Japon : vivre au-dessous du volcan
Contexte
Près de 80 % des habitants de l’archipel nippon vivent à moins de 100 km d’un volcan actif. Le pays en compte aujourd’hui 110, dont 47 (mais bientôt 50) sous surveillance constante en raison du risque élevé d’éruption dans le siècle à venir. C’est le cas de la presqu’île volcanique Sakurajima : culminant à 1 117 m et située au sud-ouest du Japon, cette dernière tousse régulièrement depuis 1955. Les scientifiques y ont mesuré des éruptions de faible intensité mais à très haute fréquence. Au dernier recensement de janvier 2015, Sakurajima était peuplée de 4 573 habitants, même si administrativement la montagne appartient à la ville de Kagoshima, qui compte quant à elle plus de 600 000 habitants. Depuis 1900, 560 personnes ont été emportées par une éruption au Japon, dont 58 ou 59 lors de celle du Sakurajima en 1914.
Éruptions à répétition
Au niveau du cratère Shôwa, qui s’est réveillé en 2006, le nombre des petites éruptions quotidiennes s’est nettement accru depuis le début 2015 : 1 154 poussées de lave ont été enregistrées de janvier à août, contre 1 355 pour l’ensemble de l’année 2011, qui avait connu un pic d’activité. Cela a même obligé à changer les règles de décompte : « les éruptions » sont désormais considérées comme telles lorsque le panache de fumée s’élève de plus de 1 000 mètres, contre 200 mètres pour les autres volcans du pays.
En 1914, un séisme de magnitude 7 s’était produit, à 13 km de profondeur, un peu plus de 10 heures avant la grande éruption du 12 janvier. Celle‐ci avait causé au moins 58 morts et 112 blessés, recouvert de cendres plus de 2 100 bâtiments et provoqué de sérieux dégâts aux cultures.
Crainte d’une nouvelle éruption cataclysmale
Guide sur la presqu’île Sakurajima, Terumi Okunosono est encore plus précis : « Je prévois une éruption cataclysmale en 2048 », confie-t-il en s’appuyant sur son propre tableau de probabilité.
Protection et exercices d’évacuation
Sauve qui peut en ferry
Les éruptions vulcaniennes libèrent régulièrement des panaches cendreux de 2 à 5 km de hauteur. Lancé en mars 2015, un nouveau service proposé par l’Agence météorologique du Japon donne à la population la prévision de la localisation des retombées de fragments volcaniques et des chutes de cendres. Un code couleur permet de préciser la quantité de matières : moins de 0,1 mm, entre 0,1 et 1 mm et plus de 1 mm. Combiné aux flashes infos diffusés par émail et à la télévision, ce système est bien pratique. En sachant qu’une très fine pluie de cendres, composées de minéraux et de verre, peut causer de multiples désagréments : inflammation de la gorge, conjonctivite.
En symbiose avec les cendres
« La cendre ramassée sur les routes et mise dans les sacs est ensuite acheminée vers des déchèteries privées acceptant la terre », complète M. Uto. « Après la pesée, nous faisons un remblai et nous nous en débarrassons, sans l’utiliser », poursuit-il. En 2014, alors que la quantité de particules volcaniques éjectées par le Sakurajima était deux fois moins importante que l’année précédente, près de 10 700 m3 de cendres ont été récoltées, les trois quarts dans les sacs, le reste par les camions bennes.
L’arbre aux 24 000 mandarines
La production des minuscules mandarines de Sakurajima, mesurant trois centimètres de diamètre, témoigne aussi de la richesse de ce terrain. Un seul arbre a ainsi donné 24 649 mandarines, record officieux qui semble inégalé au niveau mondial. D’autres fruits et fleurs sont associés à la presqu’île, tels que les nèfles du Japon ou encore les Camélias du Japon, dont est tirée une huile utilisée pour le soin des cheveux et l’hydratation de la peau. Rien de mieux qu’un peu de douceur dans cette région si rude.
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