Société
Expert – un architecte « normal » en Chine

Urbanisation chinoise : jusqu’ici, tout va bien

Vue aérienne des gratte-ciel de Chongqing en Chine, le 27 août 2013. (Crédit : Chang xu / ImagineChina / via AFP)
Vue aérienne des gratte-ciel de Chongqing en Chine, le 27 août 2013. (Crédit : Chang xu / ImagineChina / via AFP)
Dans mon précédent post, j’énumérais les différentes structures d’agences d’architecture, leurs marchés dédiés et leur nombre, proportionnel au gigantisme de ce pays. Parler de ma pratique d’architecte en Chine, c’est aussi évoquer le contexte d’urbanisation extrêmement soutenu et qui durant quatre décennies, a permis à la Chine de s’élever au rang de 2ème puissance mondiale. Nous en ferons une description chronologique succincte, avec comme point de départ les années 1950.
A mon arrivée en 2003, la Chine était toujours un peu le « Far-West » où tout semblait possible. Même si la plupart des mégalopoles chinoises avaient pris forme, le paysage urbain qui s’offrait à mes yeux était insolite : gratte-ciel en construction, bruits des engins de démolition, fourmillement des travailleurs au hasard des ruelles des quartiers émergents, tout cela baigné par les lumières diurnes et surtout nocturnes.
C’est sans doute ce qui m’a le plus impressionné en tant que « primo-arrivant » : les chantiers permanents, spectacles d’ombres chinoises rythmées par le ballet incessant des grues, véritables balises permettant de me guider dans ces villes inconnues, immenses et énigmatiques. Parcourir Shanghai en vélo le soir à travers le quartier de XuHui, ou en longeant la Suzhou River, c’était ressentir cette frontière tangible sans cesse changeante de la mutation de la ville, où subsistaient des ambiances shanghaïennes typiquement traditionnelles. Fraîchement arrivé de Paris, j’étais le témoin sans vraiment en connaître la genèse de cette urbanisation où les échelles de temps et de distance étaient sans commune mesure avec la France.

Quelques repères chronologiques

Historiquement, la ville chinoise est peut-être celle qui a été la plus planifiée, et ce depuis plus de 5000 ans, avec comme règles de développement la cosmogonie et les symboles propres à sa culture. L’organisation spatiale répond à un ordonnancement de la position de l’enceinte royale par rapport à un environnement, dont sont déclinés ensuite, les différents quartiers hiérarchisés selon les fonctions administratives, d’affaires et commerciales.
La ville de Pékin est ainsi ordonnancée avec en son centre le Palais de l’empereur, cerné par les murailles de la Cité interdite. Autour, s’organisent les logements de nobles dans de grandes cours carrées ; puis les parcelles plus petites délimitées par les « hutongs », ces petites ruelles et passages délimitant les parcelles (en chinois, siheyuan et yuan zhong yuan) du centre-ville de Pékin, et où habitations et commerces cohabitent. Voyez la trame de Pékin à l’intérieur de son 2ème périphérique dans ces deux figures (l’enceinte de la Cité Interdite représente « virtuellement » le 1er périphérique) :
Trame urbaine du Pékin historique: ville fractale avec la déclinaison de la cour carrée à échelles successives. Images tirées du livre de Serge Salat, "Les Villes et les Formes", CSTB 2011.
Trame urbaine du Pékin historique: ville fractale avec la déclinaison de la cour carrée à échelles successives. Images tirées du livre de Serge Salat, "Les Villes et les Formes", CSTB 2011.
Trame urbaine du Pékin historique: ville fractale avec la déclinaison de la cour carrée à échelles successives. Images tirées du livre de Serge Salat, "Les Villes et les Formes", CSTB 2011.
Trame urbaine du Pékin historique: ville fractale avec la déclinaison de la cour carrée à échelles successives. Images tirées du livre de Serge Salat, "Les Villes et les Formes", CSTB 2011.
Jusqu’en 1950, la Chine ne comptait pas plus de 15% d’urbains. C’était un pays de tradition rurale où l’appartenance au « village » dans l’identité et l’imaginaire populaire était très forte.
L’urbanisation a commencé dans les années 1950 et 60, avec le « Grand bond en avant » lancé par Mao et l’industrialisation du pays. Ce « Grand bond en avant » fut couplé avec la volonté politique de « faire table rase » du passé et de toutes références culturelles et historiques aux structures de pouvoirs traditionnelles et ancestrales.
La percée de l’avenue Chang’An (长安街) située au sud de la Cité interdite illustre bien cette rupture. Reliant d’Est en Ouest le 2ème périphérique actuel de Pékin, Mao a voulu « briser » l’axe Nord/Sud historique et cosmologique symbolisant l’empereur (La Cité interdite), élément central entre le Ciel et la Terre.
L’axe Est-Ouest de l’avenue Chang’an à Pékin. (Crédit : DR)
L’avenue Chang’an à Pékin dans les années 1950. (Crédit : DR)
L’avenue Chang’an à Pékin dans les années 1950. (Crédit : DR)
S’ensuit une période de désurbanisation de 1961 à 1976, liée à la Grande famine et à la Révolution culturelle. De nombreux étudiants, cadres d’entreprises ou intellectuels se sont vus « délocalisés » dans des villages afin de se « ressourcer » aux fondamentaux du communisme…
L’urbanisation ne reprend qu’à partir de 1995, avec l’essor de l’économie chinoise pour arriver à un taux de 55% aujourd’hui.
Graphique tiré d'une note du 25 avril 2014 de la Direction Générale du Trésor et de la Politique économique, Service Economique Régional de Pékin, Marie Urban, attachée sectorielle.
Graphique tiré d'une note du 25 avril 2014 de la Direction Générale du Trésor et de la Politique économique, Service Economique Régional de Pékin, Marie Urban, attachée sectorielle.

