Migrants en Indonésie : muer l'hospitalité en intégration
L’Indonésie, pays fort d’une culture ancienne d’accueil et d’hospitalité, doit elle aussi aujourd’hui affronter ce défi, même si l’arrivée massive de migrants n’a rien de nouveau pour elle.
On se souvient ainsi de l’île de Galang qui avait servi d’asile temporaire à plus de 120 000 boat people et demandeurs d’asile en provenance du Vietnam et du Cambodge pendant presque vingt ans, dans les années 1970-1990. L’attitude profondément humaine de l’Indonésie à l’époque est restée un véritable symbole dans les mémoires. Et ce, en dépit de la corruption et de la violence endémiques qui régnaient dans les camps. On se souvient aussi de l’élan énorme de solidarité envers la diaspora timoraise, né au lendemain de la fuite vers l’Australie en 1995 sur un simple bateau de pêche de Jose Da Costa et de 18 demandeurs d’asile quittant le Timor oriental. Les groupes de soutien à la diaspora timoraise avaient alors su habilement tirer parti de l’embarras des gouvernements indonésiens et timorais pour faire avancer la cause de la campagne pour l’indépendance.
La vie dans et à l’extérieur des camps est particulièrement sensible et dangereuse pour les enfants en bas âge et les mineurs non accompagnés qui ne bénéficient d’aucune protection appropriée de l’Etat. Même si les communautés ont tenté au cas par cas de s’organiser, en installant, par exemple, des écoles et en mettant sur pied divers projets éducatifs.
Autre problème de taille : le véritable parcours du combattant auquel sont confrontés les réfugiés qui souhaitent épouser un (ou une) Indonésien (ne), la loi n’autorisant pas les mariages mixtes – sauf informels. De telles unions, officieuses mais assez répandues, ne peuvent bien sûr pas représenter une solution puisque leurs enfants non reconnus sont ensuite eux même confrontés à de multiples tracasseries administratives.
Les réfugiés qui n’ont d’autre souhait que de reconstruire une vie normale se heurtent aussi aux contradictions de la politique indonésienne, mises en évidence récemment par le cas des Rohingya. D’un côté, on observe un réel souci humanitaire, partagé d’ailleurs largement par la population, et de l’autre, des considérations sécuritaires exacerbées par les réticences de l’Australie à venir en aide à ses voisins en difficulté. Le vide juridique qui entoure la présence et le traitement des réfugiés rend la situation d’autant plus délicate à gérer et réduit considérablement leurs perspectives de reprendre le cours de leur vie.
Toutes ces interrogations illustrent la complexité de la question de l’asile en Indonésie, tant pour trouver des solutions à long terme, que pour la recherche de solutions pratiques, sur le terrain, répondant aux besoins immédiats et concrets des réfugiés. L’intégration qui ferait de chacun d’entre eux un citoyen à part entière est bien sûr l’une de ces solutions durables, finalement dans la droite ligne de la tradition d’accueil et d’hospitalité de l’Indonésie. Qui à son tour, en prenant la tête de cette politique épineuse pourrait s’imposer comme véritable leader régional.
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