Une clown taïwanaise à Avignon
C’est l’histoire d’un souvenir : à l’âge de 13 ou 14 ans, tous les jours, je faisais la toilette de ma grand-mère, diabétique et amputée des deux jambes, qui logeait avec mes parents et moi. Pour jouer cette scène de la toilette, j’ai pris l’aspect d’un clown. Le clown est naïf, curieux, bête comme un enfant. On rit car quelque chose de très humain nous relie au clown. Il apportait une légèreté à cette scène et c’était pour moi une façon de me soulager de ce souvenir où coexistaient de la tristesse et de la peur — peur aussi d’être comme cela quand je serai vieille. Cette scène de la toilette ne figure pas dans le spectacle Mamma Luna créé en juin 2015 à Taipei mais elle en a été le point de départ… et le sentiment est le même.
Les textes pèsent sur l’acteur qui doit puiser en lui les émotions pour jouer la psychologie d’un personnage. La « méthode Lecoq » permet elle aussi d’exprimer des émotions mais à travers les éléments de la nature. Il s’agit d’être « en colère comme l’orage » ou « sûre comme la terre ». On apprend à se connaître par l’intermédiaire de la nature. Ce n’est pas seulement une méthode de jeu mais aussi une sorte de philosophie. Et en plus, on développe les possibilités d’expression du corps. Or, dans la vie, on réagit toujours avec notre corps.
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