Revue de presse Asie - 20 août 2015

Cyanure chinois, Interpol à Bangkok et accusations indo-pakistanaises

Copie d’écran du China Daily, le 20 août 2015
Copie d’écran du China Daily, le 20 août 2015.

Asie du Nord-Est

Tianjin : le maire promet de déplacer les sites chimiques, taux faramineux de cyanure dans l’eauChina Daily – Pour la première fois depuis la double explosion du 12 août dernier qui a fait au moins 114 morts et 64 disparus, le maire de Tianjin s’est exprimé face aux médias. Reconnaissant son « incontestable responsabilité », Huang Xingguo s’est engagé à transférer les sites chimiques vers une zone industrielle (Nangang Industrial Zone), à 25 kilomètres de l’endroit où s’est produit la déflagration, la Tianjin Binhai New Area (TBNA). Le directeur de la TBNA a d’ailleurs tenu à rassurer les 17 000 foyers touchés par l’accident, qui seront dédommagés « en accord avec la loi » : « Ils doivent faire confiance au gouvernement », a-t-il déclaré. Mais la colère continue de gronder parmi les habitants, inquiets de leurs conditions de vie suite à la catastrophe. Ainsi le taux de cyanure dans les eaux proches du site de l’explosion est 277 fois plus élevé que la normale, ont averti les autorités locales citées par Reuters. Ces dernières ont néanmoins indiqué que l’eau restait potable. De tels comportements expliquent que l’ONU ait récemment reproché à la Chine un manque de transparence « tragique » dans la gestion de la catastrophe, rapporte la BBC.
Japon : un budget de Défense record demandé pour « contrer la Chine »Asahi Shimbun – 41 milliards de dollars : c’est le montant du budget que demande le ministère nippon de la Défense pour 2016, soit 2,2 % de plus qu’en 2015. Dans son article, le quotidien japonais Asahi Shimbun revient en détails sur les acquisitions d’armes prévues, toutes destinées à « contrer l’influence maritime grandissante de la Chine ». Les dépenses militaires japonaises sont en hausse depuis 4 ans maintenant (voir notre infographie).
Corées : échange de tirs entre le Nord et le Sud sur la DMZKBS News – Les tensions intercoréennes franchissent un nouveau cap ce jeudi 20 août, avec des échanges de tirs entre Pyongyang et Seoul autour de la zone de démilitarisée (DMZ) entre les deux Etats. Vers 16h (heures locales), la Corée du Nord aurait envoyé un obus visant un haut-parleur diffusant de la propagande anti-communiste. Le ministère sud-coréen de la Défense a annoncé avoir répliqué avec un tir de 36 obus en direction de la zone de lancement nord-coréenne. Aucun dégât ni victime n’est à déplorer pour l’instant. Face à ces événements, la Corée du Sud a élevé son niveau d’alerte au grade maximal, d’après The Asian Correspondent. Cet échange de tirs intervient dans un contexte de haute tension entre Séoul et Pyongyang. L’explosion de mines anti-personnel dans la DMZ avaient blessé deux soldats sud-coréens au début du mois, quelques jours avant l’ouverture d’exercices militaires conjoints entre les Etats-Unis et la Corée du Sud.

