Culture
Années France-Corée

 

Corée : évasion musicale avec Noreum Machi

Le groupe Noreum Machi en pleine représentation.
Le groupe Noreum Machi en pleine représentation. (Crédit : D.R.).
L’année de la Corée en France continue jusqu’au mois d’août prochain. L’occasion de découvrir certaines facettes moins connues de la culture coréenne.
À Toulouse, le festival Made in Asia met la Corée à l’honneur pour sa neuvième édition (5-16 avril 2016). Expositions, ateliers de cuisine, conférences, danse, concerts, de nombreux artistes coréens sont présents dans la ville rose.
Noreum Machi, célèbre groupe de percussions coréennes a fait le déplacement pour plusieurs concerts d’exception.
Kim Juhong est le leader du groupe, passionné par la culture populaire de son pays, ses danses, ses musiques. Il nous en dit plus sur Noreum Machi qui vous emmène pour un voyage au pays du Matin calme. Entretien.
Kim Juhong, que signifie « Noreum Machi » ?
C’est un mot utilisé autrefois pour désigner un artiste d’exception, un musicien itinérant très talentueux qui avait un très bon feeling, un contact spécial avec le public.
C’est l’artiste qui fait passer le plaisir de son public avant tout. Ce terme a certaine résonnance pour nous. Ce contact, cette communion, c’est très important pour notre groupe, c’est notre objectif premier depuis la création du groupe en 1993.
Le groupe Noreum Machi.
Le groupe Noreum Machi. (Crédit : D.R.)
Pouvez-vous en dire plus sur votre groupe ?
Noreum Machi, c’est un groupe composé de plusieurs instruments traditionnels coréens, tant des percussions que des instruments à vent.
Notre travail se base sur la musique traditionnelle populaire.
Je ne vais pas dire que nous la modernisons car le terme est peut-être un peu trop fort, mais disons que nous la mettons au goût du jour.
Tous les membres de Noreum Machi, ont une formation en musique traditionnelle coréenne de niveau universitaire. Nous sommes cinq, dont une femme.

Le samulnori: chamanes et paysans

Le genre musical du samulnori librement et brillamment “revisité” par le groupe sud-coréen Noreum Machi, puise ses racines dans les anciennes cérémonies chamaniques rurales et les danses paysannes,nong-ak, au cours desquelles les villageois tourbillonnaient en faisant virevolter dans les airs un long ruban mobile accroché à leur chapeau.
Cette musique rituelle, interprétée et dansée par des paysans, était destinée à rythmer les grands moments de la vie rurale : récoltes, passage des saisons, arrivée de la jangma la mousson…
Le terme samulnori, mot à mot le jeu/ nori des quatre/ sa choses /mul fait référence aux quatre instruments couramment utilisés et qui chacun représentent un élément du climat : le kkwaenggwari un petit gong au son clair et lumineux pour le tonnerre, le jing un plus grand gong pour le vent, le buk , un tambour rond évoquant la grosse caisse pour les nuages, et enfin, pour la pluie, le janggu, un petit tambour d’origine chinoise en forme de sablier.
Le groupe Noreum Machi en mélangeant les genres, en jouant sur les rythmes et en intégrant le chant et d’autres instruments comme la petite flûte piri ou la gourde utilisée dans les temples bouddhiques, a redonné vie à ce genre musical longtemps considéré comme un peu trop folklorique voire « ringard » par la jeunesse…

Alors, comment remettre au goût du jour, comment créer un « nouveau son » ?
C’est certain que ce n’est pas facile de rendre plus contemporaine la musique traditionnelle de notre pays qui est très particulière.
En fait, nous créons de nouveaux morceaux avec des éléments de musique traditionnelle : on les sélectionne, on les divise puis on les replace à d’autre endroits. C’est cela, la “touche Noreum Machi” !
Après, vous savez, l’essentiel c’est de toucher notre public, de réussir à les faire rentrer dans notre univers musical, même si parfois nous utilisons des sons issus de musique qui était autrefois réservée à l’élite.
C’est aussi un moyen de la rendre plus accessible.
Découvrir le son et la « touche » de Noreum Machi.
Vous êtes aujourd’hui très connus en Corée…
Oui, notre groupe est reconnu en Corée. Notre spectacle est assez populaire et le public coréen prend du plaisir à venir nous voir.
Nous faisons entre 60 et 70 réprésentations par an en Corée.
À l’étranger aussi, tout se passe bien. Nous avons récemment fait une tournée en Amérique du Sud et aux États-Unis. C’était une expérience très particulière pour nous.
En quoi cette tournée a-t-elle été si extraordinaire ?
Tout simplement parce qu’en Amérique du Sud, l’ambiance était incroyable ! Le public a tout de suite compris ce que nous voulions faire, tout le monde applaudissait en rythme, chantait avec nous… C’était explosif ! Dingue !
En Europe, c’était un peu différent. Le public a besoin d’un temps d’observation avant de réellement rentrer dans le show, il y a comme un moment d’hésitation, mais ensuite, tout va bien et c’est un véritable plaisir.
Parfois, je suis assez surpris des réactions des gens. Je me souviens de notre concert en Norvège, où l’ambiance était très calme, presque distante, je pense qu’ils ont préféré les artistes avec des instruments à cordes qui étaient aussi présents lors de ce festival, plutôt que les percussions.
C’est l’année croisée entre la France et la Corée. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est vraiment important pour nous de partager notre culture ici en France, pays que nous les Coréens nous apprécions beaucoup. La culture française est vraiment très riche, nous sommes ravis de la découvrir chez nous, et très heureux inversement de pouvoir partager notre culture coréenne ici, en France.
Nous avons fait des concerts à Paris, Montpellier ou encore à Arles et à chaque fois tout se passe bien. À chaque concert, je suis vraiment ému par cette atmosphère d’échange, de partage qui se met en place et qui est propre à la France. J’aimerais que l’année France-Corée se prolonge encore plus longtemps pour que nous puissons continuer à développer l’amitié entre nos deux pays.

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A propos de l'auteur
Audrey Ronfaut est journaliste radio free-lance notamment passionnée par l'Asie et tout particulièrement par le Japon. Elle a travaillé pour plusieurs rédactions en France (Ex AFP audio,Toulouse FM, Groupe Sporever etc). En 2014, elle a effectué le reportage "Osaka Kitchen" sur la cuisine japonaise publié sur Asialyst. Elle se rend tous les ans sur l'archipel depuis 2013 et aussi en Asie du sud-est.
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