Photo Kathmandu : festival à ciel ouvert, bougie dans les ténèbres
Contexte
Il fallait être hardi pour monter un tel événement dans un pays meurtri par les deux tremblements de terre dévastateurs d’avril et mai derniers, et pris dans un contexte politique et économique des plus compliqués. Depuis trois mois, les Madhesis, habitants de la plaine du Téraï, s’opposent au gouvernement suite à l’adoption d’une constitution dans laquelle ils ne se retrouvent pas, en imposant une paralysie économique de toute la région. Les espoirs de résolution par le dialogue s’amenuisent au fil des jours avec d’un côté une colère montante, et de l’autre des dirigeants faisant la sourde oreille. Et pour ne rien arranger, l’Inde, en dépit du droit international sur l’accès à la mer des pays enclavés, a mis en place un blocus non officiel aux frontières.
Résultat : une économie en berne, des pénuries qui s’accumulent, plus de bouteilles de gaz, très peu d’essence, pas de kérosène, un manque crucial de médicaments, et si la vie continue tant bien que mal, c’est qu’elle est alimentée par le marché noir, aux taux devenus presque officiels.
Reconstruction de l’identité
C’était très excitant de travailler sur ce festival car tout était à créer et à inventer, du choix des images à l’espace d’exposition, en passant par les surfaces d’impression et les dimensions de chaque photo. Le choix de l’espace est primordial, et pour que l’exposition fonctionne, il faut une interaction sous forme de dialogue entre les photos et le lieu où elles s’exposent. Pour chaque artiste, nous avons cherché le lieu correspondant au style de photographie, au contenu des images, et à leur sens. À chaque fois, nous avons travaillé avec les communautés, généralement emballées par l’initiative, mais parfois sceptiques quant au concept d’exposition en extérieur. Sans être familiarisés avec le médium photographique, certains avaient du mal à envisager des expositions de photos ailleurs que sur les murs d’une galerie d’art. Il y a eu beaucoup de discussions et d’échanges, tous plus enrichissants les uns que les autres. On peut manipuler l’espace public autant qu’on le désire, le dernier mot revient toujours au public ».
Visite guidée
« Ceci est une pétition pour le peuple du Népal et le monde, écrit l’artiste, pour le changement à Susta – la résolution du différend entre les deux pays et la construction de murs de soutènement le long des rives de la Narayani. Ceci est un poème dédié au peuple de Susta, son chagrin, sa douleur, sa détermination, sa résistance, sa persistance, son isolement. »
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