Après la COP21 : peut-on croire aux objectifs de développement durable de l’Inde ?
L’expérience de ministre
Au plan domestique, il s’agissait de faire en sorte que les lois sur la protection de l’environnement qui ont été votées en Inde depuis près de 40 ans – lois sur la protection de l’eau, de l’air, des forêts ou sur la décontamination chimique – soient appliquées. A vrai dire, nous prenons grand plaisir en Inde à voter beaucoup de lois, mais nous prenons un plaisir encore plus grand à les détourner dès qu’elles sont votées ! Nos lois sur l’environnement n’étaient tout simplement pas appliquées. J’avais donc à donner un signal fort sur l’application, sur les sanctions des lois sur l’environnement, et pour cela changer les habitudes de mon ministère. Lorsque je suis arrivé, 99% des demandes de permis étaient approuvées, tout était autorisé !
Ainsi au bout des 25 mois de mon mandat ministériel, je crois avoir réussi à faire prendre à l’Inde, lors des négociations de Copenhagues en 2009, une position qui a été largement reprise par le gouvernement indien en décembre 2015 lors de la COP21. Même si j’ai été sévèrement critiqué à l’époque par les membres de l’exécutif actuel, qui étaient alors dans l’opposition. Bref, je suis heureux aujourd’hui que ce gouvernement, six ans après, ait décidé de continuer sur le chemin que j’avais tracé à Copenhagues et Cancun.
Donc je dirais que sur le plan international, mon travail a bien résisté au test du temps. Au plan domestique, c’est moins le cas. Certes, j’ai réussi à faire de l’environnement un enjeu national pendant quelques temps, en adoptant une attitude de « non compromission » sur la mise en œuvre des lois écologiques. Malheureusement, le gouvernement actuel estime qu’au nom de la « facilité à faire des affaires », il faut alléger au maximum l’obtention des autorisations de toute sorte, y compris environnementales. A cet égard, je dirais que mon héritage est à risque.
La population indienne est-elle sensible aux enjeux ?
Investissement de l’Inde en développement durable
Grands programmes
Mon sentiment est que ce programme comme les autres est important. Et le Premier ministre a fait deux choses que nous n’avions pas faites : il a fait un très gros, très habile travail de marketing pour relancer ces programmes, et puis il a mis tout son poids de chef du gouvernement dans la balance.
Ici, nous ne savons toujours pas ce que « Smart City » veut dire. J’ai interpellé plusieurs fois en séance au parlement le ministre du Développement urbain pour qu’il nous dise ce qu’il entendait par « Smart City », à quoi on saurait qu’une ville est devenue intelligente et fonctionne, je n’ai eu que des réponses très évasives.
Efficacité énergétique et charbon
L’objectif global est d’améliorer notre performance énergétique de 20% au minimum d’ici 2020, un objectif à mon avis assez conservateur. C’est possible en mettant en œuvre les mesures et standards déjà en place et en renouvelant les actifs concernés.
Conclusions
Mon successeur dans ce système ? Il parle beaucoup de croissance économique et de développement durable, et il donne beaucoup d’autorisations. Un ministre du Développement durable à mon sens doit être impopulaire. S’il n’est pas impopulaire, c’est qu’il ne fait pas tout son travail.
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