L’urbanisation aujourd’hui

De fait, la structure urbaine chinoise et son développement « jugé chaotique », font référence à la frénésie de projets des années 1990 où les centre-villes historiques ont étés complètement phagocyté par la logique fonctionnaliste : grandes pénétrantes urbaines privilégiant la circulation automobile, quartiers découpés par fonctions (administratives, commerciales, enseignements, services aux personnes, résidentiels, etc).
Les « unités de travail » ou danwei (单位), structures sociales de base héritées des années 1970 produisent des quartiers de vie autour de leurs unités de production, les découpant en xiaoqu (小区) à l’image des phalanstères de Fourrier. Ces unités de production « labellisent » fortement l’identité du quartier. Cette production de la ville perdure encore aujourd’hui.
L'entreprise Hang Tian (航天), équivalent chinois de la NASA, construit un projet immobilier résidentiel dans la ville de Xi’an à l'usage de ses employés. Projet en cours de réalisation, conçu par l'agence SUNLD.
L'entreprise Hang Tian (航天), équivalent chinois de la NASA, construit un projet immobilier résidentiel dans la ville de Xi’an à l'usage de ses employés. Projet en cours de réalisation, conçu par l'agence SUNLD.
Aujourd’hui, le 12ème plan quinquennal prévoit un taux d’urbanisation progressant de 0,8 à 1,0 point par an pour atteindre 65% environ en 2030, selon le ministère chinois du Commerce.
En 2006, l’agence officielle Xinhua écrivait : « Pour accueillir ses nouveaux urbains, la Chine devra construire d’ici 2025, plus de trente milliards de mètres carrés de logements urbains. » Il reste près d’une quinzaine de milliards de mètres carré à réaliser, sans compter les bureaux, commerces, équipements publics, etc. Ces chiffres hors normes n’évoquent plus grand-chose… Juste pour donner un ordre de grandeur, une opération immobilière de 200 000 m2 représente une « petite opération » à l’échelle de la Chine. Pour une agence d’architecture c’est une enveloppe d’honoraires de 1 à 2 millions de yuans.
Les capacités de production adossées à une planification volontariste permettent de construire des morceaux de ville à une vitesse qui est sans commune mesure relativement à ce que l’on pourrait connaître en France. A titre d’exemple, un quartier de Pékin, Wangjing (en vert sur l’image ci-dessous), correspondant à un cinquième de la surface de Paris qui fut construit en 25 ans, est en passe d’offrir une alternance du CBD (Central Business District) actuel.
Pékin circonscrit dans son 5e périphérique. Nanjing, au Nord-est. Paris, incrusté sur le plan de Pékin avec la même échelle, et Wangjing intégré dans Paris.
Pékin circonscrit dans son 5e périphérique. Nanjing, au Nord-est. Paris, incrusté sur le plan de Pékin avec la même échelle, et Wangjing intégré dans Paris.

