Le très mystérieux Mollah Omar, chef des Taliban
Bien qu’elle n’ait pas encore été confirmée par les partis en présence, le porte-parole des Taliban a pour autant annoncé qu’il s’exprimerait sur le sujet mais à une date non communiquée. Selon un article de la BBC – citant des sources au sein du gouvernement afghan et des services de renseignement – le Mollah Omar serait décédé il y deux ou trois ans. Ce n’est pas la première fois que la mort du commandeur des croyants est annoncée ; mais cette fois-ci cela semble beaucoup plus sérieux à en croire le gouvernement afghan qui dit aujourd’hui mener son enquête pour savoir si cette nouvelle rumeur est ou non fondée.
Contexte
Pour en savoir plus sur l’homme et sur les conséquences de cette annonce, nous republions aujourd’hui une enquête de Sylvie Lasserre (1), notre correspondante au Pakistan, qui était partie sur les traces de l’un des hommes les plus recherchés du monde en 2012.
Le coup d’éclat de Mollah Omar, auquel il doit son aura de « sainteté », a lieu en avril 1996, à Kandahar, lorsqu’il sort le manteau du prophète de son sanctuaire, l’un des lieux de prière les plus sacrés d’Afghanistan, pour le montrer à la foule. Rahimullah Yousafzai se souvient : « J’étais à Kandahar ce jour-là. Cela faisait plusieurs mois qu’il n’avait pas plu, la sécheresse devenait catastrophique. Les Afghans croient qu’en cas de guerre, de famine, de sécheresse… il faut sortir le vêtement du saint prophète et le toucher pour aider le peuple d’Afghanistan. Le vêtement se trouve dans la mosquée proche de la maison du gouverneur à Kandahar. Une cérémonie a donc été organisée à cette occasion, il y avait beaucoup de monde. Mollah Omar a pris le manteau et l’a montré à la foule. » L’a-t-il enfilé ? « Non, c’est un manteau très ancien, qui a rétréci avec le temps. Il l’a juste montré à la foule mais tout le monde voulait le toucher car c’est une bénédiction. » Suite à cela, Mollah Omar est proclamé amir ul muminin, « commandeur des croyants », « afin de légitimer son rôle de chef oint par Dieu », précise le journaliste pakistanais Ahmed Rashid dans son ouvrage « L’ombre des Taliban ». Les gens pensaient que les Taliban pourraient apporter la paix.
Soutenez-nous !
Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.
Faire un don