Corée : évasion musicale avec Noreum Machi
À Toulouse, le festival Made in Asia met la Corée à l’honneur pour sa neuvième édition (5-16 avril 2016). Expositions, ateliers de cuisine, conférences, danse, concerts, de nombreux artistes coréens sont présents dans la ville rose.
Noreum Machi, célèbre groupe de percussions coréennes a fait le déplacement pour plusieurs concerts d’exception.
C’est l’artiste qui fait passer le plaisir de son public avant tout. Ce terme a certaine résonnance pour nous. Ce contact, cette communion, c’est très important pour notre groupe, c’est notre objectif premier depuis la création du groupe en 1993.
Notre travail se base sur la musique traditionnelle populaire.
Je ne vais pas dire que nous la modernisons car le terme est peut-être un peu trop fort, mais disons que nous la mettons au goût du jour.
Tous les membres de Noreum Machi, ont une formation en musique traditionnelle coréenne de niveau universitaire. Nous sommes cinq, dont une femme.
Le samulnori: chamanes et paysans
Le genre musical du samulnori librement et brillamment “revisité” par le groupe sud-coréen Noreum Machi, puise ses racines dans les anciennes cérémonies chamaniques rurales et les danses paysannes,nong-ak, au cours desquelles les villageois tourbillonnaient en faisant virevolter dans les airs un long ruban mobile accroché à leur chapeau.
Cette musique rituelle, interprétée et dansée par des paysans, était destinée à rythmer les grands moments de la vie rurale : récoltes, passage des saisons, arrivée de la jangma la mousson…
Le terme samulnori, mot à mot le jeu/ nori des quatre/ sa choses /mul fait référence aux quatre instruments couramment utilisés et qui chacun représentent un élément du climat : le kkwaenggwari un petit gong au son clair et lumineux pour le tonnerre, le jing un plus grand gong pour le vent, le buk , un tambour rond évoquant la grosse caisse pour les nuages, et enfin, pour la pluie, le janggu, un petit tambour d’origine chinoise en forme de sablier.
Le groupe Noreum Machi en mélangeant les genres, en jouant sur les rythmes et en intégrant le chant et d’autres instruments comme la petite flûte piri ou la gourde utilisée dans les temples bouddhiques, a redonné vie à ce genre musical longtemps considéré comme un peu trop folklorique voire « ringard » par la jeunesse…
En fait, nous créons de nouveaux morceaux avec des éléments de musique traditionnelle : on les sélectionne, on les divise puis on les replace à d’autre endroits. C’est cela, la “touche Noreum Machi” !
Après, vous savez, l’essentiel c’est de toucher notre public, de réussir à les faire rentrer dans notre univers musical, même si parfois nous utilisons des sons issus de musique qui était autrefois réservée à l’élite.
C’est aussi un moyen de la rendre plus accessible.
Nous faisons entre 60 et 70 réprésentations par an en Corée.
À l’étranger aussi, tout se passe bien. Nous avons récemment fait une tournée en Amérique du Sud et aux États-Unis. C’était une expérience très particulière pour nous.
En Europe, c’était un peu différent. Le public a besoin d’un temps d’observation avant de réellement rentrer dans le show, il y a comme un moment d’hésitation, mais ensuite, tout va bien et c’est un véritable plaisir.
Parfois, je suis assez surpris des réactions des gens. Je me souviens de notre concert en Norvège, où l’ambiance était très calme, presque distante, je pense qu’ils ont préféré les artistes avec des instruments à cordes qui étaient aussi présents lors de ce festival, plutôt que les percussions.
Nous avons fait des concerts à Paris, Montpellier ou encore à Arles et à chaque fois tout se passe bien. À chaque concert, je suis vraiment ému par cette atmosphère d’échange, de partage qui se met en place et qui est propre à la France. J’aimerais que l’année France-Corée se prolonge encore plus longtemps pour que nous puissons continuer à développer l’amitié entre nos deux pays.
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