Mascottes japonaises : le pouvoir des ambassadeurs poilus
Contexte
Le concept de yurukyara a été inventé par l’illustrateur japonais Jun Miura au début des années 2000. Si le phénomène s’est développé à partir de 2003, le premier personnage célèbre, le chat casqué Hikonyan, est apparu en 2007 dans le cadre de la commémoration du 400e anniversaire de la construction du château de Hikone, au centre du Japon. D’autres ont suivi, tels l’ours noir Kumamon en 2011, symbole du département de Kumamoto dans le sud-ouest du pays, et la poire jaune Funasshî en 2012, mascotte non officielle de la ville de Funabashi dans les environs de Tokyo.
Kumamon, mascotte officielle de Kumamoto
Sur le plan économique, Kumamon est plus rentable que ses compères. La raison : contrairement aux autres yurukyara, le droit d’utiliser son image, accordé par le département de Kumamoto, est gratuit. Pour l’obtenir, il suffit de faire une demande au département. Il faut aussi que les produits dérivés concernent la région. Résultat : « les grands magasins qui vendent les produits dérivés, comme Tokyu Hands, organisent également des événements avec la présence de Kumamon », indique Yasuko Koshikawa. Selon la Banque du Japon, les retombées économiques pour la préfecture de Kumamoto, de novembre 2011 à octobre 2013, ont atteint 124 milliards de yens (environ 900 millions d’euros).
Le personnage a étendu sa popularité à l’ensemble du département, si bien que certains produits sont aujourd’hui difficilement accessibles. Pour obtenir une petite figurine Kumamon en cendres volcaniques, par exemple, il n’y a pas d’autres solutions que de se rendre à la station de télécabines menant au cratère du volcan Aso (1 592 m). Sur le chemin, dans le train à moteur diesel pour la ville d’Aso, le voyageur peut déguster un panier-repas vendu en gare, à l’effigie de… la mascotte départementale bien sûr.
« Jus de poire, pwaaah ! » : le phénomène Funasshî
« Avant Funasshî, aucun yurukyara ne prononçait quelque chose comme : nashijiru busshaa ! (jus de poire pwaah !) »
De l’utilité des yurukyara
Au vu des coûts engendrés pour leur entretien et pour l’organisation des manifestations, le jeu en vaut-il la chandelle ? Selon Yasuko Koshikawa : « les collectivités locales qui ont commencé avant les autres deviennent plus connues et parviennent à faire la différence ». C’est le cas de Kumamon ou d’Hikonyan, qui représentent bien leur région, en l’occurrence le département de Kumamoto pour le premier et la ville de Hikone pour le second. « Mais récemment, les yurukyara sont devenus trop nombreux pour une même collectivité et ce lien évident est difficile à saisir pour les personnes non originaires de la région en question », confie cette enseignante à la faculté de management de l’université Mejiro.
En 2015, par exemple, plus d’une dizaine de yurukyara représentaient le département de Kanagawa, au sud de Tokyo. De quoi s’emmêler les peluches…
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