Société
Photographes d'Asie

Portfolios : le Japon de 2016 dans les yeux de "Japan Street Lens"

Une femme donnant un coup de marteau à la marionnette représentant le Premier ministre Shinzo Abe, en signe de protestation contre sa politique.
Une femme donnant un coup de marteau à la marionnette représentant le Premier ministre Shinzo Abe, en signe de protestation contre sa politique. (Copyright : Pierre-Emmanuel Delétrée)
Tout est parti en 2015 autour d’un café à Tokyo. « Nous nous croisions régulièrement sur les mêmes sujets. D’abord à trois, nous avons pensé qu’il fallait montrer ce que l’on capture ici au Japon – la vie quotidienne, les reportages, les news – et ce qui nous semble intéressant, amusant, étrange… Bref, il fallait mutualiser un espace », se rappelle Nicolas Datiche. C’est chose faite un an et demi plus tard : Japan Street Lens compte cinq photoreporters français, italiens, philippins ou anglais venus vivre au Japon pour saisir les instantanés d’une société unique qui n’en finit pas de stimuler leur curiosité : les manifestations pacifistes contre la réforme militaire de Shinzo Abe, les yakuzas au grand jour lors du festival shinto de Sanya Matsuri, ou les populations évacuées après les séismes de Kumamoto en avril dernier.
Avec Nicolas Datiche, le collectif rassemble Pierre-Emmanuel Delétrée, Damon Coulter, Nicolas Datiche, Alessandro di Ciommo et Richard Atrero de Guzman (Bahag). Au fil de rencontres bouleversantes, d’anecdotes amusantes ou tragiques, chacun d’eux tente avec son écriture de retranscrire les multiples facettes de la société nippone. A eux cinq, ils projettent déjà, dans un avenir proche, de créer une exposition et même un livre donnant à voir un monde commun à travers le reflet de leurs univers propres. Agnès Redon les a rencontrés à Tokyo.

Une femme donnant un coup de marteau à la marionnette représentant le Premier ministre Shinzo Abe, en signe de protestation contre sa politique. (Copyright : Pierre-Emmanuel Delétrée)

Manifestation d’employés de Sanya contre le meurtre des réalisateurs Sato Mitsuo et Yamaoka Kyoichi. (Copyright : Pierre-Emmanuel Delétrée)

Les femmes de yakuzas, la mafia japonaise, montrant leurs tatouages traditionnels pendant le festival Sanja. (Copyright : Pierre-Emmanuel Delétrée)

Défilé de mannequins pendant la Mercedes Benz Fashion Week à Tokyo, collection automne/hiver 2016/2017 à Shibuya Hikarie le 16 mars 2016. (Copyright : Pierre-Emmanuel Delétrée)

Des lanternes de papier flottant sur les eaux de la rivière Motoyasu en face du dôme de Genbaku (en arrière-plan) à Hiroshima le 6 août 2015. (Copyright : Pierre-Emmanuel Delétrée)

 
 
 
 

Pierre-Emmanuel Delétrée

D’abord monteur puis journaliste à Paris, Pierre-Emmanuel Delétrée est photoreporter free-lance, notamment pour l’agence E-Press à Paris. Il a gagné le prix spécial du journalisme 2016 en Corée pour son travail sur les cinq ans de Fukushima et les 30 ans de Tchernobyl. Venu au Japon pour des raisons familiales, il s’intéresse aux mouvements de protestations dans les rues de Tokyo, des manifestations contre la réforme militaire de Shinzo Abe à la colère des employés de Sanya contre le meurtre de deux réalisateurs. Sato Mitsuo et Yamaoka Kyoichi, auteurs du documentaire Yama-attack to attack ont été assassinés à deux ans d’intervalle (1984 et 1986). Ils voulaient montrer l’envers du décor des travailleurs journaliers au Japon exploités par la mafia. Mais le regard de Pierre-Emmanuel Delétrée cherche également à saisir ce que la société japonaise a de spécifique, du kimono des top models à la Fashion Week de Tokyo au dos couvert de tatouages des épouses de yakuzas.

Le photographe français sait par ailleurs se fondre dans les moments de recueillement comme ce 6 août 2015 à Hiroshima, aux côtés des Japonais qui font flotter des lanternes sur les eaux de la rivières Motoyasu en face du dôme de Genbaku. Dix mille personnes étaient venues ce jour-là pour commémorer le 70ème anniversaire de la bombe atomique qui s’est abattue sur la ville et qui a marqué la fin de la Seconde Guerre mondiale. La destruction massive d’Hiroshima était-elle justifiée ? Cette question divise encore l’opinion dans le pays.

