Culture
L'Asie dessinée

BD : "Le clan des Otori", plongée dans un Japon médiéval mythique

Extrait de la bande dessinée "Le clan des Otori, tome 1 : Le Silence du rossignol", scénario Stéphane Melchior, dessin Benjamin Bachelier, Gallimard. (Copyright : "Tales of Otori – 1. Across the Nightingale floor" © Lian Hearn, 2002 / © Gallimard, Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, 2021, "Le Clan des Otori, Tome 1 : Le Silence du rossignol")
Le premier tome de l’adaptation en bande dessinée du célèbre roman de la Britannique Lian Hearn se révèle un plein succès. Au menu de cette chronique, figurent également un journal de confinement en Inde et une chronique intimiste venue de Taïwan.
Double-cliquez sur les diaporamas pour les visualiser en plein écran. Retrouvez ici tous les articles de notre série « L’Asie dessinée ».
*Le clan des Otori, tome 1 : Le Silence du rossignol, scénario Stéphane Melchior, dessin Benjamin Bachelier, 96 pages, Gallimard, 17,80 euros.
C’est le Japon de tous les mythes : cruel et raffiné, où la beauté et la mort vont de pair… Le clan des Otori est une série romanesque écrite par la Britannique Lian Hearn et publiée dans les années 2000. L’œuvre a rencontré un très grand succès auprès d’un public adolescent et adulte, si bien que l’auteure a entrepris la publication de séries dérivées et qu’un film est prévu. Aujourd’hui, c’est une adaptation en bande dessinée du premier tome, Le Silence du rossignol*, qui sort en librairie et qui va élargir encore le lectorat d’une œuvre remarquable.
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Couverture de la bande dessinée "Le clan des Otori, tome 1 : Le Silence du rossignol", scénario Stéphane Melchior, dessin Benjamin Bachelier, Gallimard. (Copyright : "Tales of Otori – 1. Across the Nightingale floor" © Lian Hearn, 2002 / © Gallimard, Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, 2021, "Le Clan des Otori, Tome 1 : Le Silence du rossignol")

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Extrait de la bande dessinée "Le clan des Otori, tome 1 : Le Silence du rossignol", scénario Stéphane Melchior, dessin Benjamin Bachelier, Gallimard. (Copyright : "Tales of Otori – 1. Across the Nightingale floor" © Lian Hearn, 2002 / © Gallimard, Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, 2021, "Le Clan des Otori, Tome 1 : Le Silence du rossignol")

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Extrait de la bande dessinée "Le clan des Otori, tome 1 : Le Silence du rossignol", scénario Stéphane Melchior, dessin Benjamin Bachelier, Gallimard. (Copyright : "Tales of Otori – 1. Across the Nightingale floor" © Lian Hearn, 2002 / © Gallimard, Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, 2021, "Le Clan des Otori, Tome 1 : Le Silence du rossignol")

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Extrait de la bande dessinée "Le clan des Otori, tome 1 : Le Silence du rossignol", scénario Stéphane Melchior, dessin Benjamin Bachelier, Gallimard. (Copyright : "Tales of Otori – 1. Across the Nightingale floor" © Lian Hearn, 2002 / © Gallimard, Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, 2021, "Le Clan des Otori, Tome 1 : Le Silence du rossignol")

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Extrait de la bande dessinée "Le clan des Otori, tome 1 : Le Silence du rossignol", scénario Stéphane Melchior, dessin Benjamin Bachelier, Gallimard. (Copyright : "Tales of Otori – 1. Across the Nightingale floor" © Lian Hearn, 2002 / © Gallimard, Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, 2021, "Le Clan des Otori, Tome 1 : Le Silence du rossignol")

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Extrait de la bande dessinée "Le clan des Otori, tome 1 : Le Silence du rossignol", scénario Stéphane Melchior, dessin Benjamin Bachelier, Gallimard. (Copyright : "Tales of Otori – 1. Across the Nightingale floor" © Lian Hearn, 2002 / © Gallimard, Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, 2021, "Le Clan des Otori, Tome 1 : Le Silence du rossignol")

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Extrait de la bande dessinée "Le clan des Otori, tome 1 : Le Silence du rossignol", scénario Stéphane Melchior, dessin Benjamin Bachelier, Gallimard. (Copyright : "Tales of Otori – 1. Across the Nightingale floor" © Lian Hearn, 2002 / © Gallimard, Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, 2021, "Le Clan des Otori, Tome 1 : Le Silence du rossignol")

 
 
