles vertes » en 2011. Ce dernier vise à laisser les enfants choisir les thèmes qu’ils souhaitent aborder et leur donner un enseignement pertinent pour qu’ils puissent, avec les adultes qui les suivent, prendre des mesures concrètes quant à la gestion des déchets, l’eau ou l’énergie dans leur école. Le programme Eco-school insiste sur le besoin d’améliorations perpétuelles des réponses apportées aux questions environnementales.
Surcharge écologique
Durant des siècles, les nomades mongols se sont adaptés aux maigres ressources qu’offrait la nature, une raison qui expliquait la faible population du pays. De nos jours, le développement conduit à une interdépendance entre Etats, et la surpopulation mondiale témoigne d’une déconnexion avec la capacité de charge réelle de la Terre. La Mongolie achète des fruits et des légumes de Russie et de Chine, mais la Chine, elle-même surpeuplée, doit importer une partie de sa nourriture, comme d’autre pays. L’accaparement des terres et la production alimentaire mondialisée telle qu’elle existe aujourd’hui mettent en péril des zones naturelles et l’alimentation de ceux à qui les terres sont prises. Ce phénomène est motivé par la consommation mondiale de viande, portée notamment par la Chine, puisqu’un tiers des terres arables de la planète servent à nourrir les animaux d’élevage.
Ainsi, quand un pays, dont les besoins dépassent les ressources, s’approvisionne ailleurs, il délocalise sa « surcharge » écologique. Les facteurs combinés de démographie, de dégradation des sols, de raréfaction de l’eau propre, de modèle agro-économique inconsidéré, de changement climatique ou encore de conflits, rendent ce phénomène mondial, donc non viable. La soutenabilité n’est possible que si le nombre d’humains est compatible avec les besoins des autres formes de vie et ne compromet pas la résilience de la Terre. Bien que peuplée de 3 millions d’habitants seulement, la Mongolie est déjà sévèrement polluée et l’augmentation du nombre ne fait qu’entraver les changements nécessaires. La surpopulation ne représente certes pas une menace imminente dans l’Etat le moins densément peuplé au monde. Mais c’est précisément ce défi pour l’avenir du pays que l’éducation à l’environnement permet aux enfants d’anticiper.
Les écoles privées s’y mettent aussi
L’omniprésence des plantes dans l’école permet d’apprécier l’air frais et pur qu’elles dégagent, par contraste avec l’atmosphère polluée qui règne à l’extérieur. Les plantes ont même un intérêt sécuritaire. Des bacs à fleurs en bois ont été fixés sur les rampes des escaliers pour éviter que les enfants ne sautent par-dessus. Chaque année est organisée une vente publique de graines issues des plantes de l’école. De nombreux élèves se portent volontaires pour assurer cette journée. L’ASU est l’un des rares bâtiments à Oulan-Bator qui collecte l’eau de pluie, pour l’irrigation. Au vu de la sécheresse du climat mongol, il semble curieux que la collecte de l’eau de pluie soit si peu répandue. Bien que ces initiatives ne fassent pas partie du programme des élèves, elles leur permettent de mieux apprécier la nature et d’appréhender ce que peut être un mode de vie soutenable.
L’Ecole internationale (ISU) se pose en concurrent solide dans la course vers un monde naturel. Tout a commencé avec les Ecovengers. Ce groupe d’enfants a été constitué à l’initiative d’une enseignante qui souhaitait rendre l’école et les esprits des écoliers plus écologiques. L’objectif premier était la culture et la vente de plantes. L’aspect pédagogique a été central dès le début de l’aventure pour que les enfants comprennent la nature. Les Ecovengers se sont rapidement développés jusqu’à organiser l’événement annuel « Run for water » (« courir pour l’eau »), qui sert à financer des opérations de nettoyage dans les cours d’eau. Ces derniers sont sévèrement pollués par les déchets ménagers, dont une partie est ramassée à l’occasion des nettoyages, mais aussi, et de façon plus insidieuse, par l’industrie minière qui y déverse notamment des métaux lourds. La rivière Tuul, qui traverse la capitale, finit dans le lac Baïkal, réputé pour sa pureté…
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