Revue de presse Asie - 22 juin 2016

Missiles nord-coréens, Aung San Suu Kyi en Thaïlande et modération chinoise sur l'Inde

Après quatre échecs, la Corée du Nord a-t-elle enfin réussi ce matin le lancement d'un missile Musudan ? Copie d'écran de BBC, le 22 juin 2016.
Après quatre échecs, la Corée du Nord a-t-elle enfin réussi ce matin le lancement d'un missile Musudan ? Copie d'écran de BBC, le 22 juin 2016.

Asie du Nord-Est

Korea Times – La Corée du Nord persiste et signe. Après une série de quatre échecs, dont le premier remonte au 15 avril, Pyongyang a de nouveau tenté de lancer ce mercredi 22 juin au matin deux missiles Musudan de moyenne portée, d’après le chef de l’Etat-major sud-coréen. Le premier lancement, à 5h58 heure locale, s’est de nouveau soldé par un échec. Le quotidien sud-coréen The Korea Times ne saurait en revanche se prononcer sur le second, effectué deux heures plus tard : « Il n’a pas été possible de déterminer immédiatement s’il s’est agi d’un succès ou d’un échec ». D’après la BBC, il aurait réanmoins parcouru une distance de 400 km et atteint une altitude de 1000 km. Voilà de quoi discréditer les appels au dialogue lancés à la Corée du Sud par Kim Jong-un depuis la tenue du congrès du parti unique nord-coréen le mois dernier. Obstiné à développer son programme nucléaire et de missiles, le régime de Pyongyang fait déjà l’objet de sévères sanctions internationales depuis le début de l’année.
South China Morning Post – L’étau de la censure continue de se resserrer en Chine. Nouvelle cible des autorités : les commentaires des internautes sur les sites d’information et les réseaux sociaux, dont certains « perturbent la diffusion de l’information » et « nuient à un environnement sain pour l’opinion publique ». Le vice-directeur de l’Administration chinoise du Cyberespace, Ren Xianliang, a appelé les sites concernés à supprimer les commentaires « chaotiques » qui ne respecteraient pas les « 9 non et 7 lignes rouges » – parmi lesquelles la « mise en péril de la sécurité nationale », la « remise en cause du socialisme » et « l’incitation à la haine raciale ». Pour ce faire, il a demandé à ce que les internautes puissent signaler plus facilement les messages incriminés et que les sites web lancent une « campagne pour inciter à la publication de commentaires rationnels et positifs ». Et cela alors même que les autorités chinoises posteraient déjà chaque année 488 millions de faux commentaires favorables au gouvernement, d’après une étude menée par l’université d’Harvard.
Taipei Times – Phnom Penh rétropédale. Les autorités cambodgiennes renoncent temporairement à extrader 17 Taïwanais soupçonnés de fraude téléphonique vers la Chine continentale, contrairement aux propos tenus il y a quelques jours. Le Taipei Times n’explique pas ce changement de décision, alors même que le Cambodge applique normalement la « politique d’une seule Chine » au profit de la République populaire, selon laquelle Taïwan fait partie de la Chine dont la capitale est Pékin. Si les officiels taïwanais n’ont pas encore eu l’occasion d’entrer en contact avec leurs concitoyens retenus au Cambodge, certains hommes d’affaires expatriés, orginaires de l’île, ont déjà pu les voir, informe le quotidien. Le gouvernement de Taipei espère que Phnom Penh campera sur ses positions et que les 17 Taïwanais seront finalement renvoyés du « bon côté » du détroit de Taïwan. Les autorités continentales ne se sont pas exprimées sur ce changement de situation.

Asie du Sud-Est

Titre – Demain jeudi 23 juin, Aung San Suu Kyi est attendue en Thaïlande pour une visite de trois jours. Au programme des discussions, les travailleurs birmans immigrés sur le sol thaïlandais et le protocole de passage à la frontière. Deux dossiers qui devraient aboutir à des accords bilatéraux.
« Les discussions porteront principalement sur des sujets d’intérêt mutuel – en particulier la coopération dans le domaine du travail ainsi que la connectivité et la coopération dans le domaine du développement », a résumé le ministre thaïlandais des Affaires étrangères ce lundi 20 juin, selon des propos rapportés par le Myanmar Times.