Urbanisation des villes de premier rang : l’exemple atypique de Pékin

Saskia Sassen, The global city: New-York, London”, Princeton Press, 1992.
Le choix de Pékin n’est sans doute pas représentatif des villes de même catégorie. Je l’ai tout de même choisie car la capitale cristallise, peut-être plus que Shanghai, une volonté politique d’afficher la Chine comme superpuissance mondiale. Et ainsi de posséder une ou plusieurs « villes globales »*, telles que New York, Londres ou Tokyo. La ville de Pékin aurait l’ambition d’en faire partie, et elle crée de larges quartiers dédiés aux services « à très haute valeur ajoutée » (high-tech, finance, artistique, consulting) en remodelant le paysage urbain.
« Forgé en 1958, le hukou (户口), livret d’enregistrement qui lie une personne à un lieu de résidence, figure au coeur du dispositif de contrôle de l’urbanisation. Fournir le hukou approprié est nécessaire pour obtenir un logement, trouver un emploi ou accéder au système de santé et d’éducation. Ce livret est par ailleurs décliné en deux catégories : les hukou ruraux, ou « agricoles » et les hukou urbains, ou « non agricoles ». Cette classification interdit aux titulaires d’un hukou rural de travailler en ville. Lire Laurent Hou, Les défis de l’urbanisation grandissante de la Chine, Chine Institute.
Plus qu’ailleurs, les trois dernières décennies ont vu la population doubler, une infrastructure routière et de transport en commun faisant presque tripler sa superficie, et des prix de l’immobilier multiplier par 10 sur les quinze dernières années. La population Pékinoise est passée de 5 à 20 millions d’habitants en soixante ans (chiffre incluant les résidents avec et sans hukou*, et les populations « flottantes »). Cette augmentation est due en grande partie à une forte immigration venue de toute la Chine, les waidiren (外地人), qui se sont installés à Pékin mais n’en possèdent pas le hukou. Beaucoup espèrent y trouver une situation professionnelle stable et prospère afin d’obtenir le hukou, précieux sésame permettant à leur enfant de s’inscrire dans les meilleurs écoles.

Impact sur l’immobilier : la fameuse « bulle » qui n’éclate jamais et n’arrête pas de gonfler

En 2003, la lisière du 5ème périphérique « respirait bon » la campagne. Aujourd’hui, ce sont quartiers d’affaires, clusters technologiques, tours d’habitations et de bureaux. Les classes moyennes sont obligées de s’exiler hors du 6ème périphérique afin de trouver des logements à prix abordables (20 à 30 000 yuans/m2 constructible (soit 3000 à 4500 euros).
Trouver un logement à l’intérieur du 5e périphérique prix-marché pour du neuf ou un produit construit après 2005, est faisable moyennant un prix de base de 45000 yuans/m2 constructible (6600 euros), allant jusqu’à 150 000 yuans/m2 (22 000 euros) pour des logements haut de gamme type siheyuan (bâtiment traditionnel pékinois à cour carrée à deux niveaux) en hyper-centre.
Sur la capitale, à cause d’une très forte demande, tous les projets résidentiels commercialisés en VEFA (ou vente en état futur d’achèvement) sont vendus avant la fin des travaux.
Cette « production » de la ville a une forte incidence sur l’environnement, sur les infrastructures et surtout sur une spéculation foncière hors norme. Le prix de l’immobilier a été multiplié en moyenne par 10 entre 2004 et 2015.
Lorsqu’en 2004, j’ai réalisé avec l’agence SUNLD (三磊六东国际) un projet de logements près de Xiangshan, banlieue Nord-Est de Pékin, les prix de vente avaient doublé entre le début de la commercialisation du projet, 35000 yuans/m2 constructible (5000 euros), et la vente de la « queue de programme », soit en un laps de temps de 3 ans.
Projet Résidentiel à Xiangshan (香山). (Crédit : SUNLD 三磊六东国际)
Projet Résidentiel à Xiangshan (香山). (Crédit : Architecture Design, Beijing Residential, 2007)
Projet Résidentiel à Xiangshan (香山). (Crédit : SUNLD 三磊六东国际)
Pour les architectes, ces années prolifiques étaient un peu le rêve : les projets rentraient à l’agence sans trop d’effort de prospection. Le revers de la médaille était que ce marché, où la demande dépassait l’offre, ne laissait pas trop de place à la recherche et à la qualité architecturale. Accéder à la commande pour une agence revenait à être le « moins-disant » mais il fallait être le plus rapide en termes de délai de conception.
Cette situation aujourd’hui a évolué. Le marché s’est un peu ralenti et est devenu plus mature. Les promoteurs sont obligés d’affiner les études afin de faire évoluer le produit immobilier vers plus de qualité.

