Revue de presse Asie - 11 mars 2016

Réfugiés nucléaires de Fukushima, vote musulman en Inde et journalistes étrangers en Thaïlande

Le couple impérial japonais au théâtre national
Lors de la commémoration du 11 mars, Le couple impérial japonais au théâtre national : "De nombreuses personnes continuent à souffrir à notre insu", a déclaré l'Empereur Akihito. Copie d'écran du Yomiuri Shimbun, le 11 mars 2016.

Fukushima, 5 ans après

Yomiuri Shimbun (en japonais) – C’était le 11 mars 2011. Un séisme déclenchait un tsunami, puis l’accident nucléaire de Fukushima, classé à la même échelle de gravité que celui de Tchernobyl. Le gouvernement japonais a tenu une cérémonie de commémoration pour les disparus ce vendredi 11 mars. Une minute de silence a été observée à 14h46 heure locale, moment exact il y a 5 ans du déclenchement du séisme. L’Empereur Akihito a désiré que « le peuple [japonais] ne fasse qu’un, afin de de retrouver une vie normale ». Quant au Premier ministre japonais Shinzo Abe, il a affirmé vouloir « continuer la consolidation d’un Etat fort, qui ne perde jamais les enseignements de tous les sacrifices qui ont été faits. »
Japan Times – Plus de 150 000 personnes ont été déplacées après l’accident nucléaire de Fukushima en 2011. Les aides du gouvernement au logement des victimes ne dureront pas éternellement : elles doivent finir en avril 2017. A partir de cette date, les déplacés devront choisir entre retourner chez eux ou payer leur loyer à Tokyo. Face aux incitations de plus en plus pressantes au retour, la colère monte chez les réfugiés que la radioactivité inquiète toujours. Tokiko Onoda, 80 ans, témoigne : elle ne croit pas les affirmations du gouvernement sur la sécurité des zones sinistrées. Après tous les efforts consentis à obéir et à s’intégrer dans son nouvel environnement, elle ne souhaite pas retourner à Fukushima.
Mainichi Shimbun – La Commission japonaise à l’Energie atomique souhaite revenir sur le dispositif de compensations illimités dues par les opérateurs en cas d’accident, dans un souci de viabilité financière. Un membre de cette Commission a ainsi déclaré que les compensations illimitées sont justifiées « à condition que les catastrophes aient pu être prévisibles ». Dans les faits, le gouvernement qui a pris le contrôle de l’opérateur TEPCO, prête sans intérêt l’argent nécessaire. Cela fait peser 70% des compensations sur le contribuable à cause d’un dispositif non-transparent, fait remarquer le quotidien nippon Mainichi, à l’aide d’une inforgraphie éloquente.

Asie du Nord-Est

The Straits Times« Evaluer la force de destruction des nouvelles têtes nucléaire. » C’est l’objectif qu’a fixé publiquement Kim Jong-un lors de l’essai de missiles balistiques hier jeudi 10 mars. Ce que Pyonyang appelle un « exercice de contre-attaque en cas d’invasion » intervient juste après les exercices militaires de Washington et Séoul. La Corée du Nord a également réagi aux nouvelles sanctions prononcées contre elle au Conseil de Sécurité des Nations Unies, dénonçant une « provocation de gangsters orchestrée par les Etats-Unis ».
South China Morning Post – La Chine est bien décidée à appliquer les sanctions internationales contre à la Corée du Nord. Et elle le montre. Les autorités de Hong Kong ont refusé pour la première fois l’amarrage d’un cargo nord-coréen. Les sanctions adoptées le 2 mars dernier en vertu de la résolution 2270 du Conseil de Sécurité des Nations Unies commencent à faire effet. Le texte impose l’interdiction de l’entrées des navires appartenant ou obéissant à la Corée du Nord. Le navire en question naviguait sous le drapeau du Cambodge et a jeté l’ancre en haute mer au sud-est de Hong Kong.

Asie du Sud-Est

Bangkok Post – Les autorités thaïlandaises rendent la vie de plus en plus difficile aux correspondants étrangers, s’inquiète Umesh Pandey. Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a publié le mois dernier de nouvelles règles pour la délivrance de visa « médias » aux reporters étrangers. Ces règles exigent notamment qu’ils travaillent à temps plein pour « une seule entreprise de presse ». Le ministère vient de demander à l’une des grandes agences de presse mondiale, qui a un bureau à Bangkok, de prouver… qu’elle est une entreprise de presse. L’agence de presse, que le quotidien ne nomme pas, a publié il y a quelques jours un entretien avec l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, ennemi juré de la junte et qui vit en exil depuis 2008.
The Straits Times – Le quotidien singapourien Straits Times revient sur le choix opéré par Aung San Suu Kyi pour le prochain président birman. Le journal rapport que « l’écrivain Htin Kyaw » a été élu par la Chambre Basse pour diriger le gouvernement birman. Proche de la présidente de la LND depuis de longues années, il prendra le poste que celle-ci ne peut assumer en raison de la nationalité anglaise de son mari et de ses enfants. Un vote commun des deux chambres du parlement reste à mener pour que Htin Kyaw soit définitivement élu.
The Jakarta Post – Banbang Widjojanto n’a pas mâché ses mots. Pour l’ancien président de la Commission pour l’élimination de la corruption en Indonésie, la sélection des hommes et femmes politiques qui seront élus au parlement ne permet pas de faire entendre la voix du public. Ses affirmations sont appuyées par l’intellectuel Syafi’i Maarif pour qui « les politiciens se moquent du public », et y voient une carrière lucrative. En Indonésie, 58 % des élus à la Chambre des Représentants sont débutants en politiques ou des célébrités.

Asie du Sud

Dawn – Le quotidien pakistanais ne décolère pas. Le Premier ministre Narenda Modi a proposé cette idée à la veille des élections législatives dans l’Etat de l’Assam en avril. 10% de la population de cet Etat fédéré indien proche du Bangladesh sont musulmans. Ismail Hussain, un citoyen indien cité par Dawn, explique que malgré leur nationalité, les musulmans sont considérés comme des Bangladeshis. Les experts considèrent que l’expulsion des communautés musulmanes est peu probable, et qu’il s’agit d’un signal purement électoraliste. Narenda Modi mène depuis deux ans une politique nationaliste qui vise à marginaliser les musulmans au profit des hindous, alors que l’Etat fédéral ne reconnaît aucune religion d’Etat.
Dawn – Le sénateur républicain Rand Paul avait proposé une résolution visant à empêcher la vente des avions F-16 au Pakistan. Celle-ci a été rejetée par un vote qui a affiché 71 voix contre, 24 pour, et 5 abstentions. S’est opposé à sa proposition un groupe de sénateurs menés par Mitch McConnell, lui aussi républicain.

Rand Paul a déclaré dans une interview récente être déterminé à empêcher la vente des chasseurs au gouvernement pakistanais. Il réclame la libération du docteur Shakil Afridi et d’Asia Bibi, une chrétienne détenue pour avoir violé la loi contre le blasphème qui divise le Pakistan. Le gouvernement d’Islamabad doit faire face à de puissants groupes politiques qui souhaitent durcir cette loi.

Par Joris Zylberman et Ryôma Takeuchi, avec Arnaud Dubus à Bangkok et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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