Economie
Témoin - Entreprendre en Chine

Entreprendre au féminin à Pékin

Des jeunes femmes chinoises attendent sagement leur passage pour un entretien d’embauche. (Crédit : STR/AFP)
Des jeunes femmes chinoises attendent sagement leur passage pour un entretien d’embauche. (Crédit : STR/AFP)
La Chine offre actuellement de grandes opportunités aux entrepreneurs étrangers et cela dans de nombreux secteurs d’activité. Il est ainsi possible de réussir dans ce pays qui ouvre grand ses bras à ceux qui osent entreprendre et plus particulièrement aux femmes ! Car tel est le sujet que j’aimerais aborder aujourd’hui : l’entreprenariat au féminin à Pékin.

Après avoir créé ma société en France en 2013, je pars m’installer dans la capitale chinoise pour des raisons personnelles. J’y découvre un large réseau d’entrepreneurs français, qui « co-work » tous au même étage dans une tour qui frôle les nuages. J’ai tout de suite accroché ! Un tel réseau m’a été bénéfique à tous les niveaux : amitiés, bons plans, réunions business, conseils illimités… C’est très simple : en un an, j’ai avancé plus vite qu’une personne qui serait restée à Paris pendant des années.

Pourquoi ? Parce que la Chine nous apprend à avancer vite, à nous adapter vite, à croître vite, à rebondir. Parce que si nous stagnons, nous mourrons d’un coup.

Vue(s) de Chine

Les Chinois ont le business dans le sang, est-il coutume de dire ! En plus, les étrangers entrepreneurs sont en général bien perçus car d’une part, ils apportent du travail, et d’autre part, ils participent à la croissance de l’économie locale. C’est ce sentiment que tout le monde est gagnant qui est ici le plus courru. Cela dit, attention, il ne faut pas être trop crédule non plus car le gouvernement chinois a mis en place de nombreuses barrières administratives qui dissuadent beaucoup d’entrepreneurs. En effet, on se heurte à de vraies contraintes conséquentes qui permettent aussi aux autorités locales de garder la main sur le type de structures qui se créent.

Pour autant, d’une manière générale, j’aime la mentalité des Chinois lorsqu’il s’agit d’entreprendre. Ils ne sont pas envieux des réussites des uns et des autres et admirent toujours les efforts d’un « entrepreneur-travailleur ». Ainsi, je me rappelle encore de la réaction d’une amie chinoise lorsque je lui ai dit que j’avais ma propre entreprise. Elle était très surprise et m’a dit : « C’est pas vrai ? C’est fou, tu es une vraie femme d’affaire ! » Et ce sentiment était partagé par nombre de ses amis qui n’hésitaient jamais à me poser des questions, même précises. Car oui en Chine, il n’y a aucun problème à demander le nombre de mes clients, mon chiffre d’affaire… Rien n’est tabou, ni secret ! C’est même tout le contraire : les entrepreneurs ont plutôt tendance à être fiers de pouvoir dire qu’ils emploient des personnes, que l’économie avance grâce à leur pierre mise à l’édifice. Et les femmes chinoises sont de plus en plus partie prenante.

Etre femme et entrepreneur

La place des femmes dans le tissu entrepreneurial est en effet en plein boom. Pour preuve, la multiplication des associations réservées aux femmes entrepreneurs en Chine. Ainsi, VIVA BEIJING, ou encore Chinese Women Networking sont des associations qui favorisent le partage, l’entraide entre femmes d’affaires en Chine. Elles fonctionnent grâce à un système de cooptation : vous devez être recommandée par une personne déjà membre de l’association, et le système est ainsi viral avec l’entrée de nouvelles personnes chaque mois. A chaque réunion, chacune peut proposer des formations sur son expertise. Pour ma part, j’organise donc des ateliers autour de la rédaction des CV et autour de l’utilisation professionnelle du réseau social Linkedin. Beaucoup de femmes d’affaire chinoises font partie de ces groupes et je constate qu’elles sont de plus en plus nombreuses à participer à ce genre de réunions : elles ont besoin de prouver à leur entourage qu’elles peuvent être embauchées à des postes à haute responsabilité, tout comme les hommes.

La Chine compte aujourd’hui plus d’hommes que de femmes et ces dernières doivent se battre pour obtenir les mêmes droits. Ainsi, en 2011, un rapport de l’ONG China Labor Watch dénonçait les mauvaises conditions de travail des femmes dans les usines de jouets : salaires payés en retard, heures supplémentaires obligatoires, privation de jours de repos, amendes punitives, harcèlements sexuel et moral, utilisation de produits dangereux sans protection… C’est pour lutter contre ces pratiques discriminantes que récemment, la Chine a adopté des mesures qui encouragent l’entrepreneuriat féminin afin d’améliorer la participation des femmes à l’économie du pays.

Il y a actuellement 29 millions de femmes entrepreneures en Chine, ce qui représente 25 % du total national. 41 % de ces femmes sont des propriétaires d’entreprises privées ou des travailleuses indépendantes. Elles sont principalement engagées dans le secteur high-tech et rénovent les entreprises traditionnelles à l’aide des nouvelles technologies. Les mesures chinoises pour favoriser l’entrepreneuriat féminin sont les suivantes : la mise à disposition d’informations sur les règlements, la création de plate-formes pour des services d’aide à l’emploi, la mise en place de services pour aider les femmes à créer leur entreprise et enfin, des mesures de micro-crédits pour celles qui souhaitent lancer leur propre entreprise. Ces nouvelles directives ont permis de « libérer » une partie de la main-d’oeuvre puisque ce n’est pas moins de 900 000 femmes chinoises qui ont ainsi pu devenir entrepreneures depuis 2009.

Alors oui, le chemin est encore long pour une vraie et totale égalité, mais je reste persuadée que les femmes seront les leaders du marché chinois de demain.

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A propos de l'auteur
Fondatrice de Mycvfactory, Pauline Lahary vit et travaille en Chine, à Pékin. Sa compagnie propose des modèles de CV originaux à télécharger, ainsi que des CV pour cadres sur mesure pour accompagner tout un chacun dans sa recherche d’emploi.
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