Revue de Presse Asie – 3 septembre 2015

Parade chinoise ambiguë, élections birmanes menacées et bruits de bottes indo-pakistanais

Copie d’écran du Korea Herald, le 3 septembre 2015.
Copie d’écran du Korea Herald, le 3 septembre 2015.

ASIE DU NORD-EST

Chine : les ambiguïtés d’une parade musclée

China Daily – C’est une « pratique courante » chez les présidents chinois, d’après le China Daily. Pourtant, en ce jour de célébration de la victoire chinoise contre le Japon et dans un contexte de tensions militaires en mers de Chine, peu d’observateurs occidentaux s’attendaient à ce que Xi Jinping déclare une réduction des effectifs de l’Armée populaire de Libération, à hauteur de 300 000 hommes… Mais pour l’expert militaire chinois Song Xiaojun, cette démarche « est en accord avec l’engagement fait par Xi Jinping de ne jamais rechercher l’hégémonie ». Elle correspond aussi à une stratégie qui privilégie désormais l’investissement dans le high-tech de l’armement plutôt que dans le nombre des contingents de soldats.
A cela, un edito de Xinhua cité dans le Quotidien du peuple ajoute que la Chine n’a pas voulu montrer ses muscles à travers la parade militaire d’aujourd’hui, contrairement à ce qu’affirment les médias occidentaux. Elle a simplement voulu rappeler ses souffrances et son héroïque contribution à la victoire contre le Japon, qu’elle juge peu reconnue dans le monde. Le défilé de ses armes de pointe n’était là que pour montrer sa détermination à « protéger la paix dans le monde ».
Mais le New York Times vient porter une ombre à ce tableau prétendument pacifiste. Hier mercredi 2 septembre, le Pentagone a noté la présence de navires chinois au large des côtes de l’Alaska pour la première fois. Mais d’après la défense américaine, pas de menace militaire : plutôt une volonté de défendre les intérêts économiques de Pékin dans l’Arctique – une région hautement convoitée depuis quelques années, à la faveur du réchauffement climatique.

Rencontre au sommet entre Shinzo Abe, Xi Jinping et Park Geun-Hye prévue d’ici la fin de l’année

Japan Times – Leur dernier sommet trilatéral remonte à 2012. Le Japon, la Chine et la Corée du Sud se rencontreront certainement « fin octobre, début novembre », indique le Japan Times. Il y a trois ans, Pékin et Séoul s’étaient indignés du manque d’efforts de Tokyo pour s’excuser des actions entreprises par le « Grand Japon », entre 1931 et 1945 notamment. Aujourd’hui, les relations entre Xi Jinping et Park Geun-Hye semblent au beau fixe ; celles entre Xi Jinping et Shinzo Abe, dans une dynamique d’amélioration ; mais celles entre Park Geun-Hye et Shinzo Abe sont tendues. En cause, d’après le Japan Times, la question des « femmes de réconfort » de l’armée japonaise : ces milliers de Coréennes prostituées de force pour les soldats nippons.

Corée du Sud : présence remarquée de la présidente Park Geun-Hye à la parade de Pékin

Korea Herald – Habillée d’une veste jaune canari et assise aux côtés de Vladimir Poutine, à un siège du président Xi Jinping, difficile de manquer Park Geun-Hye à la parade militaire de Pékin. Il faut dire que les relations entre la Chine et la Corée du Sud sont particulièrement apaisées. Au coeur de la stratégie de Séoul, la volonté de s’assurer du soutien chinois sur le dossier nord-coréen. Selon Séoul, Pékin dispose toujours d’un important levier d’action sur Pyongyang, d’autant que Xi Jinping s’est déjà montré plus critique que ses prédécesseurs vis-à-vis de la dynastie Kim. Et le Japan Times de rapporter les propos du numéro un chinois après son entrevue avec Park Geun-Hye : « nous sommes de bons amis et d’importants promoteurs de la paix régionale et mondiale ».

ASIE DU SUD-EST

Birmanie : inondations et élections ne font pas bon ménage

Myanmar Times – Alors que le gouvernement birman promet la tenue d’élections « libres et transparentes » en novembre, les inondations et glissements de terrains dus aux pluies torrentielles du mois d’août pourraient bien remettre en cause le bon déroulement du processus élecoral. Le Myanmar Times soulève l’exemple de l’Etat Chin, au nord-ouest du pays, avec ses 15 000 déplacés, ses routes barrées et ses ponts écroulés. Dans ces conditions, difficile pour les différents partis politiques de faire campagne, et pour les habitants de se déplacer jusqu’aux bureaux de vote. Conséquence : la Commission électorale réfléchit à repousser l’élection dans les zones de l’Etat où « les conditions de circulation et de communication restent difficiles ».

