Revue de presse Inde - 30 septembre 2016

Inde : avec les "frappes chirurgicales" contre le Pakistan, le nouveau cap de Modi

Pour la première fois, l'armée indienne a déclaré avoir ciblé des infrastructures au-delà de la Ligne de Contrôle. Copie d'écran du Times of India, le 30 septembre 2016.
Pour la première fois, l'armée indienne a déclaré avoir ciblé des infrastructures au-delà de la Ligne de Contrôle. Copie d'écran du Times of India, le 30 septembre 2016.
Times of India – Avoir franchi la Ligne de Contrôle : voilà ce qui constituera l’héritage du Premier ministre indien Narendra Modi, d’après le Times of India. Même son prédécesseur A. B. Vajpayee (1998-2004), également issu du parti nationaliste hindou et particulièrement véhément à l’égard d’Islamabad, n’avait pas osé tirer au-delà de la frontière partageant de facto le Cachemire entre Inde et Pakistan. Après avoir essuyé des critiques sur son manque de réaction en dépit de discours fermes envers Islamabad, Modi a donc finalement mis à exécution ses menaces en visant les « rampes de lancement des terroristes au Cachemire occupé », explique le quotidien indien. Ce qui pourrait rejaillir sur sa popularité et celle de son parti, actuellement en posture défavorable à l’approche des élections locales en Uttar Pradesh l’année prochaine.

Ces frappes, qualifiées de « chirurgicales » par bon nombre de médias indiens ce vendredi 30 septembre et par l’armée elle-même, ont aussi de lourdes implications en matière d’équilibre géostratégique en Asie du Sud. Car d’après le site indien Firstpost, l’action militaire « extrêmement limitée » de New Delhi n’ayant pas entraîné de réponse directe d’Islamabad, l’idée selon laquelle toute réponse armée de l’Inde vis-à-vis du Pakistan déclencherait une spirale de conflit jusqu’à l’affrontement nucléaire vient d’être démentie. Il existerait donc une marge de manoeuvre, aussi faible soit-elle, permettant une riposte armée face aux « provocation pakistanaises » – écho à l’attaque d’Uri de la mi-septembre (voir notre revue de presse du 19 septembre).

De son côté, The Indian Express informe que de « nombreuses victimes » auraient été causées par ces frappes – des terroristes ainsi que leurs soutiens – sans que le gouvernement indien ne les aient comptabilisées. Les autorités pakistanaises avaient quant à elles fait état de deux morts dans leurs rangs (voir notre revue de presse du 29 septembre). Quoi qu’il en soit, les opérations seraient désormais terminées, l’armée indienne ne disposant pas de nouveaux plans d’action, explique le quotidien.

De l’autre côté de la frontière, la presse pakistanaise interprète les événements d’une toute autre façon. L’armée se gausse ainsi de l’expression « frappes chirurgicales », rapporte le quotidien pakistanais The Express Tribune. Car les forces d’Islamabad démentent formellement de telles opérations. Le porte-parole de l’armée explique : « Il n’y a rien de tel sur le terrain. Il y a seulement eu quelques tirs la nuit dernière, auxquelles nous avons répondu. […] Pas de frappe chirurgicale, seulement des échanges de tirs initiés et conduit par l’Inde. » L’objectif de New Delhi serait en fait de créer un « déferlement médiatique » pour des questions de popularité, commente le quotidien pakistanais.

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