Japon : contempler les abricotiers en fleur
Contexte
L’histoire de la contemplation des abricotiers commence au début du VIIIe siècle dans l’Archipel. « À l’époque de Nara, lorsque l’échange culturel avec la dynastie Tang était florissante et que le bouddhisme comme la culture chinoise étaient introduits au Japon, la floraison des abricotiers devint favorisée au sein de la classe dirigeante », écrit le photographe Katsuhiko Mizuno, co-auteur de l’album Sakura: The Japanese Soul Flower. Au point que le mot « fleur » désignait alors la fleur d’abricotier et que des branchettes d’ume ornaient la coiffure des femmes et les chapeaux des hommes. Après ce siècle de gloire, c’est à partir de l’époque de Heian (794-1185) que les cerisiers en fleurs prirent de plus en plus d’importance, leur beauté en faisant aujourd’hui un des symboles du Japon.
Un parfum à chasser les démons
En raison du parfum qu’elles dégagent, on disait que ces fleurs étaient chargées d’une force mystérieuse capable de chasser les démons. Pour s’en imprégner, rien ne vaut une visite au château de Yamatokôriyama, dans le département de Nara. De début février à mi-mars, 120 bonsaïs y sont exposés, exhalant leur arôme sucré. Dorlotés pendant des décennies par des amateurs de la ville, certains spécimens ont plus de 100 ans : la recette nippone de la longévité s’adapte bien aux petits végétaux, dans ce pays qui comptait plus de 60 000 centenaires en 2015. À la sortie, un stand propose même de repartir avec un jeune bonsaï, moyennant un millier de yens (7 ou 8 euros).
Le sanctuaire aux 1 500 abricotiers
Durant plusieurs semaines, les curieux flânent dans son jardin qui ne compte pas loin de 1 500 abricotiers, appartenant à une cinquantaine de variétés. Blancs, roses, rouges… les couleurs des pétales se mêlent, pour le plus grand plaisir des photographes. Biscuits et thé salé y sont proposés durant la période de contemplation, bienvenus en cas de journée froide.
Cette année, la floraison des variétés précoces est en avance dans ce sanctuaire des ume, qui a ouvert ses portes deux semaines plus tôt qu’à l’accoutumée. « L’attente du retour du printemps se fait sentir et ça fait du bien », confiait un sexagénaire au micro de la NHK le 23 janvier dernier. « Plus les températures vont grimper, à partir de maintenant, plus les abricotiers vont fleurir et je souhaite que les gens viennent sentir ce retour des beaux jours », indiquait un des prêtres du sanctuaire à la télévision japonaise. D’ici début mars, le jardin devrait être recouvert d’un épais manteau de fleurs parfumées.
Femmes fleurs
Connues pour leur « beauté légendaire », ces femmes continuent d’attirer une foule dans les « quartiers des fleurs » où elles exercent leurs arts. Mais le nombre de maiko, qui commencent leur apprentissage vers 16 ans après une première formation, diminue depuis quelques années, atteignant en 2014 le niveau des années 1980. Quatre ou cinq ans plus tard, elles deviennent geiko et continuent à suivre des cours pour améliorer leur pratique de la danse, du chant et des instruments traditionnels.
Pour varier les plaisirs…
Abricotiers et non pruniers
D’après la nomenclature binominale établie par Linné, les abricotiers (Prunus mume), pruniers (Prunus salicina) ou encore cerisiers (Prunus serrulata) du Japon, appartiennent au même genre (Prunus), qui regroupe environ 200 espèces. Ils ne sont toutefois pas de la même section. Sur le plan évolutif, par ailleurs, les abricotiers du Japon sont plus proches des abricotiers communs (Prunus armeniaca), bien connus en France, que des pruniers. Le nom usuel de l’ume est donc abricotier, et non prunier – dont la floraison, moins spectaculaire, est d’ailleurs plus tardive. Il en va bien sûr de même pour les fruits !
J.-F. H.
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