L’urbanisation des villes de 4ème et 5ème rang

L’entreprise WinSun a fait construire un immeuble de 6 étages par une imprimante 3D.
Ce que les grandes villes ont connu comme changements sur 30 ans, les villes de 4ème et de 5ème rang en sont elles-mêmes les témoins, et ce sur des périodes extrêmement plus courtes, au vu des capacités de production, comme je l’ai spécifié précédemment, nettement plus efficaces* (constructions des infrastructures, bâtiments de très grandes hauteurs construits en quelques mois, modalités d’expropriation et de relogements expéditifs). On parle de 150 à 200 millions d’urbains supplémentaires d’ici 2025.
Les politiques utilisent le terme Chengzhenhua (成真化), c’est-à-dire « densification des bourgs et villages », au lieu de Chengshihua (成市化), « urbanisation ». La plupart de ces petites villes suivent un schéma directeur (大规划, daguihua) dont les axes ont été définies par la Direction de l’Urbanisme, qui dépend du ministère de la Construction. Les études adossées aux schémas directeurs sont réalisées par le bureau d’urbanisme de la ville locale, ou bien, comme c’est souvent le cas, par les instituts de planning de grandes universités, telles Qinghua (Pékin) ou Tianjin pour les villes situées au nord du Fleuve Jaune, et Tongji (Shanghai) pour les villes situées au Sud.
Ces petites villes, souvent en « compétition » avec les villes limitrophes, se retrouvent « clusteurisées » sans forcément le vouloir. Autrement dit, elles sont intégrées dans des pôles de développement type « clusters » ou réseaux de villes.
Ces villes ont ensuite la charge de « mettre en musique » une planification qui parfois, ne correspond pas aux réalités locales. Leur difficulté alors, est de passer de la phase du schéma directeur (大规划, daguihua) aux phases « Urban Design » et projet architectural , sans outils d’aides à l’aménagement, tels que nous avons en France à l’image les PAE (Plan d’améngaement d’ensemble) ou ZAC (Zone d’aménagement concertée), ou ZPPAUP (Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager).
Pour faire de nouveau un parallèle avec l’Hexagone, nos petites municipalités sont confrontées parfois aux mêmes problèmes de compétences techniques au sein de leur service. Il existe toutefois toute une panoplie d’aide à l’aménagement du territoire, avec les services décentralisés de l’Etat type DDE, Agences d’urbanisme, les CAUE, l’ADEME, les Bâtiments de France, la MICQ, etc. Ces structures n’existent pas en Chine.
En Chine, les petites villes n’ont pas en interne de ressources humaines en quantité et en qualité suffisantes pour avoir un regard critique sur les épais dossiers déposés par les promoteurs et les agences d’architecture.
Les jeunes urbanistes ou architectes chinois qualifiés préfèrent travailler pour des structures offrant une perspective de carrière et des salaires attractifs. Lors de la présentation d’un projet dans une petite commune du Yunnan, j’ai été témoin d’une situation un peu « ubuesque » où le promoteur, en pleine réunion, distribuait des enveloppes contenant la rémunération des experts choisis par les collectivités locales pour les assister. Je m’étonnais de ce fait à mon boss, et celui-ci me rétorquait qu’en Chine, c’était une pratique courante, au regard des moyens « limités » de ces petites communes.
Cela limite fortement leurs critiques et celles-ci se résument souvent à la couleur des matériaux de façade, ou au nombre insuffisant de places de parking. Les problèmes de fond sont ainsi soigneusement évités. Cette « mise en musique » se fait donc assez difficilement et on peut évidemment penser que la responsabilité de l’agence d’architecture sera fortement engagée si cette dernière fait passer les intérêts du développeur avant toute éthique déontologique.

Comment ces petites villes s’inspirent-elles de leurs aînés?

