"Les Chinois ne peuvent pas encore s’offrir le luxe de l’amour"
Pas de temps mort au cours de ces 304 pages qui se lisent comme un véritable page turner, réservant à chaque chapitre de nouvelles surprises et découvertes. Car, comme l’écrit l’auteur à propos de la courtisane Mei : « Derrière le paravent chinois de bois ouvragé et de pierres précieuses, se cachent des réalités inavouables au monde extérieur. Probablement plus qu’ailleurs, on ne peut appréhender la Chine dans son ensemble si on ne passe pas de l’autre côté du miroir. Résoudre l’énigme chinoise impose de se plonger dans les profondeurs de l’être chinois : l’esprit ouvert. Patient. Respectueux. » Mission accomplie. Après la lecture de ce livre, vous ne porterez plus le même regard sur les Chinois.
Contexte
Dorian Malovic est grand reporter, chef du service Asie pour le quotidien La Croix. Journaliste sinophone, spécialiste du monde chinois, il a longtemps été correspondant de presse à Hong Kong. Depuis plus de trente ans, il parcourt inlassablement la Chine des fins fonds brûlants du Xinjiang aux tours de verre et de marbre de Shanghai, des profondeurs humides du Sichuan aux provinces septentrionales glacées de Mandchourie. Villages, villes ou campagnes, rien n’échappe au regard critique et bienveillant qu’il porte sur la société chinoise.
Il a déjà publié plusieurs enquêtes inédites sur le monde chinois : entre autres, Hong Kong, un destin chinois (Bayard, 1997), Le Pape Jaune (Perrin 2006, Prix spécial des écrivains catholiques 2007), ou La Chine sur le divan (Plon 2008), livre d’entretiens avec le psychanalyste Huo Datong.
Dès la semaine prochaine, et pendant trois semaines, retrouvez-le sur Asialyst pour trois nouveaux volets de son enquête sur la société chinoise:
Aujourd’hui, la société a changé : les gens sortent, vont en boîte, au restaurant, ont des voitures. J’ai souvent assisté à des dîners familiaux, avec les grands-parents, les enfants, les parents, les petits-enfants, les cousins… Je regardais, fasciné, cette image idyllique de la famille chinoise, au cœur du système, au cœur de la société ! Je me suis tout simplement demandé : comment pénétrer cette intimité ? Et petit à petit, les portes se sont ouvertes. J’ai pu aller chez les gens, entrer dans ces coulisses des réunions familiales, assister à la préparation des repas.

L’argent est primordial dans la quête de l’autre et devient un poison une fois que vous êtes dans une relation conjugale. J’ai rencontré de nombreuses femmes divorcées avec un enfant sur les bras car, une fois que leur mari s’était enrichi dans son business, il a commencé à avoir une maîtresse, puis deux maîtresses, puis une concubine et des courtisanes. Les femmes apprennent très tôt, ont dans leur ADN, la certitude qu’elles seront trompées par leur mari. Quoi qu’il arrive. C’est une règle de vie et le résultat de l’extraordinaire développement de la société chinoise de ces trente dernières années.
La catastrophe majeure pour ceux que je qualifierais de « damnés du mariage » est l’impossibilité d’avoir un enfant. Pour des parents chinois qui ont un enfant unique gay, c’est une malédiction. Ils ne peuvent pas devenir grands-parents. Mais comme toujours dans la société chinoise, il y a une solution, une stratégie de contournement, illégale le plus souvent. Il faut sauver la face : ainsi un gay va louer les services d’une copine qu’il présentera à ses parents lors du Nouvel an. Il se mariera avec une femme en ne lui dévoilant jamais son homosexualité, ce qui provoquera bien sûr des difficultés dans son couple. Sinon, pour ceux qui veulent avoir des enfants, il existe tout un réseau qui propose à prix d’or des mères porteuses.
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