REVUE DE PRESSE ASIE - 17 JUILLET 2015

Litiges frontaliers cambodgio-vietnamiens, arrestation “d'extrémistes” et rencontre sino-japonaise

Copie d’écran du South China Morning Post
Copie d’écran du South China Morning Post

Asie du Sud-Est

Litiges frontaliers cambodgio-vietnamiensCambodia Daily – Depuis plusieurs semaines, la délimitation de la frontière entre le Cambodge et le Vietnam imprègne l’actualité : inspections de bornes frontalières litigieuses par des députés de l’opposition pour établir les empiètements vietnamiens ; violences lors de ces visites ; arrestation par les autorités vietnamiennes d’un professeur cambodgien qui emmène ses élèves de collège voir le lieu d’un litige de leurs propres yeux ; réception médiatique par l’opposition d’une carte française matérialisant la frontière tandis que le gouvernement continue de refuser la confrontation avec les plans à sa disposition ; appels du Premier ministre Hun Sen à récupérer les plans de 1964 auprès des Nations Unies, puis auprès de la France, de la Grande-Bretagne et des États-Unis… Jusqu’à ce dernier rebondissement : le Cambodia Daily interprète (sans livrer la citation exacte) que le Premier ministre reconnaît dans un discours du 18 juillet que des bornes pourraient être mal placées. Et le Phnom Penh Post de retenir la proposition par le Premier ministre Hun Sen d’une consultation multipartite pour résoudre les litiges. En effet, selon Phnom Penh, 83% des 1228 km de frontière ont déjà été démarqués d’un commun accord par les deux pays. L’intégrité territoriale est un sujet éminemment important pour les Cambodgiens angoissés de savoir leur pays grignoté par leur voisin vietnamien.
Cambodge : le passage à tabac d’une animatrice télé fait le buzzPNN TV – L’animatrice de télévision Sasa, passée à tabac dans un restaurant par un magnat de l’immobilier qui avait trop bu : voilà l’affaire dont tout le monde parle. Une caméra de surveillance a en effet tout enregistré et la brutalité de la scène a été diffusée sur les réseaux sociaux par la victime tandis qu’elle portait plainte. Le magnat s’est enfui à Singapour, il a proposé d’étouffer l’affaire contre 40 000 US$, puis 100 000 US$. Il a même produit un certificat médical expliquant qu’il était en état de stress et donc incapable de rentrer au Cambodge. L’animatrice, elle, campe sur sa position : il doit répondre de ses actes devant un tribunal cambodgien comme elle l’explique dans un entretien accordé à la toute nouvelle télévision PNN. Le Premier ministre s’en mêle en appelant Sok Bun à faire face à la justice : « Votre argent ne réglera pas cette affaire ! ». Et le journal Khmer Times de rappeler qu’au-delà du scandale, « en politique, 5 millions de femmes votant comptent plus qu’un okhna » [titre de l’homme d’affaire NDR].
Cambodge : quelques indices économiquesCambodia Daily (non disponible en ligne) – L’Organisation internationale du Travail (OIT) livre quelques chiffres à l’occasion du lancement de son bulletin trimestriel. L’augmentation de 28% du salaire minimum des ouvriers cambodgiens (aujourd’hui à 128 US$ par mois, un des plus bas en Asie) n’a pas eu d’incidence sur les exportations qui continuent d’augmenter. Ni sur la dynamique l’industrie de la confection textile, pilier des exportations et de l’économie cambodgienne : de nouveaux investisseurs arrivent. Ni sur l’emploi puisque 605 100 ouvriers étaient recensés en mars 2015. Le patronat cambodgien (le GMAC) trouve le tableau biaisé : il déplore la faible productivité des ouvriers cambodgiens et pointe le fait que le nombre de projets d’investissements approuvés par le gouvernement cambodgien ne correspond pas au nombre d’investissements réels car certains n’aboutissent pas. Les négociations sur l’augmentation du salaire minimal commenceront en août.
Thaïlande : une expo photo dénonce les méfaits de la pollutionBangkok Post – Le Bangkok Post consacre un article à une exposition photographique sur les victimes de la pollution causée par la centrale au lignite de Mae Moh, construite en 1978 dans la province de Lampang, dans le nord de la Thaïlande. Les visages meurtris des victimes des émanations toxiques de la centrale parlent d’eux-mêmes, écrit le journaliste. On y apprend aussi l’acharnement de « l’arrogante Egat » – l’agence étatique d’électricité de Thaïlande – à faire traîner les procédures judiciaires lancées par les villageois affectés. Un article d’autant plus pertinent que la junte actuelle a fait de la construction de nouvelles centrales au charbon la colonne vertébrale de sa politique énergétique.

