En Birmanie, après le Brexit, la hantise de la sécession
Pour le quotidien birman, cette conférence montrera que la Constitution de 2008 empêche un débat constructif sur une quelconque alternative sécessionniste… Cela n’a pas toujours été le cas. Après l’émancipation de la tutelle britannique dans les années 1940, la Constitution de 1947 prévoit que « chaque Etat dispose d’un droit de retrait de l’Union ». Disposition qui n’a jamais pu être appliquée du fait de la guerre et des luttes qui s’ensuivirent. En 1962, le coup d’Etat du général Ne Win ouvrit la voie à une ère d’isolationnisme et de xénophobie, tant et si bien que la question d’une sécession disparut.
Le sujet revint en force avec l’introduction de la Constitution de 2008. Mais dans une direction radicalement différente de la version de 1947 : « Aucun territoire qui constitue l’Union, tels que les Régions, Etats, Territoires de l’Union et zones administratives spéciales, ne peut faire sécession de l’Union », stipule le permier chapitre. Pour le Myanmar Times, « Aucune négociation n’est possible », alors que le spectre d’un morcellement du pays effraie les autorités. Les forces armées birmanes (Tatmadaw), de même que la LND au pouvoir, refusent ainsi tout référendum sur la question. La possibilité pour qu’un territoire birman revendique son autonomie est virtuellement impossible…
Pourtant, selon le quotidien birman, si un tel référendum avait lieu, les partisans d’une sécession ne l’emporteraient pas nécessairement, même dans les régions les plus farouchement opposées au gouvernement. « Beaucoup de minorités, écrit l’éditorialiste du Myanmar Times, souhaitent promouvoir une Union réellement multi-éthnique, où la mixité et l’effacement des frontières revêtent une importance particulière au sein des institutions politiques. » Si la coalition des forces militaire et démocratique a établi un terrain favorable à la politique d’Union, il est temps aux yeux du quotidien birman de réinventer un « esprit de l’Union ». Un esprit qui accepterait la valeur constructive d’une économie locale et d’une décentralisation. Et qui pourrait être défendu par la LND, plus grand parti politique représentant les intérêts des groupes ethniques minoritaires.
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