Indonésie : des chasseurs russes pour l’aviation indonésienne

Tempo – L’Indonésie annonce enfin sa préférence pour des avions de combat russes, en accord avec son discours « non-aligné ». Le ministère de la Défense a en effet décidé de remplacer 16 de ses appareils américains, des F-5 Tiger, par des Sukhoi-35. Commentant cette décision, le ministre indonésien de la Défense Ryamizard Ryacudu a déclaré : « Désormais nous avons des appareils américains, chinois et russes. Nous ne prenons pas parti pour un bloc particulier. »

Malaisie : Najib Razak dans le colimateur des observateurs internationaux et de la justice de son pays

The Malaysian Insider – La situation du Premier ministre malaisien Najib Razak est de plus en plus délicate. En marge de la 16e Conférence internationale contre la Corruption à Putrajaya, en Malaisie, plusieurs observateurs étrangers se sont confiés au site d’information The Malaysian Insider : la diplomate portugaise et députée européenne Ana Maria Gomes, le directeur international de Greenpeace Kumi Naidoo, et la directrice des politiques anti-corruption de l’Agence novégienne pour la coopération au développement (NORAD), Lise Stensrud. Tous ont décrit comme « suspectes » les actions de Najib Razak, actuellement plongé dans un scandale de transfert de fonds frauduleux.
Et la situation ne s’arrange pas non plus dans son propre pays. Après les manifestations monstres de ce week-end, c’est au tour de la justice malaisienne de rappeler à l’ordre Najib Razak. Dans un second article, The Malaysian Insider informe ainsi que la Haute Cour a demandé au Premier ministre de présenter une défense d’ici octobre dans le cadre de la plainte déposée mi-août par le principal parti d’opposition PKR. Il accuse le parti de Najib Razak, le BN (Barisan Nasional), d’avoir violé la loi électorale en établissant des comptes de campagnes 26 fois supérieurs à la limite autorisée (voir notre revue de presse du 12 août 2015).

Malaisie : 13 morts dans le naufrage d’une embarcation de migrants

The Jakarta Post – En parallèle de l’Europe, la crise migratoire se poursuit en Asie du Sud-Est. Une embarcation sommaire transportant au moins 70 migrants indonésiens s’est brisée dans le détroit de Malacca ce jeudi, causant la mort de 13 d’entre eux. Le bateau en bois s’est ensuite échoué sur les côtes de l’Etat malaisien de Selangor, à l’ouest du pays. Le chef local de la police maritime a déclaré avoir déployé 12 navires, un avion et plus de 200 personnes pour effectuer les recherches des migrants disparus dans le naufrage.

ASIE DU SUD

Inde : impact de la parade militaire chinoise sur la politique de défense indienne

Times of India – La démonstration de puissance effectuée ce jeudi à Pékin provoquera-t-elle un sursaut militaire indien ? C’est ce que suppose le Times of India, pour qui la parade chinoise pourrait bien inciter New Delhi à investir dans de nouveaux équipements de défense. Alors que l’Inde entretient des litiges territoriaux avec la Chine (en Arunachal Pradesh et en Aksai Chin), elle pourrait se sentir menacée par une armée chinoise aux capacités plus élevées que les siennes – en attestent les armes de pointes déployées par Pékin à l’occasion du défilé. Toujours selon le quotidien indien, le Japon pourrait également profiter de l’occasion pour annoncer une nouvelle augmentation de son budget de défense… Finalement, tout cela pourrait entraîner une nouvelle « course aux armements » régionale.

Pakistan : les troupes sont prêtes pour la guerre, d’après le ministre de la Défense

Dawn – Dilemme du prisonnier en Asie du Sud. Les frères ennemis indiens et pakistanais se regardent en chien de faïence, de part et d’autre de la Ligne de Contrôle qui divise la région disputée du Cachemire. Dernier rebondissement en date : la déclaration du ministre pakistanais de la Défense, selon lequel l’armée est prête à mener une guerre « de court ou de long terme ». Cela fait écho à la déclaration récente du chef de l’armée indienne, indiquant que ses troupes sont prêtes à réagir en cas d’opération militaire. La Ligne de contrôle est fréquemment secouée par des échanges de tir d’artillerie (voir notre revue de presse du 28 août).

ASIE CENTRALE

Changement climatique : la fonte des glaciers a commencé en Asie centrale

Sciences et Avenir – Alors que l’eau constitue déjà un important facteur de tensions en Asie centrale (agriculture et hydroélectricité), le changement climatique pourrait bien aggraver la situation. L’augmentation des températures dans la région entraîne la fonte des principaux glaciers du massif du Pamir (Tadjikistan) et des monts Tian (Kirghizistan). Conséquence : d’importantes inondations et glissements de terrains ont ravagé certaines zones des deux Etats. L’impact est également économique : par exemple, les stations de ski deviennent moins rentables à mesure que la saison hivernale raccourcit, indique Sciences et Avenir.

Kirghizistan : rencontre du Président kirghize avec son homologue chinois

Xinhua – Les festivités chinoises en mémoire de la victoire de 1945 sont l’occasion, pour Xi Jinping, de s’entretenir avec bon nombre de ses homologues. C’est le cas pour le président kirghize, Almazbek Atambaïev, reçu en marge des célébrations. Les deux chefs d’Etat ont déclaré qu’ils souhaitaient approfondir leurs relations dans trois principaux domaines : l’énergie, l’agriculture et les transports. D’après l’agence officielle chinoise Xinhua, Xi Jinping a également indiqué que la Chine était « prête à coopérer avec le Kirghizistan pour soutenir sa stabilité et son développement dans le cadre de la Ceinture économique de la Route de la soie ». Une allusion à peine voilée à la communauté ouïghoure qu’abrite le pays et que Pékin considère comme une menace pour sa propre stabilité dans la région autonome du Xinjiang.

La rédaction d’Asialyst

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