Au cours de sa visite, la Conseillère d’Etat et prix Nobel de la paix devrait également rencontrer des travailleurs immigrés à Mahachai et rencontrer des réfugiés birmans, parqués dans des camps le long de la frontière entre les deux pays.

Les associations qui défendent les droits de l’homme en Thaïlande se réjouissent de la venue de Aung San Suu Kyi. « Tout accord conclu sera un bénéfice pour ceux qui travaillent sur le terrain », rapporte le Myanmar Times. Pourtant, « il ne faut pas trop attendre de la visite de la Lady », tempère Achara Ashayagachat, dans un autre article du Myanmar Times. La situation politique en Birmanie et en Thaïlande reste incertaine. L’éditorialiste relève par ailleurs qu’à présent, Aung San Suu Kyi n’est plus une « icône de la paix » mais une femme politique à part entière.

Une position que ne partage pas Eva Kusuma Sundari dans le Bangkok Post. Pour la députée thaïlandaise, « Madame Suu Kyi peut parfaitement représenter les intérêts des Birmans qui l’ont élue tout en défendant les droits de l’homme dans toute l’Asie du Sud-Est. C’est non seulement faisable, mais également l’opportunité pour la Birmanie de renforcer sa position dans la région. » Et la députée thaïlandaise de souligner l’ironie de la rencontre. Aung San Suu Kyi, qui a vécu 15 ans en résidence surveillée, a combattu pendant des décennies la junte militaire. Demain jeudi 23 juin, dans son nouvel habit de ministre des Affaires étrangères, « la Lady et les généraux actuellement à la tête de la Thaïlande s’échangeront des poignées de main, des plaisanteries et poseront pour les photographes ».

The Jakarta Globe – Le gouvernement indonésien est prêt à rapatrier 44 demandeurs d’asile sri-lankais – dont une femme enceinte et 9 enfants chez eux. Partis en mer pour rejoindre l’Australie, les mauvaises conditions météorologiques et le mauvais état de leur embarcation ne leur permettent pas de continuer leur voyage, rapporte le Jakarta Globe. « Pour le bien de l’humanité, les demandeurs d’asile seront déplacés dans un abri adéquat et devraient être rapatriés par voie aérienne », a annoncé Zaini Abdullah, mardi 21 juin. Samedi 18 juin, le gouverneur de la province d’Aceh avait autorisé les 44 Sri-lankais, échoués depuis une semaine sur une plage, à débarquer en Indonésie. Les demandeurs d’asile, issus de la minorité tamoule, ont quitté le Sri Lanka le mois dernier pour fuir les discriminations répétées dont ils étaient victimes.

Selon le Jakarta Globe, pour le moment, la province d’Aceh attend que le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés détermine le statut des 44 demandeurs d’asile. Toujours d’après le Jakarta Globe, il y aurait actuellement plus de 13 000 réfugiés et demandeurs d’asile en Indonésie parqués dans des camps de détention surpeuplés.

The Straits Times – Nouvelle déception dans l’enquête sur la disparition du vol Malaysia Airlines MH370. Un débris échoué sur une île reculée au sud de l’Australie a été identifié comme ne pouvant pas provenir du Boeing 777 qui devait relier Kuala Lumpur à Pékin. « Les informations reçues par le fabriquant indiquent que le débris ne correspond pas aux spécifications matérielles d’un appareil commercial Boeing », a déclaré l’office australien en charge de la sécurité dans les transports (Australian Transport Safety Bureau – ATSB), qui a conduit l’enquête.

La disparition du vol MH370 le 8 mars 2014 demeure un mystère. Selon le Straits Times, depuis le début des recherches, 105 000 km carrés sur les 120 000 de la zone de recherche ont été passés au peigne fin. Sans aucun succès. Si rien n’est retrouvé sur cette zone, les recherches seront abandonnées. Initialement prévue pour le mois d’août, les mauvaises conditions météorologiques pourraient repousser la fin des recherches au mois d’octobre, rapporte le Straits Times dans un autre article.

Les représentants de l’Australie, la Malaisie et la Chine – pays d’où provenait la majorité des passagers – se sont rencontrés en début de semaine pour évoquer l’affaire. Mais aucune annonce n’a suivi la rencontre, au grand dam de l’association de soutien aux familles des victimes, Voice 370, qui milite pour que les recherches se poursuivent.

