Revue de presse Asie – 16 juillet 2015

Lois de défense au Japon, problème de leadership en Birmanie et sextape chinoise

Copie d’écran de l’article du China Daily.
Copie d’écran de l’article du China Daily.

Asie du Nord-Est

Au Japon, les lois de défense controversées passent une étape crucialeThe Japan Times – Les photos de la manifestation d’hier devant la chambre basse s’affichent encore en une du quotidien. Des dizaines de milliers d’opposants s’étaient rassemblés pour protester contre les projets de lois de défense portés par le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Selon ces manifestants, les textes vont à l’encontre de la Constitution pacifiste du pays. Mais ils ont bien été adoptés ce jeudi, par la Chambre basse, en session plénière, où le parti au pouvoir est majoritaire. Et au pas de course : cinq partis d’opposition ont d’ailleurs boycotté le vote, raconte le journal, après avoir vu leur demande de prolongation des débats rejetée. C’est maintenant au tour de la Chambre haute d’examiner les projets de loi. Cette réinterprétation de l’article 9 de la Constitution japonaise permettrait l’envoi à l’étranger de Forces d’autodéfense (FAD), le nom officiel de l’armée, pour venir en aide à un allié comme les Etats-Unis. Une stratégie, souligne le journal, pour contrer l’expansion de la Chine et la menace nord-coréenne.
Mais cette initiative va à l’encontre des « progrès d’après-guerre », juge l’éditorialiste du Asahi Shimbun. Les lois sont passées alors qu’elles avaient été jugées anticonstitutionnelles par des professeurs, des experts en droit et par la société civile. Et pas sûr que ce projet du Premier ministre soit bien compris par les Japonais, même après plusieurs heures de débat à la Chambre basse. « Même Shinzo Abe l’a admis « , note le journal. The Asahi Shimbun conclut que ce passage en force revient à remettre en question le système démocratique mis en place par le Japon depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Pour l’occasion, l’agence chinoise Xinhua se fend d’un article au vitriol. Cette initiative va certainement faire du mal aux relations entre le Japon et ses voisins, tout en générant de l’instabilité à l’intérieur du pays et dans la région. « Il est fortement conseillé à Abe de regarder par la fenêtre pour se rendre compte de la colère grandissante à l’extérieur de son bureau, tranche Xinhua. Après tout, son rêve d’un Japon plus fort pourrait devenir un cauchemar pour lui et pour son pays, s’il continue à ignorer les protestations de ses électeurs et des pays voisins ».
Japon : des robots pour remplacer les réceptionnistesSouth China Morning Post – Plusieurs médias asiatiques, dont le SCMP, s’amusent de ce reportage de l’agence Reuters à Sasebo. A l’hôtel Henn na (« Weird Hotel » en anglais), c’est un dinosaure qui accueille les clients anglophones. Les Japonais, eux, font face à un autre robot-réceptionniste plus classique, une femme au physique de poupée. Si les robots ont remplacé les humains, c’est pour diminuer les coûts, assure le gérant cet hôtel qui ouvre ses portes au public demain. Les chambres sont proposées à partir de 80 dollars la nuit, une affaire au Japon. Autre innovation : remplacer la clé de la chambre par un système de reconnaissance faciale. « Les robots ne sont pas très bons pour retrouver les clés si les clients les perdent… ».
Chine : une sextape chez Uniqlo fait le tour du netChina Daily – Le nouveau selfie en vogue à Pékin ? Se prendre en photo devant le magasin Uniqlo du quartier de Sanlitun à Pékin. Car, depuis hier, la vidéo postée par un jeune couple chinois fait le buzz sur les réseaux sociaux et les sites de micro-blogging : celle de leurs ébats dans une cabine d’essayage de la grande enseigne japonaise. Les régulateurs de l’Internet chinois ont immédiatement remonté les bretelles de Sina et Tencent, les deux principaux portails du pays, pour « n’avoir pas empêché la vidéo de devenir virale ». La chaine de prêt-à-porter a démenti toute implication et la police de Pékin promet d’enquêter sur cette affaire…