Supporter brésilien, migrant à la double nationalité, dans un bar de la ville d'Oizumi près de Tokyo. (Copyright : Alessandro di Ciommo)

Balcons donnant sur les appartements de 12 mètres carrés où vivent les journaliers dans le quartier tokyoïte de Kotobukicho. (Copyright : Alessandro di Ciommo)

Des manifestants anti-Coréens se heurtent à un groupe d’opposants à Tokyo, au sujet des îles Dokdo/Takeshima contrôlées par la Corée du Sud, mais contestées par le Japon. (Copyright : Alessandro di Ciommo)

Bouquets de fleurs à l'ambassade de France à Tokyo, en hommages aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. (Copyright : Alessandro di Ciommo)

Portrait de Kazuo Ishikawa le 24 mars 2016 à Tokyo. Membre de la caste des Burakumin, les "intouchables" japonais, Ishikawa plaide son innocence du meurtre d'une lycéenne dans l'affaire du "Sayama Incident" en 1963. (Copyright : Alessandro di Ciommo)

Portrait de Kazuo Ishikawa le 24 mars 2016 à Tokyo. Membre de la caste des Burakumin, les "intouchables" japonais, Ishikawa plaide son innocence du meurtre d'une lycéenne dans l'affaire du "Sayama Incident" en 1963. (Copyright : Alessandro di Ciommo)

 
 
 
 

Alessandro di Ciommo

Diplômé de l’université d’art de Rome, Alessandro di Ciommo s’est formé sous la direction d’Victor Ugo Contino, le photographe du réalisateur Luchino Visconti. Il a été engagé comme photographe dans « The Legend of 1900 », film de Giuseppe Tornatore. Aujourd’hui installé au Japon, il travaille en indépendant pour des journaux italiens et internationaux. Il ressent dans son travail les tensions et contradictions d’un pays qui oscille entre modernité et tradition, qui à ses yeux s’éloigne de l’essence de sa culture, son amour de la nature et du passage des saisons.

Alessandro di Ciommo s’intéresse aux exclus de la société japonaise. Il photographie Kazuo Ishikawa, de la caste des Barakumin, les « intouchables » japonais, qui clame encore son innocence, 53 ans après le meurtre d’une lycéenne. Victime d’une erreur judiciaire, Ishikawa avait été condamné à mort pour l’enlèvement, le viol et l’assassinat de Yoshie Nakata, 16 ans, retrouvée sans vie dans une ferme de la préfecture de Saitama. Il a été torturé par la police et a été forcé d’avouer le crime. La communauté pense qu’il a subi une discrimination en raison de son origine Burakumin. Il demande la réouverture de son procès et exige une analyse ADN.

Exclus de caste mais aussi exclus du travail. Le photographe italien nous plonge dans l’univers des journaliers, qui vivent dans des appartements de 12 mètres carrés. Il les photographie dans le quartier de Kotobukicho, le foyer de la troisième plus grande communauté japonaise de journaliers – le plus proche à Yokohama ayant un bidonville. Dans un pays où il est normal de trouver trois superettes (combini) dans une seule rue, ici, rien de tout cela. Le Japon a deux autres grandes communautés de journaliers : Sanya à Tokyo et Kamagasaki à Osaka. Mais ce qui a toujours différencié Kotobukicho, c’est une présence presque constante de non-Japonais. Aujourd’hui, ces travailleurs précaires sont majoritairement des personnes âgées vivant dans de petits appartements, qui passent leur journée à boire de l’alcool et à jouer.

Sensible aux personnes en marge de la société nippone, Alessandro di Ciommo a voulu découvrir la réalité du terrain derrière un reportage de la télévision nationale sur la petite ville d’Oizumi. Depuis le début des années 1980, Oizumi a vu l’arrivée de milliers de migrants en provenance du Brésil, appelés par les usines locales. Beaucoup d’entre eux ont en fait la double nationalité (japonaise et brésilienne), de nombreux Japonais ayant migré en Amérique à la recherche d’une vie meilleure après la guerre. A Oizumi, le photographe a constaté une crise économique majeure qui s’abattait sur ces migrants.

A Aokigahara, la forêt des suicides, au pied du Mont Fuji. (Copyright : Nicolas Datiche)

Sanja Matsuri à Asakusa, l'un des plus grand festivals shinto de Tokyo, connu pour la présence de Yakuzas. (Copyright : Nicolas Datiche)

Une Japonaise traverse la rue en face de la Diète à Tokyo, lors d’une manifestation contre la modification de l’article 9 de la Constitution, garantissant le pacifisme du pays. (Copyright : Nicolas Datiche)

Cérémonie d'accueil pour les nouveaux employés de Japan Airlines (JAL). (Copyright : Nicolas Datiche)

Un Japonais dans un fauteuil teste un casque de réalité virtuelle à Tokyo. (Copyright : Nicolas Datiche)

 
 
 
 

