Revue de presse Asie - 7 avril 2016

Chine au centre des Panama Papers, rival de Modi en Inde et Premier ministre vietnamien

Panama papers : les sociétés-écran enregistrées par des firmes de Hong Kong et de Chine continentale représentent près d'un tiers de l’activité du cabinet Mossack Fonseca. Copie d'écran du "South China Morning Post", le 7 avril 2016.
Panama papers : les sociétés-écran enregistrées par des firmes de Hong Kong et de Chine continentale représentent près d'un tiers de l’activité du cabinet Mossack Fonseca. Copie d'écran du "South China Morning Post", le 7 avril 2016.

Asie du Nord-Est

South China Morning Post – La proportion est sans équivoque. Les sociétés-écran enregistrées par des firmes de Hong Kong et de Chine continentale représentent 29% de l’activité du cabinet Mossack Fonseca au Panama. C’est le fruit de l’analyse du Consortium international des journalistes d’investigation au vu des 11,5 millions de documents fuités dans les « Panama Papers ». Plus précis encore, il ressort que les parents d’au moins huit membres actuels ou anciens du comité permanent du Politburo du PC chinois, l’organe suprême du pouvoir à Pékin, sont impliqués dans l’utilisation de sociétés offshore. De telles compagnies ne sont pas illégales en soi et peuvent être utilisées pour des besoins légitimes dans les affaires. Mais elles se retrouvent très communément dans les affaires de corruption lorsqu’elles servent de réceptacle secret pour des sommes d’argent mal acquises. La « lutte anti-corruption » lancée par Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir n’a jamais abordé de réformes systémiques comme la déclaration publique du patrimoine des dirigeants. Bien au contraire, les militants des droits de l’homme qui ont réclamé un peu trop fort cette mesure ont été mis au silence.
Mainichi Shimbun – Confusion avant et après l’accident. La carcasse d’un jet des forces nippones d’auto-défense disparu hier mercredi 6 avril, a été retrouvée ce jeudi 7 avril au sommet d’une montagne à Kagoshima, dans le sud-ouest du Japon. L’un des six membres de l’équipage de l’avion de surveillance U-125 est peut-être décédé, selon le bureau de l’armée de l’air japonaise. Plus tôt, le ministère de la Défense avait déclaré que tout l’équipage avait été retrouvé « sans signe de vie ». L’accident serait dû à une erreur de pilotage à l’atterrissage. Les cinq autres membres de l’équipage sont toujours portés disparus.
Titre – Elles seront un test crucial pour la présidente Park Geun-hye avant la présidentielle de 2017. A moins d’une semaine des législatives du 13 avril, ni le parti conservateur au pouvoir ni l’opposition progressiste ne semblent en position de l’emporter, avec plus d’un quart du corps électoral considéré comme des « électeurs flottants ». Ils sont 27% à être « indécis », selon un sondage national publié par Gallup Korea vendredi 1er avril. C’est 6% de plus qu’en décembre et 1% de plus que le mois dernier. Une grande part de l’opinion paraît dégoûtée par les querelles politiques et continue de rester indifférente aux élections qui approchent. Signe de cette réticence électorale des Coréens, le Korea Herald signale 2 000 dépôts de plainte à la police pour tapage sur la voie publique causé par les militants des équipes de campagne.

