Taïwan : un jeune infirmier qui préfère vivre sous un ciel étoilé
A l’âge de 16 ans, Eddie quitte le village pour Taitung, le chef-lieu du district, où il est interne au lycée. Il s’inscrit ensuite à l’université à Kaohsiung, dans une filière commerciale. « Après deux années d’études de commerce, j’ai décidé de changer d’orientation, raconte-t-il. Mon camarade de chambrée était élève infirmier et cela m’a donné envie d’apprendre ce métier. Mais cela a été très difficile et stressant car j’ai dû assimiler en deux ans ce que les autres élèves apprennent en quatre ans. Et puis, j’ai été très déçu par mes stages infirmiers. Dans les services des hôpitaux, on est très dur avec les stagiaires et la pression est intense. «
Découragé, Eddie relâche son attention pendant les derniers moins d’études. Quelques semaines de révisions intensives avant l’examen final lui permettent toutefois de décrocher son diplôme. « Je suis chrétien et je prie donc toujours Dieu pour qu’il me donne la force », dit-il. Son diplôme en poche, il s’accorde quelques semaines de vacances en Europe avant de prendre son premier poste à Hsinchu, ville industrielle du nord-ouest de Taïwan, dans l’antenne locale d’un grand hôpital de la capitale. Le salaire est bon et la famille d’Eddie compte sur lui pour rembourser des dettes qu’elle a contractées.
contexte
Selon l’Union nationale des associations infirmières de Taïwan, seuls 61% des infirmiers et infirmières diplômés exercent cette profession, une désaffection qui s’explique avant tout par la modestie des salaires au regard des heures travaillées et par la charge de travail jugée trop importante.
Le salaire de départ d’un infirmier dépasse 40 000 TWD par mois (soit beaucoup plus que le salaire d’embauche moyen d’un jeune diplômé, inférieur à 30 000 TWD) mais de nombreuses heures supplémentaires restent impayées. Cette situation conduit à des pénuries de personnel infirmier dans 75% des hôpitaux taïwanais, selon les chiffres du ministère taïwanais de la Santé et des Affaires sociales.
A Taitung, Eddie continue de fréquenter la paroisse locale et a aussi formé un groupe de musique avec des amis. Il s’est d’ailleurs récemment produit au village musical Tiehua – un lieu de concerts en plein air dont la renommée s’étend jusqu’à Taïpei. Mais par-dessus tout, il aime se promener dans la montagne ou s’asseoir seul près d’un feu sur la plage, face au Pacifique, la tête sous les étoiles.
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