L’album en question reprend en fait la première moitié du roman du même nom. Sa pagination généreuse (près de cent pages) lui permet d’en reproduire très fidèlement les intrigues complexes. Le clan des Otori se déroule dans un Japon médiéval fantasmé. Au XIVème siècle, quelques clans puissants s’affrontent sans merci. Une grande victoire militaire a donné la suprématie au cruel clan Tohan, tandis que celui des Otori, vaincu, s’est replié sur un petit territoire, sous la menace constante de son puissant voisin. L’histoire suit Takeo, jeune garçon membre de la communauté des Invisibles, un groupe inspiré des premiers chrétiens du Japon, persécutés en raison de leur foi. Takeo assiste au massacre de sa famille par les Tohan. Il n’en réchappe que grâce à l’intervention d’un guerrier valeureux, sire Otori Shigeru, chef des Otori, qui se prend d’affection pour lui. Bientôt, Shigeru décide d’adopter le jeune homme, ce qui ne va pas de soi : Takeo est toujours pourchassé par les hommes des Tohan et les autres chefs Otori ne voient pas d’un bon œil l’arrivée de ce parfait inconnu. Entre complots et tentatives d’assassinats, Takeo développe des pouvoirs hors du commun : audition exceptionnelle, capacité à se rendre brièvement invisible ou à se déplacer sans être vu. Autant de caractéristiques qui prouvent son appartenance à la mystérieuse Tribu, une caste dont les origines se perdent dans la nuit des temps et dont les membres deviennent fréquemment des assassins de haut vol…
En parallèle, on suit également Kaede, adolescente de grande famille placée en otage chez un allié des Tohan et maltraitée pendant toute son enfance. Jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge où son mariage peut devenir un enjeu politique. Dans ce premier album, les deux jeunes gens ne se rencontrent pas, mais les lecteurs du roman savent que cela ne saurait tarder…
Complots, trahisons, alliances secrètes, tueurs mystérieux, soif de vengeance : tous les ingrédients sont rassemblés pour donner un récit haletant, agrémenté d’une touche de fantastique. Extrêmement fidèle, la transposition du roman en bande dessinée n’affaiblit nullement le récit, ce qui est en soi un petit tour de force. Mais la BD séduit surtout par une mise en image somptueuse. Avec son dessin impressionniste et son travail en petites hachures, Benjamin Bachelier donne vie de façon convaincante à de multiples personnages et leur fait exprimer une vaste palette de sentiments. Et il brosse également de superbes décors, paysages de montagnes, scènes urbaines, riches ornementations des maisons seigneuriales, armures des samouraïs, plongeant le lecteur dans un Japon de rêve. Bénéficiant en outre d’une très belle qualité d’impression, ce premier volume est certainement appelé à un beau succès et devrait avoir de multiples suites : deux autres tomes sont déjà prévus pour conclure l’adaptation du Silence du rossignol.
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Couverture de la bande dessinée "Journal de Varanasi, scénario et dessin Josep Rodes, 112 pages, Bang Éditions. (Copyright : Bang Éditions)

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Extrait de la bande dessinée "Journal de Varanasi, scénario et dessin Josep Rodes, 112 pages, Bang Éditions. (Copyright : Bang Éditions)

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Extrait de la bande dessinée "Journal de Varanasi, scénario et dessin Josep Rodes, 112 pages, Bang Éditions. (Copyright : Bang Éditions)

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Extrait de la bande dessinée "Journal de Varanasi, scénario et dessin Josep Rodes, 112 pages, Bang Éditions. (Copyright : Bang Éditions)

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Extrait de la bande dessinée "Journal de Varanasi, scénario et dessin Josep Rodes, 112 pages, Bang Éditions. (Copyright : Bang Éditions)

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Extrait de la bande dessinée "Journal de Varanasi, scénario et dessin Josep Rodes, 112 pages, Bang Éditions. (Copyright : Bang Éditions)

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Extrait de la bande dessinée "Journal de Varanasi, scénario et dessin Josep Rodes, 112 pages, Bang Éditions. (Copyright : Bang Éditions)

 
 