Asie du Sud-Est

Thaïlande : deux nouveaux suspects dans l’attentat de Bangkok, Interpol appelée à l’aideBangkok Post – L’homme le plus recherché de Thaïlande est « caucasien, arabe ou métisse », a « entre 20 et 30 ans » et mesure environ 1,70 m. C’est en tout cas la description qu’en fait la police du royaume, persuadée que l’auteur de l’attentat n’est pas thaïlandais. Les forces de l’ordre ont également déclaré être à la recherche de deux autres individus, présents aux côtés du suspect n°1 sur les images de vidéosurveillance, aux abords des lieux de l’explosion. En tout, rapporte le Jakarta Post, c’est un réseau d’une dizaine de personnes qui serait impliqué dans ces attentats. Le poseur de bombe aurait eu besoin de complices pour examiner le site, mettre au point une stratégie d’arrivée et de sortie, et surtout acquérir les matériaux nécessaires à la fabrication d’une bombe.
Face à un tel niveau d’organisation, la Thaïlande a demandé l’aide d’Interpol et la collaboration de compagnies aériennes internationales, rapporte le Guardian. Le gouvernement change donc de stratégie après avoir souhaité une enquête strictement nationale au lendemain de l’attentat. C’est la première fois que Bangkok est confrontée à de tels événements, et les autorités peinent encore à l’expliquer. Le Premier ministre et chef de la junte Prayuth Chan-o-cha a d’ores et déjà écarté plusieurs pistes : séparatisme musulman (au sud du pays), terrorisme international (Daech), et solidarité ouïghoure) (suite à l’expulsion de 109 ouïghours vers la Chine en juillet).
A lire, l’analyse fascinante de l’universitaire britannique Matthew Philips sur la façon dont les autorités thaïlandaises gérent la crise, notamment au niveau de « l’image extérieure » du pays, sur le site Asian Correspondent. Selon lui, les militaires thaïlandais ont instauré, depuis la guerre froide, une idéologie rendant les individus responsables de l’image internationale du pays, notamment pour le développement du tourisme. Toute violence importante, dit-il, se doit donc d’être limitée au « monde Thaï ». L’attentat de lundi avec son grand nombre de victimes parmi les touristes étrangers, constitue une situation inédite et pose un défi à cette vieille approche de l’élite militaro-bureaucratique thaïlandaise.
Indonésie : heurts entre police et manifestants qui refusent la réquisition de terresJakarta Globe – Jets de gaz lacrymogène et tirs de canons à eau ont eu raison de la foule d’individus qui, à Jakarta, manifestaient contre leur expulsion prochaine. Les terrains qu’ils occupent se trouveraient en zone inondable, d’après les autorités. Plusieurs personnes ont été blessées lors de l’affrontement, mais aucune arrestation n’aurait été effectuée d’après le Jakarta Globe. Le quotidien indonésien rappelle que les différends fonciers entre l’Etat, les entreprises et les particuliers sont légion dans le pays.
Philippines : libération de 2 otages aux mains d’Abou SayyafSun Star – Deux gardes-côtes ont profité d’une escarmouche entre les combattants du mouvement séparatiste Abou Sayyaf et l’armée philippine pour se libérer de leurs ravisseurs. Kidnappés au mois de mai, ils ont été transférés à l’hôpital après avoir été pris en charge par les autorités. Le quotidien Sun Star rappelle qu’Abou Sayaff est l’un des seuls groupes n’ayant pas signé l’accord de paix de 2014 entre le gouvernement et les séparatistes du sud des Philippines.

Asie du Sud

Inde : des leaders séparatistes du Kashmir en résidence surveillée puis vite libérésThe Hindu et NDTV – Ils avaient été invités par le Pakistan, geste perçu par l’Inde comme une provocation. Trois leaders séparatistes du Kashmir (région disputée entre l’Inde et le Pakistan depuis la partition de 1947) ont été placés en résidence surveillée puis rapidement relâchés par la police indienne. New Delhi s’oppose à leur participation à la rencontre indo-pakistanaise entre conseillers en sécurité nationale : il s’agirait de fait d’une rencontre non plus bilatérale, mais trilatérale. Une « ligne rouge » que le ministère indien des Affaires étrangères se refuse à franchir. Commentant ces derniers événements, l’ancien Chief Minister de la province indienne du Jammu et Kashmir a déclaré sur Twitter : « Je n’ai jamais vu un dialogue indo-pakistanais que les deux parties veulent autant saboter. L’Inde et le Pakistan se font la course au meilleur motif d’annulation. »
Pakistan : « l’Inde finance le terrorisme », accuse le ministre de l’IntérieurThe Nation – La réponse du Pakistan ne s’est pas faite attendre. Deux jours après les propos du Premier ministre indien Narendra Modi, accusant à demi-mot Islamabad de soutenir le terrorisme, c’est maintenant au tour du ministre pakistanais de l’Intérieur d’adresser les mêmes reproches à son frère ennemi. Il affirme ainsi que l’Inde est derrière les actions terroristes menées sur le territoire pakistanais tel que l’attentat du 16 août, qui a coûté la vie à 19 personnes dont le ministre de l’Intérieur du Punjab (voir notre revue de presse).
Sri Lanka : « Attention aux divisions », prévient le Premier ministre vainqueur des électionsFirstpost – Il sera reconduit cette semaine dans ses fonctions de chef du gouvernement. Mais malgré un succès électoral frappant (son parti double son nombre de sièges), Ranil Wickremesinghe doit son salut à la minorité tamoule. En effet, c’est grâce à la Tamoul National Alliance (TNA, 16 sièges) qu’il peut obtenir la majorité au Parlement srilankais : à lui seul, son parti (UNP) n’obtient que 106 sièges sur 255. De son côté, le député TNA Dharmalingam Sithadthan a indiqué que son parti siègerait tout de même dans l’opposition, bien qu’il puisse apporter son soutien ponctuellement au gouvernement. En raison de cette alliance, Wickremesinghe appelle ses concitoyens à l’unité nationale : la mémoire de la guerre civile entre Tamouls et Cinghalais est encore à vif dans le pays.

La rédaction d’Asialyst

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