Nicolas Datiche

Ancien élève de l’Institut National des Langues Orientales à Paris (INALCO), Nicolas Datiche est devenu photographe en 2009. Le déclic : les manifestations contre la loi Pécresse. La même année, il couvre pour une petite agence de presse le sommet de l’ONU sur le climat à Copenhague, la COP15. En 2012, il rejoint l’agence Sipa Press avec qu’il collabore aujourd’hui depuis le Japon, un pays qui s’est imposé à lui comme une évidence. Il goûte à la fois à la liberté de photographier dans la rue ou chez les gens, et aux contraintes des Kisha club – ces clubs de presse qui réservent l’accès à l’information à leurs membres, excluant les petites agences de presse, les journalistes free-lance et les agences étrangères. « De fait, déplore-t-il, l’accès à l’information, à l’événement, est très difficile pour les étrangers, vérouillé par un consensus selon lequel l’information ne devrait être diffusée qu’aux médias nippons. »

A travers ses photoreportages, Nicolas Datiche se met à documenter la vie quotidienne des Japonais : la paisible froideur d’Aokigahara, la forêt des suicides au pied du Mont Fuji, les Yakuza au festival shinto de Sanja Matsuri à Asakusa, les manifestants pacifistes contre les réformes militaires de Shinzo Abe ou encore les nouveaux employés de Japan Airlines.

Tokyo, le 14 mai 2016 : un Yakuza montre fièrement ses tatouages à l’occasion du festival Sanja dans le quartier d’Asakusa. (Copyright : Richard Atrero de Guzman)

Kumamoto, 19 avril 2016 : des jeunes garçons s’amusent dans le bain public mis en place après les séismes des 14 et 16 avril par l’armée d’auto-défense à Mashiki, une ville située dans la préfecture de Kumamoto. (Copyright : Richard Atrero de Guzman)

Nagasaki, le 9 août 2015 : une femme japonaise pleure à la prière lors de la commémoration du 70ème anniversaire de la bombe atomique à Nagasaki, dans le parc de la Paix. (Copyright : Richard Atrero de Guzman)

Kumamoto, le 20 avril 2016 : une maison détruite après le tremblement de terre dans la ville de Mashiki, à Kumamoto. (Copyright : Richard Atrero de Guzman)

Tokyo le 16 septembre 2015 : les manifestants se battent avec la police en face du bâtiment de la Diète pour protester contre le projet de loi mettant fin au pacifisme, un jour avant l’adoption de cette même loi. (Copyright : Richard Atrero de Guzman)

 
 
 
 

Richard Atrero de Guzman

Basé à Tokyo depuis 2008, « Bahag » (le nom de photographe de Richard Atrero de Guzman) travaille principalement pour l’agence de presse turque Anadolu et RT Ruptly TV, une agence de presse internationale à Berlin. On retrouve dans ses photographies des thèmes communs à ses confrères du collectif Japan Street Lens : des dos tatoués des Yakuza au festival shinto de Sanya Matsuri au recueillement sur les lieux de la bombe atomique – il a photographié le parc de la paix à Nagasaki pour le 70ème anniversaire du bombardement américain. Mais Bahag travaille en particulier le mouvement lorsqu’il photographie les grands événements. Ce sont les jeunes garçons qui s’éclaboussent dans les bains publics mis à disposition de la population sinistrée après les séismes de Kumamoto les 14 et 16 avril, de 6.5 et 7.3 sur l’échelle de Richter, qui ont fait 49 morts directes et 11 000 évacués. Ce sont aussi les jeunes manifestants qui se heurtent aux forces de l’ordre lors de manifestations contre la réforme de la Constitution pacifiste par Shinzo Abe.

Un prêtre japonais dans une église de Hamamatsu, fréquentée par la communauté de travailleurs immigrés brésiliens et péruviens, la plupart d'origine japonaise. Nombre d'entre eux ont été sèchement licenciés lors de la crise financière mondiale en 2008 suite à la chute de Lehman Brothers. (Copyright : Damon Coulter)

Lors d'un festival culturel sur le thème de l'ère Edo, des acteurs déguisés en ninja viennent divertir les voyageurs de l'aéroport international de Haneda. (Copyright : Damon Coulter)

Devant une maquette du projet de réaménagement prévu pour Shibuya, quartier central de Tokyo. (Copyright : Damon Coulter)

Un ouvrier met en place des filets autour des chantiers pour renforcer la côte détruite par le tsunami de 2011 près de Sendai à Miyagi, en mars 2016. (Copyright : Damon Coulter)

Un moine bouddhiste joue du tambour et chante pour la paix en signe de protestation contre la réforme de l'article 9 de la Constitution, qui interdit l'armée japonaise d'entreprendre toute action offensive. (Copyright : Damon Coulter)

 
 
