Revue de presse économique - 14 août 2015

L'Eco de la presse asiatique

Copie d'écran du site de Dawn le 14 août 2015
Copie d'écran du site de Dawn le 14 août 2015.
« Made in China », « Make in India », « et nous, et nous, et nous », crient en cœur les pays du sud et du sud-est de l’Asie ! A l’heure des exportations en berne, toutes les capitales asiatiques rêvent d’attirer les investisseurs. Devenir les rois de la sous-traitance, remplacer l’ex-atelier du monde chinois, demande toutefois des atouts qui dépassent la simple question des coûts de production. Main-d’œuvre qualifiée, qualité des services et technologies de l’information, autant d’éléments qu’entendaient mettre en avant les Philippines, le Vietnam, le Pakistan et d’autres cette semaine dans vos journaux. Avec évidemment en réserve, y compris à Pékin, le retour à l’arme des taux de change pour tenter de relancer les productions nationales.

Asie du Sud-Est

Textile
Made in PhilippinesThe Manilla Times (10.08.2015) – Comment attirer les fabricants textiles qui quittent la Chine en raison de coûts désormais jugés trop élevés ? La question vaut pour le Bangladesh, le Cambodge, l’Indonésie et le Vietnam, elle vaut aussi pour les Philippines. Le secteur pourrait créer des milliers d’emplois note The Manilla Times, mais pour cela encore faut-il connaître le bon cocktail qui fera revenir les investisseurs. Selon l’Autorité des statistiques du pays, les exportations ont totalisé près de 4,9 milliards de dollars en mai dernier, soit un recul de 17,4 % par rapport à la même période l’an passé. Une relance de la confection permettrait de sortir de ces mauvais chiffres. Le quotidien précise que la Chine contrôle toujours 42 % du marché de l’habillement aux Etats-Unis, tandis que les Philippines – pays pourtant « ami » de Washington – ne possède qu’une maigre part de 1 %.
Technologies de l’information
Made in VietnamVietnamNet (09.08.2015) – Les spécialistes appellent cela la période de « la population en or ». Ces termes un rien cyniques servent ici à décrire un moment de l’histoire propre à chaque pays, marqué à la fois par de faibles coûts salariaux et une stabilité des personnels. Selon le cabinet d’analyse Gartner, le Vietnam en serait à ce stade. Son coût du travail étant égale à la moitié du coût du travail en Inde, le Vietnam pourrait ainsi devenir leader sur le marché des technologies de l’information et de l’outsourcing (ITO). Chaque année, 40 000 élèves obtiennent le baccalauréat informatique. Outre les incitations fiscales proposées aux investisseurs, le pays propose des frais de service inférieur à ceux de l’Europe de l’Est et de l’Inde indique encore le cabinet d’études. Le Vietnam a déjà été choisi par des entreprises japonaises comme leur destination numéro un pour la sous-traitance. Ho-Chi-Minh-Ville (classée 18) et Hanoi (20ème) ont toutes deux été listées parmi les 100 adresses les plus attractives. Pour se développer d’avantage, le pays a besoin de marques fortes, souligne toutefois les analystes interrogés par le quotidien.
Matières premières
Birmanie : les exportations de riz suspendues suite aux inondationsThe Bangkok Post (14.08.2015) – La Fédération du Riz Birman a volontairement suspendu ses exportations de riz pour prévenir une envolée des prix, cela après que plus de 200 000 acres (environ 81 000 hectares) de rizières ont été détruits par les pluies torrentielles de ces derniers mois. Cette suspension doit être maintenue jusqu’à la mi-septembre. Plus d’un million de personne ont été affectées sévèrement par les inondations. La destruction des cultures et du bétail remet en cause la sécurité alimentaire dans certaines régions, affirmait la FAO le 10 août dernier. La fin provisoire des exportations birmanes devrait entraîner une hausse des prix mondiaux du riz d’environ 10 dollars par tonne, selon Kiattisak Kanlayasirivat, le directeur d’Ascend Commodities SA à Bangkok.