Asie du Nord-Est

Chine : arrestations “d’extrémistes” en partance pour la SyrieChina Daily – Le département de la Propagande de la province du Yunnan a annoncé, ce jeudi 16 juillet, que la police régionale avait arrêté 533 « extrémistes » depuis 2014, et empêché 132 d’entre eux de sortir du pays. Bordée par la Birmanie, le Laos et le Vietnam sur plus de 4 000 kilomètres, la province du Yunnan est en effet considérée par les autorités chinoises comme une plaque tournante régionale du terrorisme islamiste, qu’il s’agisse de quitter la Chine pour se rendre en Syrie ou bien d’y retourner après avoir fait le Djihad, indique le China Daily. Malgré une coopération accrue des États de la région en termes de contrôle aux frontières et de fortes incitations à la délation de la part du département régional de la Sécurité publique, Pékin continue de craindre un nouvel attentat terroriste dans la région après celui qui, le 1er mars 2014, avait fait 31 morts et 141 blessés à l’arme blanche dans la gare de Kunming. Le ministère de la Sécurité publique estime qu’environ 300 Chinois ont combattu ou combattent encore en Syrie, la plupart d’entre eux ayant rejoint la branche syrienne du Mouvement islamiste du Turkestan oriental (ETIM), organisation islamiste ouïghoure luttant pour l’indépendance de l’actuelle province du Xinjiang et à laquelle Pékin a imputé les attentats pourtant non-revendiqués de 2014.
Chine / Japon : rencontre dans un climat militaire tenduSouth China Morning Post – Shotaro Yashi, conseiller en politique étrangère et sécurité nationale du Premier ministre nippon, se trouve actuellement à Pékin, où il s’est entretenu avec le ministre chinois de la Défense Chang Wanquan et le Premier ministre Li Keqiang. Cette visite de trois jours doit notamment servir à préparer une future rencontre entre Xi Jinping et Shinzo Abe, témoin d’une volonté de réchauffement des relations sino-japonaises. Pourtant, ce séjour intervient dans un contexte particulièrement tendu entre les deux États, souligne le South China Morning Post. La chambre basse du Parlement japonais vient en effet d’adopter un projet de loi permettant aux forces militaires du pays de combattre à l’étranger, sous certaines conditions, et ce pour la première fois depuis 1945. Bien que Tokyo ait affirmé que ce projet de loi ne vise aucun Etat en particulier, Pékin s’inquiète d’un potentiel soutien japonais aux États-Unis, qui pourrait contrecarrer ses ambitions en mers de Chine. De son côté, Shotaro Yashi a exprimé les interrogations et la crainte de son pays face au comportement de Pékin dans ces mêmes mers, ainsi qu’au renforcement continu du budget militaire chinois.
Corée : rencontre infructueuse entre Séoul et PyongyangThe Chosun Ilbo – Les premières discussions organisées depuis un an entre officiels nord et sud-coréens se sont closes sans avancée significative. Les deux parties se sont entretenues sur la question de la zone industrielle intercoréenne de Kaesong. Séoul s’est opposée à la revalorisation des salaires des ouvriers demandée par Pyongyang, arguant que cet argent tomberait directement dans les poches du gouvernement nord-coréen, qui confisquerait déjà les salaires des employés. De leurs côtés, les Sud-coréens demandaient un accès facilité à la zone industrielle, située au nord de la frontière. Malgré cet échec, les deux parties ont échangé de manière cordiale et ont convenu d’une prochaine rencontre, rapporte The Chosun Ilbo.

Asie du Sud

Inde : Modi change son fusil d’épaule pour la loi tant attendue de réforme agraireThe Times of India
Le Premier ministre Modi pourrait connaître son premier accroc dans la mise en place de son ambitieuse réforme économique. En effet, face à la grogne du parlement, la réforme agraire défendue de longue date par le gouvernement semble ne plus être à l’ordre du jour : « nous avons réalisé que nous n’avons pas le nombre nécessaire (de représentants) pour faire voter la loi ; en diminuant la pression sur ce sujet, nous serons par contre capables de faire passer d’autres lois » a ainsi indiqué l’un des porte-parole du BJP. Pour le quotidien, Narendra Modi songe même à demander à chaque Etat de faire voter sa propre loi du fait de l’impossibilité de faire voter cette réforme au niveau national. L’objectif de cette réforme était de faciliter l’acquisition de terres pour des projets fonciers ou d’infrastructures, dans le but, selon le Premier ministre indien, de relancer les investissements et l’industrialisation du pays. Mais les députés de l’opposition craignent eux qu’une telle loi n’encourage les expropriations massives de terrains agricoles.

Asie centrale

Kirghizistan : six terroristes tués à BichkekRadio Free Europe – Les forces de sécurité kirghizes ont tué six terroristes présumés et placé cinq autres en détention au cours de raids menés hier mais rendus publics seulement aujourd’hui. Il n’y a pas eu de perte civile lors de ce violent assaut par les forces de police d’une maison de la banlieue sud de Bichkek, la capitale. Radio Free Europe rappelle que de telles opérations sont rares au Kirghizistan, mais que le gouvernement central s’inquiète depuis peu du nombre croissant de citoyens rejoignant les rangs de l’Etat islamique en Syrie et en Irak (voir notre article sur le sujet)
La rédaction d’Asialyst

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