 
 

Damon Coulter

Orginaire de Kent au Royaume-Uni, Damon Coulter vis en Asie depuis 2000 et au Japon depuis 2002. Il a publié ses photos dans The Times, The Independent, The Guardian et The Telegraph, The Los Angeles Times ou The Japan Times. Il vivait et travaillait en Thaïlande lorsqu’il a rencontré une femme japonaise, qu’il a épousée et avec qui il est venu à Tokyo. « Le Japon est un endroit idéal à photographier, en particulier lors des matsuri [festivals traditionnels, NDLR]. » Damon Coulter s’intéresse également à la politique et aux enjeux du pays. « Le Japon est souvent vu comme politiquement apathique, mais cela n’a pas toujours été le cas et les extrêmes des ailes gauche et droite restent intéressants à documenter, note le photographe anglais. La police et le gouvernement commencent à faire face à la montée des contestations populaires, plus vives qu’à l’habitude, en particulier depuis les catastrophes de Fukushima. C’est ainsi que les photographes et les journalistes ont été la cible de la loi sur le secret. La police s’est aussi un peu durcie lors des manifestations, il me semble. »

La contestation populaire si particulière au Japon, Damon Coulter l’a saisie par exemple lors des manifestations pacifistes contre la réforme de la Constitution voulue par le Premier ministre Shinzo Abe, pour pouvoir intervenir militairement hors du Japon pour soutenir des pays alliés. A l’image de ce moine bouddhiste qui proteste en jouant du tambour et en chantant pour la paix. « Les manifestations sont intéressantes à photographier et sont très parlantes sur la maturité politique croissante dans le pays, souligne Damon Coulter. Si les manifestations contre la révision de l’article 9 ou contre l’énergie nucléaire ont été très importantes, à mon avis, l’image de ce moine solitaire montre qu’elles sont néanmoins trop policées. »

Très sensible au caractère trop « policé » de la société japonaise, le photographe anglais a travaillé sur l’embourgeoisement des quartiers de Tokyo. « La ville est un espace qui se réinvente toujours, mais les petits quartiers qui s’embourgeoisent perdent de leur caractère originel et de leur charme, déplore-t-il. Le sujet est plus complexe qu’il n’y paraît : le Japon vieillit et beaucoup de vieux quartiers se vident lorsque les gens prennent leur retraite et s’éloignent. Les familles plus jeunes cherchent des villes nouvelles avec des grandes enseignes et des parcs pour enfants. J’ai pris cette photo de personnes regardant une maquette du projet de réaménagement prévu pour Shibuya. »

Damon Coulter aime illustrer une problématique sociale par une image religieuse. D’où cette photographie d’un prêtre japonais dans une église de Hamamatsu. « Nous nous sommes rendus dans cette ville juste après le choc Lehman Brothers parce que nous avions entendu que de nombreux travailleurs immigrés brésiliens et péruviens, la plupart d’origine japonaise, avaient été brutalement licenciés, » raconte le photographe. Ce manque de compassion envers les pauvres et les étrangers avait quelque chose de choquant. Lorsque ces travailleurs sont rentrés chez eux, ils ont trouvé leurs affaires étalées dans la rue et la serrure de leur porte avait été changée. Ces migrants éprouvaient beaucoup de colère, eux qui ont tendance à avoir un fort sentiment d’appartenance à l’identité japonaise, jusqu’à ce qu’ils viennent au Japon où on leur a fait fortement sentir qu’ils n’étaient pas assez japonais. En réaction, beaucoup ont haï le pays et ont activement développé la partie sud-américaine de leur culture, comme leur attachement à l’Église catholique et au Carnaval. En effet, l’Eglise catholique dans laquelle je me suis rendue aide de nombreux pauvres et sans-abri dans la ville. »
Retrouvez les photos de Japan Street Lens sur le site web du collectif et son compte instagram.

Dossier : Agnès Redon

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A propos de l'auteur
Journaliste résidant à Tokyo, Agnès Redon a effectué la plus grande partie de son parcours professionnel au Japon. D’abord reporter de terrain en presse magazine à Paris, au Liban et au Japon, elle se tourne ensuite vers la presse spécialisée (actualité sociale en France, politiques de l’emploi et formation) et travaille à temps plein pour l’agence de presse AEF (Agence emploi éducation formation) en 2012. Depuis début 2013, elle s’installe plus durablement à Tokyo et devient correspondante pour Asalyst, Japon Infos et une émission de Radio Canada ("Les samedis du monde"). Elle collabore ponctuellement avec TV5 Monde, Madame Figaro, Grazia, Néon, Le Parisien magazine et Géo. Elle est également l’auteur d’un livre recueillant les témoignages des survivants du massacre du 28 février 1947 à Taïwan, intitulé Témoignages du silence.