Asie du Sud

Énergies
Pétrole : nouvelle baisse des prixThe Times of India (11.08.2015) – Après avoir repris quelques forces suite aux informations sur une hausse des importations chinoises de brut en juillet, voilà que les prix du pétrole sont repartis à la baisse ce mardi 11 août en raison de la dévaluation du yuan. La Chine joue sur sa monnaie pour stimuler son économie, note le Times of India. Le Brent est tombé en-dessous de 50 dollars le baril à Londres. Le panier indien de brut a lui aussi reculé sous la barre des 49,11 dollars le baril lundi.
Commerce International
Pakistan : exportations en berneDawn (14.08.2015) – Voilà plus d’un an et demi que le volume des exportations pakistanaises ne cesse de diminuer, se désole l’éditorialiste du site d’information Dawn cette semaine. Le déficit commercial qui était de 15 milliards de dollars en 2013, a atteint 17 milliards dollars. « Aujourd’hui, nous avons des associations d’entreprises tournées vers l’export qui multiplient les SOS, poursuit l’éditorialiste, et des économistes qui parlent d’un état désastreux des affaires. (…) Tout cela montre une déconnexion entre les décideurs politiques et les acteurs économiques. » De son côté, la Banque centrale pakistanaise pointe du doigt la baisse du prix des matières premières, la concurrence croissante de l’Asie du Sud, les pénuries d’énergie et le jeu sur les taux de change. « Le gouvernement doit mieux prendre en compte cette tendance à la baisse des exportations, car cela à des conséquences sur la création d’emploi ainsi que sur l’entrée des devises. »

Asie du Nord-Est

Taux de change
Pékin dévalue le yuanSouth China Morning Post (12.08.2015) – Après une dévaluation choc mardi , Pékin a de nouveau fait tomber le cour du yuan ce mercredi 13 août. Les dévaluations dites « back-to-back » ont ​​entraîné une baisse de 4 % de la monnaie chinoise en deux jours. Résultat : Ces chiffres ont contribué à alimenter la déprime des marchés. La crainte immédiate étant celle d’une guerre des monnaies dans laquelle d’autres pays iraient affaiblir leurs devises pour protéger leurs intérêts commerciaux. Le Vietnam a ainsi doublé la bande de fluctuation du Dong mercredi. Le won coréen est tombé à son plus bas niveau en près de quatre ans, tandis que le dollar de Taïwan a clôturé à son plus bas niveau en plus de cinq ans. Même chose pour la roupie indonésienne, le ringgit de Malaisie, ainsi que les dollars australiens et néo-zélandais.
Commerce international
Chine : recul des exportations sud-coréennesChosun Ilbo (11.08.2015) – C’est en partie la faute des concurrents chinois de l’électronique. Avec la montée en gamme des smartphones, des tablettes et des ordinateurs Made in China, la Corée du Sud a des soucis à se faire pour sa balance commerciale. Sept des dix plus gros exportateurs sud-coréens ont ainsi vu leur chiffre d’affaire en Chine s’effondrer ces six derniers mois. Le plus grave, indiquent les spécialistes cités par le Chosun, étant qu’il s’agit d’une situation nouvelle qui ne peut trouver d’explications dans des facteurs externes. Un tel recul des exportations n’a pas été constaté depuis 1998 et 2009, deux dates qui correspondent, pour la première à la crise asiatique et pour la seconde, à la crise économique mondiale.
Pouvoir d’achat
Les Mongoles récupèrent 2 % de TVAThe UB Post (10.08.2015) – La taxe sur la valeur ajoutée « révisée » et votée par le Parlement mongole en juillet de dernier, entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2016. Résultat : une grande partie de la population devrait pourvoir récupérer 2 % de TVA sur ses achats payés dans l’année. Il suffira pour cela de présenter les originaux de ses tickets de caisse au bureau local des impôts.
Infrastructures
Japon : les villes fantômes se multiplientCaixin (10.08.2015) – C’est l’une des « nombreuses contradictions » de l’Archipel, note le quotidien économique chinois : Alors que Tokyo ne cesse de s’étendre, les campagnes japonaises vieillissent et perdent des habitants. Avec une région métropolitaine de plus de 38 millions d’habitants, la capitale japonaise reste la ville la plus peuplée au monde poursuit Caixin, mais la population globale du pays continue de diminuer. Le Japon a perdu 270 000 habitants l’an dernier, et le taux de fécondité (1,4 enfant par femme), associé à une politique de l’immigration traditionnellement très restrictive, ne permet pas de compenser le nombre des décès. Les campagnes se vident de leurs agriculteurs désormais trop âgés pour le travail des champs. Les seniors préférant de surcroît se rapprocher des mégalopoles mieux équipées en matière de soins. Ce contexte entraîne une modification des paysages. De nombreuses habitations sont désertées dans les petites agglomérations. Les « villes fantômes » ne sont plus l’apanage de la Chine, elles se multiplient aussi au Japon. A la campagne, une maison sur sept serait aujourd’hui inhabitée. Une loi récente est censée mettre à l’amende les personnes qui par négligence abandonnent leur domicile sans le remettre en vente, ce qui pour l’instant n’a pas permis d’enrayer la désertification.

Par Stéphane Lagarde

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A propos de l'auteur
Stéphane Lagarde est l'envoyé spécial permanent de Radio France Internationale à Pékin. Co-fondateur d'Asialyst, ancien correspondant en Corée du Sud, il est tombé dans la potion nord-est asiatique il y a une vingtaine d’années.
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