De nombreux experts essaient d’analyser les dynamiques urbaines chinoises et tentent d’en comprendre les mécanismes de développement afin d’en définir des modèles. On entend dire qu’une planification intelligente doit intégrer les concepts de ville durable, tout en gardant l’efficacité moderniste et progressiste initiée dans les années 1970.
« Paris, Tokyo, Pékin répondent à cette logique fractale ». Serge Salat, « Les Villes et les Formes », CSTB 2011.
Certains parlent de l’émergence d’un modèle dit « intégrationniste » (Jean-François Doulet, « L’urbanisme chinois et l’émergence du modèle « intégrationniste », Métropolitiques, 27 Avril 2015). D’autres font le « grand écart » entre l’opposition rationnelle de la ville moderne et la ville historique et traditionnelle. Ou bien encore, partent de la trame historique originelle de la ville fractale décrite par Serge Salat*, afin de mieux comprendre sa morphogenèse, pour un développement plus systémique… Je ne pourrai avec certitude avancer un élément de réponse. Peut-être un peu de tout cela.
Si l’on doit qualifier une tendance urbaine de ces petites villes chinoises, on pourrait utiliser le mot « opportunisme ». Elles ont une démarche très pragmatique par rapport à un marché où le rapport de force est clairement du côté des investisseurs.
Il existe une très grande dichotomie entre le discours des officiels avec une planification idéalisée, des beaux plans masses en couleur, et la réalité du « terrain » où les enjeux économiques locaux prennent le pas sur la qualité des aménagements et des cadres de vie. L’espace public est délaissé : les espaces dit « de transition » entre l’espace public et privé sont inexistants. Les espaces de services près des équipements publics ne répondent pas aux besoins et sont de facto inutilisables.
Au plus nous avons des benchmarks de modèles urbains, type « phalanstères à émissions zéro » laissés à l’initiative de développeurs « illuminés », dessinés par les grosses agences « corporate » (voir ma chronique précédente, à l’aide d’arguments financiers et techniques.
Projet de ville satellite de Chengdu de l'agence AS+GG de 1.3 km2. (Crédit : Adrian Smith, Gordon Gill)
Projet de ville satellite de Chengdu de l'agence AS+GG de 1.3 km2. (Crédit : Adrian Smith, Gordon Gill)
Projet de ville satellite de Chengdu de l'agence AS+GG de 1.3 km2. (Crédit : Adrian Smith, Gordon Gill)
Projet de ville satellite de Chengdu de l'agence AS+GG de 1.3 km2. (Crédit : Adrian Smith, Gordon Gill)
Nous avons aussi une approche life style où le modèle urbain est secondaire et laisse place à l’importation de morceaux de villes qualifiant des « ambiances urbaines » telles que la ville « Thames Town » près de Shanghai ou la ville « à la Française » de Tianducheng à Hangzhou.
Situé dans la province du Shandong, le village de Dawenkou restructure un tiers de sa superficie et une trentaine d’architectes, des diplômés de l’université de Qinghua se sont vus attribuer une parcelle.
D’autres projets, nettement qualifiés « d’avant-garde » en terme de programmation, mettent en exergue une amorce de « Partenariat Public Privé » plus intelligent, à l’instar d’une opération de revitalisation/requalification d’un village* dans le Shandong, où un promoteur privé est adossé à une structure « plurielle » composée d’élus, d’experts de l’université de Qinghua et d’associations civiles.
Vue de Dawenkou par image Googlearth : en rouge le périmètre de l’opération immobilière, en blanc, les différentes parcelles. A noter que toutes les agences d’architecture amenées à travailler sur le projet ont à leur tête un diplômé de l’université d’architecture de Qinghua.
Vue de Dawenkou par image Googlearth : en rouge le périmètre de l’opération immobilière, en blanc, les différentes parcelles. A noter que toutes les agences d’architecture amenées à travailler sur le projet ont à leur tête un diplômé de l’université d’architecture de Qinghua.

Pour conclure ?

Un ami architecte me disait dernièrement que ce qui faisait peut-être la spécificité chinoise, tant dans son architecture contemporaine que dans son développement urbain, était ce côté « patchwork » où tous les styles et modèles étaient juxtaposés les uns à coté des autres, formant une certaine « harmonie ». Un autre ami sociologue m’expliquait le concept de la société harmonieuse à la chinoise: l’acceptation de certaines inégalités pour le bien du « groupe ».
Ces deux personnes évidemment n’utilisaient pas le mot « harmonie » avec le même sens. On peut cependant se poser la question de certaines villes délaissées pour le bien d’un développement urbain « durable » et « harmonieux », où la composante économique prime sur tous les autres critères. Quid de ces villes?

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A propos de l'auteur
Eric Le Khanh est architecte DPLG et Urbaniste ENPC, installé depuis 2003 en Chine, à Shanghai et surtout Pékin. Au milieu des années 1990, le contexte français n'étant pas très optimiste, il a donc décidé d'aller "tenter l'aventure" à l'étranger. La Chine à l'époque est en plein essor et ce choix lui paraît évident.
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