Revue de presse économique – Vendredi 9 octobre 2015

L'Eco de la presse asiatique

Suspension de la grève des pilotes à Pakistan Airlines. Copie écran du site Pakistan Today, le 7 octobre 2015.
Suspension de la grève des pilotes à Pakistan Airlines. Copie écran du site Pakistan Today, le 7 octobre 2015.
Encore des turbulences dans le ciel cette semaine en Asie. Si les pilotes de Pakistan International Airlines ont décidé de suspendre leur grève ce week-end, le conflit qui les oppose à leur direction est loin d’être terminé. Même chose au Cambodge où le salaire minimum des ouvriers du textile vient d’être réévalué à 124 euros par mois. Insuffisant, estiment les syndicats du secteur qui jugent cet accord au ras des pâquerettes. En Indonésie, les autorités sont elles aussi obligées de donner un coup de pouce à l’industrie de la chaussure et du vêtement menacée d’atterrissage brutal face à la concurrence. Finalement, les startups sont les seules à décoller cette semaine et c’est en Chine que ça se passe. Deux entreprises de livraison de produits alimentaires via Internet viennent de fusionner. A la clé : dix millions de restaurateurs à mettre en relation avec un milliard de consommateurs.

Pakistan Airlines : les pilotes suspendent leur grève

Pakistan Today (07.10.2015) – Les avions de la Pakistan International Airlines ont repris du service mercredi, après cinq jours de grève et des discussions pour le moins tendues entre la direction et l’Association des pilotes de ligne du Pakistan (PALPA). L’engagement pris par la commission permanente du Sénat et son président Talha Mahmood à écouter les revendications des pilotes a probablement contribué à apaiser les choses. La grève est suspendue jusqu’à ce vendredi soir. « Nous avons fait de notre mieux pour ne pas perturber le Hajj [pèlerinage à la Mecque, NDLR] et nous avons bloqué uniquement les vols qui ne disposent pas du double équipage tel que défini par les règles de l’aviation civile », indique l’un des porte-parole de PALPA. Pendant ce temps, les compagnies privées auraient « scandaleusement » profité de la grève des pilotes au sein de la compagnie nationale en « doublant leurs tarifs », s’indigne l’éditorialiste du journal demandant aux organismes de régulation d’intervenir.

Entre boom et ralentissement économique

Birmanie : boom de l’urbanisation à Rangoon, l’immobilier ne suit pas

The Myanmar Times (09.10.2015) – Rangoon a besoin de 75 000 nouveaux appartements chaque année pour faire face au rythme de l’urbanisation, affirme l’Association des entrepreneurs birmans de la construction (MCEA). Problème : le marché de l’immobilier ne suit pas et la plupart des nouveaux arrivants venus des campagnes doivent se contenter d’une habitation de fortune. Selon le Bangkok Post, plus de 330 000 personnes migrent vers l’ancienne capitale birmane chaque année. Le poumon économique du pays compte aujourd’hui 5,14 millions d’habitants, un chiffre qui augmente de 6,6 % tous les ans. Le manque de surface a entraîné une flambée des loyers. Les entrepreneurs ont du mal à acheter des terrains pour construire et quand ils peuvent le faire, le prix du mètre carré est beaucoup trop cher pour les futurs acquéreurs. Pour l’instant, les étrangers ne peuvent investir directement dans le foncier, précise le Myanmar Times, mais les choses devraient « graduellement évoluer ».

Indonésie : un bureau spécial pour aider le secteur de la confection

The Jakarta Post (09.10.2015) – Si vous voulez investir dans la chaussure ou dans le textile en Indonésie, c’est le moment ! Le Conseil indonésien de coordination des investissements (BKPM) vient d’établir un bureau spécialement dédié au secteur. L’industrie textile souffre de la concurrence vietnamienne, cambodgienne, bangladaise et birmane. Jakarta promet d’aider les entreprises nationales en facilitant les investissements. 13 grandes entreprises de la chaussure et du vêtement ont contacté le Conseil et 8 d’entre elles ont fait part de leur intention de réduire le nombre de leurs employés en raison du ralentissement économique.

Startups asiatiques en plein décollage

Chine : fusion de deux entreprises de livraisons par Internet

Tech in Asia (08.10.2015) – Ce sont des chiffres à l’échelle de la Chine. Car si le mariage de Dianping et Meituan réunit deux startups, ce sont en réalité deux géants de la livraison de plats préparés via Internet qui ont fusionné cette semaine. C’est Chloé Cosmidis, la directrice technique d’Asialyst qui nous a signalé cette méga fusion. Dianping est en effet soutenu par Tencent, tandis que Meitan a reçu des fonds d’Alibaba, souligne le site TechNode. « Bien que nos deux sociétés soient en compétition, bien que nous ayons eu des stratégies différentes par le passé, nous avons aujourd’hui un même objectif : celui d’aider 10 millions de commerçants à mieux servir un milliard de consommateurs en Chine », explique Zhang Tao, le directeur de Dianping. Cette nouvelle fusion après des années de concurrence acharnée rappelle celle de Didi Dache et Kuaidi Dache, les deux startups proposant de réserver une voiture avec chauffeur (aujourd’hui Didi Kuiadi), note de son côté TechCrunch.