Asie du Sud-Est

Vietnam : à la recherche de nouveaux marchés pour ses litchisTuoi Tre News – La Chine est de loin le plus grand marché pour les producteurs vietnamiens. C’est le cas pour le litchi : 60% de la production est exportée chez son puissant voisin. Mais les tensions diplomatiques peuvent avoir de graves conséquences : « l’année dernière, le pic de production est tombé en plein milieu d’une bataille navale entre Pékin et Hanoï autour de zones que les deux pays se disputent en mer de Chine méridionale (…) et des tonnes de fruits se sont retrouvés à pourrir », raconte Tuoi Tre News, qui reprend une dépêche de l’AFP. Du coup, certains producteurs ont commencé à démarcher des pays plus « sûrs » : Australie, Etats-Unis… et peut-être bientôt les pays du Golfe. Vietnam Plus raconte par exemple que des litchis vietnamiens ont été présentés dans la chaîne de supermarchés Choithrams à Dubaï…
Thaïlande : pression croissante sur les journalistes étrangersThe Nation – La junte thaïlandaise accroît la pression sur les correspondants étrangers en Thaïlande, selon un article de The Nation. Les journalistes en poste à Bangkok se voient désormais demander leur opinion sur le régime militaire et la famille royale lors de l’entretien qui précède le renouvellement de leur accréditation annuelle, délivrée par le ministre des Affaires étrangères. C’est cette accréditation qui leur permet ensuite de renouveler leur visa. Ces pressions sont malvenues, considère The Nation, car elles visent à appauvrir la compréhension de la crise de transition que traverse le royaume. Empêcher certains journalistes étrangers de faire leur travail, note le journal, souligne paradoxalement ce qui ne va pas en Thaïlande.
Birmanie : qui pour reprendre le flambeau d’Aung San Suu Kyi ?The Irrawaddy« Je n’ai jamais voulu devenir président ». Les mots sont de Tin Oo, le patron de la Ligue nationale pour la démocratie, qui accorde une longue interview au quotidien The Irrawaddy. Tin Oo était pourtant pressenti comme LE candidat que le parti historique de l’opposition en Birmanie allait présenter à la présidence – Aung San Suu Kyi en étant écartée d’office par un article controversé de la Constitution. A 89 ans, le leader de la LND affirme clairement qu’il ne sera jamais candidat : il s’estime trop vieux et préfère travailler « paisiblement pour son pays ». Celui qui a été placé sous résidence surveillée à la fin des années 80, souligne aussi vouloir faire profil bas et ne pas devenir une cible. « Ce poste attire les attaques. Ca n’a pas changé ». Tin Oo écarte au passage un autre candidat possible, U Win Thein : « Sa santé n’est pas bonne. Il est encore moins en forme que moi ». Cette interview souligne la difficulté de la LND à renouveler ses cadres et à se trouver un autre chef aussi charismatique qu’Aung San Suu Kyi.
Indonésie: tous corrompus ?The Jakarta Post – Des ONG dénoncent les poursuites arbitraires de la police, notoirement corrompue, contre des membres de la… Commission pour la lutte contre la corruption (KPK). The Jakarta Post note que les arrestations ont redoublé depuis la mise en cause, par le KPK, de Budi Gunawan, le favori dans la course au poste de chef de la police. Dans son édito, The Jakarta Globe évoque aussi la lutte sans fin contre la « mafia judiciaire », ces arrangements entre juges, avocats et officiers de police, accusés d’utiliser les affaires criminelles pour s’enrichir. Le cas Otto Cornelis Kaligis changera peut-être la donne : les assistants de cet avocat ont été pris la main dans le sac alors qu’ils tentaient de corrompre un juge. Mais il ne pourra être condamné, et le KPK en sortir renforcé, que si les citoyens indonésiens se saisissent de l’affaire et font pression pour obtenir un vrai jugement, estime le journal.

La rédaction d’Asialyst

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