Asie du Sud

The Indian Express – La Chine infléchit sa position. Pékin se dit prêt à « laisser la porte ouverte » à une entrée de l’Inde au groupe des fournisseurs nucléaires (NSG), actuellement réuni à Séoul. L’Inde fait le forcing auprès de sept puissances majeures – les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Russie, le Canada et le Japon – pour plaider sa cause, indique The Indian Express ce mercredi 22 juin.

Jusqu’ici la Chine s’est toujours opposée à une adhésion indienne. Pékin affirme qu’un pays qui n’a pas signé le traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ne peut intégrer le NSG. Mais Washington a officiellement apporté son soutien à l’Inde, mardi 21 juin. Un soutien qui ne date pas d’hier, précise The Indian Express : « Les espoirs de New Delhi sont confirmés par l’appui continue des Etats-Unis depuis 2010. » Un soutien sans faille qui pousse l’Inde à se dire que « c’est maintenant ou jamais » pour une adhésion au NSG.

Les Etats membres du NSG discutent actuellement sur la candidature des Etats non signataires du TNP, indique de son côté The Dawn. Si l’Inde n’a pas ratifié le traité, son voisin pakistanais ne l’a pas signé non plus. Le Pakistan « soutient l’évolution des critères qui peuvent être appliqués universellement », rapporte The Dawn. Sous-entendu, appliqués à l’Inde mais aussi au Pakistan. Islamabad craint surtout qu’une adhésion indienne ne « compromette fortement » ses chances futures d’intégrer le NSG.

Times of India
« L’Inde a fait un grand pas dans la technologie spatiale ». The Times of India se réjouit des 20 satellites lancés avec succès par l’Organisation de recherche spatiale indienne (ISRO). Ce qui constitue un nouveau record pour le pays. Parmi les 20 satellites, 17 étaient étrangers, notamment canadien, indonésien et allemand. L’opération s’est déroulée depuis le Centre spatial de Satish Dhawan.

Le prochain objectif de l’ISRO est de « lancer des satellites dans différentes orbites en n’utilisant qu’une seule fusée ». L’Inde avait établi un record mondial en 2008 avec 10 satellites lancés dans l’espace. Record battu depuis pas la Russie qui en a lancé 33 en 2014. L’ISRO a commencé ces lancements de satellite en 1999, rappelle le journal indien.

Dawn – Passe d’arme entre deux hauts diplomates pakistanais. Sartaj Aziz, conseiller du Premier ministre aux Affaires étrangères a accusé Hussain Haqqani, sans le nommer, de « faire du lobbying » contre le Pakistan, rapporte The Dawn. L’ancien ambassadeur pakistanais aux Etats-Unis n’a pas tardé à se défendre : « Je suis désormais un lettré, pas un lobbyiste. […] Le gouvernement devrait assumer la responsabilité des erreurs politiques au lieu de chercher des boucs émissaires pour détourner l’attention des critiques faites dans le pays. » L’ancien diplomate avait tancé le Pakistan pour les « années passées à soutenir les djihadistes » avant de critiquer la dépendance pakistanaise à l’aide américaine. « Je n’ai pas créer le réseau AQ Khan [père de l’arme atomique pakistanaise et trafiquant international de matériel nucléaire] ou soutenu les Talibans qui ont tué des soldats américains en Afghanistan. Donc ce n’est pas la peine de me tenir pour responsable de ces erreurs », avait aussi affirmé Hussain Haqqani.
The Times of Islamabad – Le diplomate indien a été expulsé d’Afghanistan. Le brigadier S.K Narain est suspecté d’avoir violé une jeune fille afghane, rapporte The Times of Islamabad. Aucune charge n’a été retenue contre l’attaché militaire. Le journbal pakistanais énumère également plusieurs actes de viols commis par des soldats indiens, ce qui pousse le quotidien à déclarer lapidairement que « New Delhi est connue pour être la capitale mondiale du viol ».
Par Joris Zylberman, Alexandre Gandil, Liu Zhifan et Jeremy Masse, avec Hubert Kilian à Taipei et Sylvie Lasserre Yousafzai à Islamabad

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
[asl-front-abonnez-vous]
[asl-front-abonnez-vous]