*Journal de Varanasi, scénario et dessin Josep Rodes, 112 pages, Bang Éditions, 15 euros
Voici le premier exemple de ce qui deviendra sans doute un genre à part entière : une BD consacrée à la crise sanitaire du Covid-19 ! Le Journal de Varanasi* est l’œuvre d’un dessinateur catalan. Passionné par l’Inde, celui-ci baigne en plein bonheur début 2020 parce qu’il a obtenu une bourse pour réaliser une BD sur un enfant des bidonvilles de Varanasi (Bénarès), ville dont il est amoureux. Le 1er mars, il s’envole donc pour l’Inde pour un séjour d’une durée prévue de trois mois. Sa joie est telle qu’il ne prête pas beaucoup d’attention à ce nouveau virus dont on parle de plus en plus… Et c’est donc dans cette ville sacrée située sur les rives du Gange qu’il vivra la première vague du Covid-19 en Inde.
Si les quinze premiers jours se passent à peu près normalement, les choses changent vers la mi-mars. Le gouvernement décide le confinement des étrangers, l’hostilité monte envers les Occidentaux, accusés d’avoir introduit le virus dans le pays. La plupart des touristes étrangers quittent alors le pays, mais Josep Rodes s’accroche. Il tient à poursuivre son projet, quitte à se confiner tout seul dans le petit logement qu’il a loué au cœur de la ville. Il n’a bientôt plus le choix, de toute façon : le 21 mars, le Premier ministre Modi décrète le confinement total et immédiat de tout le pays.
Pris au piège, l’artiste décide de tenir un journal dessiné quotidien. Il décrit les sorties pour s’approvisionner en nourriture ou en eau, les contrôles de police, les plans d’évacuation montés par différentes ambassades européennes. Du haut de sa terrasse, il observe les rues des alentours, où la vie habituelle des Indiens se poursuit plus ou moins, tant un confinement strict est difficile à respecter dans ces quartiers populaires.
L’auteur s’étend aussi sur les fluctuations de son état d’esprit. À l’optimisme du début – « le confinement ne va pas durer longtemps ») -, succède une grande incertitude puis la montée du découragement. Finalement, la mort dans l’âme, Rodes se résout à un rapatriement. Avec trois autres Occidentaux, il obtient un sauf-conduit pour rallier Delhi en voiture, où ils se joindront à un vol de rapatriement néerlandais.
Sans prétention, cette petite chronique a valeur de document : un journal intime évoquant un drame planétaire exceptionnel à travers les minuscules événements d’une expérience individuelle. Les dessins sont réalisés dans un style de croquis rapides mais n’en sont pas moins expressifs. Particulièrement frappants, ceux qui évoquent l’Inde « vide, silencieuse, de poussière et de rouille, de ceux qui ne savent pas où aller », que les « réfugiés » traversent en roulant de Varanasi jusqu’à New Delhi.
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Couverture de la bande dessinée "Somnolences", scénario et dessin Pei-hsiu Chen, 128 pages, Actes Sud. (Copyright : Actes Sud)

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Extrait de la bande dessinée "Somnolences", scénario et dessin Pei-hsiu Chen, 128 pages, Actes Sud. (Copyright : Actes Sud)

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Extrait de la bande dessinée "Somnolences", scénario et dessin Pei-hsiu Chen, 128 pages, Actes Sud. (Copyright : Actes Sud)

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Extrait de la bande dessinée "Somnolences", scénario et dessin Pei-hsiu Chen, 128 pages, Actes Sud. (Copyright : Actes Sud)

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Extrait de la bande dessinée "Somnolences", scénario et dessin Pei-hsiu Chen, 128 pages, Actes Sud. (Copyright : Actes Sud)

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Extrait de la bande dessinée "Somnolences", scénario et dessin Pei-hsiu Chen, 128 pages, Actes Sud. (Copyright : Actes Sud)

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Extrait de la bande dessinée "Somnolences", scénario et dessin Pei-hsiu Chen, 128 pages, Actes Sud. (Copyright : Actes Sud)

 
 
*Somnolences, scénario et dessin Pei-hsiu Chen, 128 pages, Actes Sud, 22 euros.
Avec Somnolences*, c’est une rareté qui figure dans cette chronique : une BD venue de Taïwan. Pei-hsiu Chen, l’auteure de cet album, est en effet une artiste connue dans ce pays, où ce livre a d’ailleurs reçu le prix de la meilleure bande dessinée taïwanaise. L’ouvrage comprend dix courts récits mettant en scène autant de jeunes femmes du Taipei d’aujourd’hui. Bribes de vie quotidienne, rupture avec un petit ami, préparation d’un repas solitaire – ces jeunes femmes semblent toutes vivre seules -, oubli des clés à l’intérieur de l’appartement, histoires de chats (omniprésents)… L’épisode le plus « dramatique » traite de l’approche de la mort d’une grand-mère. Autant dire qu’il ne se passe vraiment pas grand-chose dans ces récits intimistes, comme exprimé explicitement dans le titre.
Le volume n’en dégage pas moins un certain charme, dû à la finesse du dessin de Pei-hsiu Chen. Rien de tapageur, là non plus : son travail au fusain est dominé par le gris auquel s’ajoutent de discrètes touches de couleur. Les paysages urbaines ressortent particulièrement réussis de ce traitement graphique. Le volume peut ainsi passer pour une introduction à la ville de Taipei. La quasi-immobilité des récits contraste en tout cas avec le seul autre roman graphique taïwanais chroniqué récemment dans L’Asie dessinée : Des Assassins, plein de bruit et de fureur…
Par Patrick de Jacquelot

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A propos de l'auteur
Patrick de Jacquelot est journaliste. De 2008 à l’été 2015, il a été correspondant à New Delhi des quotidiens économiques La Tribune (pendant deux ans) et Les Echos (pendant cinq ans), couvrant des sujets comme l’économie, le business, la stratégie des entreprises françaises en Inde, la vie politique et diplomatique, etc. Il a également réalisé de nombreux reportages en Inde et dans les pays voisins comme le Bangladesh, le Sri Lanka ou le Bhoutan pour ces deux quotidiens ainsi que pour le trimestriel Chine Plus. Pour Asialyst, il écrit sur l’Inde et sa région, et tient une chronique ​​"L'Asie dessinée" consacrée aux bandes dessinées parlant de l’Asie.