Rithy Panh : Regard subtil sur la colonisation
Contexte
Film après film, Rithy Panh s’est imposé comme un des grands cinéastes de sa génération. Bophana, une tragédie cambodgienne, S 21 la machine de mort khmère rouge, Duch le Maître des Forges de l’Enfer et l’Image manquante, constituent une sorte de mémorial filmique du génocide cambodgien. Au-delà du drame du Cambodge, le réalisateur explore la question de la mémoire et du temps dans toutes ses réalisations, notamment Un barrage contre le Pacifique ou Les artistes du théâtre brûlé.
Cinéma et imagerie de la conquête coloniale
« Cela me perturbe, confie-t-il. On a débattu sur cette histoire coloniale. Malgré tout, quelques années plus tard, on reprend la même chose. Il faut tirer les leçons de la colonie. On ne peut pas se contenter de dire que la France apporte la liberté. Cette liberté, nous n’y avions pas le droit ».
Boomerang de l’Histoire
Les indigènes devant la caméra
Aucun commentaire pour ce film. Car c’est au spectateur de faire son récit, son histoire, en fonction de sa culture, de ses connaissances. Sur le modèle des films muets d’autrefois, Rithy Panh a placé des cartons. « C’est du muet qui dit beaucoup, qui raconte ». On peut y lire les remarques racistes d’un medecin, le Dr Legendre. De ces cartons, juxtaposés aux images, émane une ironie grinçante.
« C’est le ton de l’époque. La colonie est cynique. C’est ainsi que l’on parlait. On ne s’intéressait pas à ce que pensaient les indigènes. On leur faisait miroiter les choses belles. La France reste le pays où on a inventé les droits de l’homme. Robespierre défend l’égalité des êtres sauf que la colonie est anti-révolutionnaire ».
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