Inde: quand l’indien Coffee Day entend concurrencer l’Américain Starbucks

Live Mint (08.10.2015) – C’est la plus grosse entrée en bourse de ces trois dernières années en Inde. La célèbre chaîne de café indienne Coffee Day devrait faire son apparition sur le marché boursier le 14 octobre prochain. Une entrée très attendue à en croire vos journaux en Inde. La chaîne entend lever 1,15 millions de roupies, explique le site DNA. Coffee Day, qui a ouvert son premier magasin en 1996, dispose maintenant de plus de 1500 enseignes dans 219 villes, souligne The Economic Times. La marque indienne est désormais en concurrence avec Starbucks, Costa Coffee et d’autres chaînes étrangères de café implantées en Inde. Coffee Day Enterprise, la société mère de Coffee Day, est présente dans les entreprises, ajoute The Hindu.

Chine : Didi Kuaidi obtient sa première licence

South China Morning Post (08.10.2015) – Est-ce vraiment une mauvaise nouvelle pour l’américain Uber ? Son rival chinois Didi Kuaidi est en tous cas, pour l’instant, le premier et seul opérateur légalement autorisé à proposer un service de réservation de voiture de tourisme avec chauffeur sur Internet. Cheng Wei le PDG de Didi Kuaidi y voit même « un moment historique dans le développement des transports en Chine (…) et une solution aux problèmes de déplacements urbains. » Historique, la décision des autorités de Shanghai l’est certainement en cela qu’il s’agit non seulement de la première licence de ce type accordée à une entreprise chinoise, mais aussi de « la première licence du genre dans le monde » poursuit Cheng Wei. Soutenue par les deux géants de l’Internet chinois Alibaba et Tencent, l’application qui permet de réserver un véhicule avec chauffeur détient aujourd’hui 80 % des parts de marchés en Chine. Du côté du concurrent américain, on ne se laisse pas abattre et on se dit que si Didi Kuaidi est légal en Chine, pourquoi pas Uber demain ? Le patron d’Uber, Travis Kalanick, a d’ailleurs annoncé que son application serait étendue à 100 nouvelles chinoises le mois dernier.

Salaires, bonus et retraites en hausse

Cambodge : hausse du salaire minimum dans le textile

The Cambodia Daily (08.10.2015) – L’annonce est loin de répondre aux attentes des syndicats du secteur, mais le geste représente tout de même une hausse des salaires de 40 % par rapport à 2014. « Le salaire minimum pour les ouvriers de l’industrie du textile et de la chaussure a été fixé officiellement à 140 dollars (124 euros) par mois » pour 2016, contre 128 dollars en 2015, a fait savoir le ministère du Travail. Cette décision intervient à l’issue de plusieurs jours de négociations avec les organisations patronales et du personnel, et après une année d’émeutes dans les usines. Le textile embauche quelques 700 000 ouvriers au Cambodge. La plupart sont employés dans des conditions souvent difficiles, par des sous-traitants de grandes marques de confection telles que Gap, Adidas, H&M, Zara et Marks and Spencer. Pour l’instant, l’offre gouvernementale déplaît aux organisations syndicales, qui craignent la mise en concurrence avec la Birmanie voisine notamment, où nous vous le disions dans notre précédent Eco de la presse asiatique, les autorités birmanes ont réévalué le salaire minimum journalier à 2,40 euros de l’heure.

Inde : Bonus de fin d’année chez Tata

NDTV (07.10.2015) – Un protocole d’accord a été signé mercredi entre Tata Steel et le syndicat des travailleurs du groupe. Près de 30 000 salariés du géant de l’acier indien devraient ainsi bénéficier de bonus supplémentaires en fin d’année. Un geste présenté comme une largesse par le service de communication du groupe : « Sachant que la majorité de nos employés perçoivent un salaire plus élevé que le minimum instauré par l’acte sur le paiement des bonus de 1965, ils n’ont pas le droit aux primes normalement. Conformément à une vieille tradition de l’entreprise cependant, la compagnie a décidé de verser un bonus à tous ses employés. »

Chine : hausse de la solde des vétérans

China Daily (09.10.2015) – La Chine « va poursuivre l’amélioration du niveau de vie du personnel militaire » et réformer un système des retraites défaillant affirme, le China Daily ce vendredi. Une manière dans le jargon communiste de reconnaître que les choses étaient loin de briller sur ce plan. Les vétérans de l’Armée Populaire de Libération (APL) comptaient jusqu’à présent parmi les très nombreux oubliés de la croissance chinoise. Des manifestations d’anciens soldats en uniforme devant des bâtiments officiels ont souvent été réprimées notamment dans le sud de la Chine. « La solde de base doit être augmentée d’ici à la fin de l’année », explique un responsable de l’APL cité par le China Daily. Selon l’agence Chine Nouvelle, le gouvernement central devrait mettre en place une « retraite de base ». L’annonce intervient un mois après la décision du président Xi Jinping de réduire de 300 000 hommes la plus grande armée du monde (en terme d’effectifs).

Stéphane Lagarde

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A propos de l'auteur
Stéphane Lagarde est l'envoyé spécial permanent de Radio France Internationale à Pékin. Co-fondateur d'Asialyst, ancien correspondant en Corée du Sud, il est tombé dans la potion nord-est asiatique il y a une vingtaine d’années.
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