Economie
Expert – Déchiffrer le marché du travail en Chine

 

Le “choc des cultures”

Un français, Loïc Delcroix, responsable financier chez Dongfeng Citröen, et sa famille sur un tricycle chinois typique dans les rues de Shanghaï.
Un français, Loïc Delcroix, responsable financier chez Dongfeng Citröen, et sa famille sur un tricycle chinois typique dans les rues de Shanghaï. (Crédit : Shanghai Daily / Imaginechina / AFP).
Souvent minimisé, le “choc des cultures” est un phénomène qui peut dans certains cas, certes isolés, mais non négligeables, mener à la dépression, à l’isolation sociale, voir à l’aliénation.

Si j’ai décidé d’aborder ce sujet ici aujourd’hui, c’est qu’autour de moi j’ai vu beaucoup de gens souffrir de la confrontation de sa culture et de ses repères avec ceux du pays d’accueil.

La majorité des personnes retombent sur leurs pieds après quelques mois.

Mais pour d’autres, ce choc se transforme en angoisse, en dépression ; et tout cela doublé de la culpabilité de ne pas profiter de ce séjour à l’étranger, qui devrait être – sur le papier du moins – un moment agréable.
Certains restent dans le déni, d’autres finissent chez le psychologue. Il n’est pas rare en tout cas que ce choc devienne permanent, privant ainsi l’expatrié d’une expérience de vie qui pourrait être très enrichissante sur le plan personnel et professionnel.

Ainsi, j’ai vu beaucoup de gens rester terrés chez eux la peur au ventre, incapables de sortir même pour faire les courses. Et cela d’autant plus en Chine qui, avec ses ciels bruns, ses artères embouteillées et ses immeubles post-modernes à perte de vue, peut, au premier abord, ne pas paraître particulièrement accueillante…

Ce phénomène dit de “choc des cultures” a été théorisé par de multiples psychologues.
Pour résumer, on peut le présenter au travers des différents stades qui existent lorsque l’on s’installe à l’étranger. Soit, l’euphorie de la découverte dans un premier temps, qui se mue en anxiété, aliénation et isolement. Puis un temps d’adaptation avant d’arriver à une phase d’intégration et d’indépendance.

Ce qui m’intéresse ici c’est évidement la phase intermédiaire ou l’expatrié perd ses repères. Et de savoir comment limiter et atténuer ce choc.

Tout d’abord notons qu’une phase d’adaptation est normale ; et plus la culture d’accueil est loin de la notre, plus cette dernière sera difficile. Il ne faut ni nier cette difficulté ni avoir peur d’en parler. Le fait de ne pouvoir communiquer par exemple comme en Chine ni à l’oral ni à l’écrit accentue fortement ce sentiment d’aliénation.

Alors comment reconnaître si un simple temps d’adaptation se mue en phénomène plus grave ?
Irritabilité, hostilité permanente contre le pays d’accueil, prise ou perte de poids, sommeil excessif, peur de sortir, crise d’angoisse, repli sur soi et sa culture, ne sont que quelques signes chez une personne qui souffre d’un choc des cultures.

Dans ce cas que faire ?

Rester terrer chez-soi n’est évidemment pas la solution car il faut se recréer des repères, des rituels, des amitiés.
Il y a maintes façons de refonder un réseau social : associations d’expatriés diverses, groupes de rencontre professionnels ou sportifs…

Il s’agit bien de trouver sa manière de vivre son expérience à l’étranger. Ainsi, certains ne se sentent bien qu’avec des personnes de leur nationalité, ne changent que très peu de mode de vie ; et d’autres au contraire partent à la recherche de l’autre et se mélangent à la population locale et adoptent une partie de leurs rituels, jusqu’à une véritable acculturation.

Il n’y a pas de bonne réponse.

Si en dépit d’efforts pour sortir et se recréer un réseau social, les crises d’angoisse et la dépression persistent il ne faut pas hésiter à consulter un médecin ou un professionnel (sans me faire de la pub, prendre un coach quelques mois peux aussi être une solution très efficace).

Mais la meilleure solution reste évidemment de bien préparer son expatriation en amont, notamment en se renseignant sur la culture contemporaine, en prenant quelque cours de langue ou plus simplement en parlant à des personnes qui ont vécu ou sont toujours présentes dans le pays d’arrivée.

Je conclurai sur le “reverse culture shock”, soit le fait tout aussi difficile de rentrer chez soi que de partir, mais qui comme le “choc des cultures”, reste mal connu et peu abordé.
Mais nous verrons cela dans un deuxième temps…

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
A propos de l'auteur
Basée à Pékin depuis plus de 10 ans, Virginie Mangin est coach. Elle travaille surtout avec des cadres cherchant soit à se requalifier soit à évoluer dans un environnement international. Elle travaille en anglais et en français.
[asl-front-abonnez-vous]