Asie du Sud-Est

Tuoi Tre News – L’Assemblée nationale vietnamienne a choisi le nouveau chef du gouvernement. Nguyen Xuan Phuc, qui de gouverneur de la province centrale Quang Nam avait atteint la position de vice-premier ministre, a reçu 90,28% de voix en sa faveur lors du vote d’approbation au Parlement. Le choix du Premier ministre marque la fin du processus de sélection pour les trois postes les plus importants de l’administration vietnamienne. La nomination de la présidente de l’Assemblée nationale Nguyen Thi Kim Ngan et du président de la République Tran Dai Quang ont ainsi précédé celle du chef du gouvernement.
ABC News rappelle que sa nomination n’est pas une surprise, Phuc étant le seul candidat à la succession de Nguyen Tan Dung. Dans une allocution télévisée, le nouveau Premier ministre a juré de « défendre fermement l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays » tandis que la Chine tente d’affirmer sa position dans les mers voisines. L’élection de Nguyen Xuan Phuc intervient alors que le pays fait face à une dette publique galopante et à un sérieux déficit budgétaire, l’un des premiers défis à relever pour Phuc. L’économiste et politologue Nguyen Quang A ajoute que l’intégration internationale du Vietnam se poursuivra peu importe qui est au pouvoir car c’est « le seul moyen pour le pays de survivre ».
Myanmar Times – Pour le Myanmar Times, le Laos est parfois perçu comme un pays bizarre et en retard sur ses voisins et dont personne ne se soucie vraiment. Erreur d’appréciation. Le Laos représente un vrai défi pour le nouveau gouvernement birman, car il occupe la présidence de l’ASEAN cette année alors que ses dix membres doivent répondre à des enjeux cruciaux. En tête, le déclin des valeurs démocratiques en Thaïlande, en Malaisie mais aussi au Cambodge, au Vietnam ainsi qu’au Laos. Le problème de la souveraineté en mer de Chine du Sud pèse également sur l’ASEAN. Si le tribunal international de la Haye condamne la Chine, les pays membres devront choisir leur camp entre soutenir le droit international ou plier devant Pékin. Il reviendra alors au Laos de faire en sorte que l’ASEAN ne se divise pas.
C’est là qu’Aung San Suu Kyi intervient. En sa qualité de ministre des Affaires étrangères et de Conseillère d’Etat (qui fait d’elle le Premier ministre de facto), elle pourrait être un soutien-clé pour la présidence laotienne. Personne ne s’attend à ce que la Dame de Rangoun s’engage dans l’imbroglio de la mer de Chine du Sud (ne voulant froisser ni les Etats-Unis ni la Chine) mais sur la question du déclin de la démocratie et des atteintes aux droits de l’homme, Aung San Suu Kyi devrait pouvoir s’exprimer à Vientiane lors du prochain sommet de l’ASEAN en juillet. La nation birmane, conclut le journal, n’attend rien de moins de la Dame de Rangoun.
Tempo.co – 15 milliards de roupies indonésiennes (1 million d’euros). C’est le prix demandé par le groupe séparatiste islamiste philippin Abou Sayyaf pour la libération des dix membres de l’équipage retenus depuis le 26 mars aux Philippines. L’Indonésie se tient prête à venir en renfort de l’armée philippine pour libérer les otages, mais certainement pas à payer. Pour le chef de la police nationale indonésienne, le Général Badrodin Haiti, c’est à la compagnie propriétaire du Brahma 12 d’ouvrir son porte-monnaie pour la rançon. Une opération indonésienne de renfort militaire aux Philippines reste improbable selon Badrodin, malgré l’offre répétée du gouvernement de Jakarta. Le Général espère que les Philippines coopéreront pleinement dans cette affaire et feront de la sécurité des otages leur priorité.

Asie du Sud

Firstpost – Il veut prendre un tournant dans sa carrière politique. Nitish Kumar, ministre en chef de l’Etat du Bihar réélu en novembre 2015, doit faire une annonce d’importance ce dimanche 10 avril lors du congrès de son parti, le Janata Dal (United) – JD(U) – dont il prendra la tête. Objectif : refondre le JD(U) afin de le faire reconnaître comme un parti d’envergure nationale par la Commission électorale indienne. A l’heure actuelle, il n’est en effet présent que dans deux Etats : le Bihar, évidemment, et le Jharkhand (détaché du Bihar en 2000). Ainsi, si le JN(U) devient à même de concurrencer les deux grandes forces politiques du pays – le Parti du Congrès et le BJP (nationaliste hindou) – Nitish Kumar pourra briguer le poste de Premier ministre en 2019.

Pakistan : une « cour arbitrale de la charia » à Lahore

Dawn – C’est un fait : l’opinion publique pakistanaise fait de moins en moins confiance à la justice nationale. Une brèche dans laquelle s’insèrent les organisations religieuses du pays. Dernière exemple en date : la création à Lahore de la « Darul Qaza Sharia », une « cour arbitrale de la charia » mise en place par l’organisation Jamatud Dawa (JuD). Et cela en parfaite violation avec la constitution pakistanaise. Selon des sources anonymes relayées par Dawn, les plaignants s’adressent à cette « cour d’arbitrage » dans l’espoir de « trouver une solution rapide aux litiges » étant donné que les « cours conventionnelles » sont beaucoup plus lentes. Le porte-parole de la JuD souligne par ailleurs que la Darul Qaza Sharia ne constitue en rien un système judiciaire parallèle, mais complémentaire, nécessitant d’ailleurs le consentement des parties pour rendre son arbitrage. Pourtant, certaines personnes ont reçu des convocations avertissant de « mesures strictes » en cas de non-présentation devant la Cour… Une forme de coercition peu compatible avec le discours « rassurant » du porte-parole.
Dhaka Tribune – L’histoire se répète au Bangladesh. Nazimuddin Samad, étudiant en droit de 28 ans, a été tué à Dacca par de supposés militants islamistes, attaqué à coups de machette puis abattu par balle. Il militait sur Facebook en faveur de la laïcité et s’opposait fermement aux islamistes radicaux. L’ami avec qui il se promenait au moment du drame a disparu, a déclaré la police. Nazimuddin Samad s’ajoute ainsi tristement à la liste des militants laïcs assassinés au Bangladesh.
Par Joris Zylberman, Alexandre Gandil et Juliette Buchez avec Sébastien Farcis à New Delhi et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
[asl-front-abonnez-vous]
[asl-front-abonnez-vous]