Le Laos devient un pôle géostratégique majeur des "Nouvelles Routes de la Soie"
Contexte
La future ligne Boten-Vientiane fait partie de l’initiative des « Nouvelles routes de la soie » qui va bien au-delà de l’espace de l’antique route de la soie avec l’affirmation de compatibilité de l’ASEAN. L’aspect le plus visible du projet de Xi Jinping est l’investissement massif de la China Railway Group Limited dans de nouvelles voies ferroviaires, dont le Kunming-Singapour. La Chine veut assurément tirer un maximum de profit des avantages comparatifs des régions parties prenantes en adoptant une stratégie proactive d’ouverture ainsi que de renforcement de l’interaction en Asie. La « Belt and Road Initiative » (nouveau nom officiel des « Routes de la Soie ») est divisée en six corridors reliant la Chine à l’Europe et couvrant tout le continent asiatique. Le corridor Chine-Indochine complète la ceinture économique en se raccordant au programme de la Région du grand Mékong (GMS – Greater Mekong Subregion), c’est-à-dire la partie péninsulaire de l’Asie du Sud-Est. La Chine cherche à y développer le fret ferroviaire (et maritime) pour accéder plus facilement à l’Océan Indien, ce qui permet de contourner la mer de Chine méridionale, région stratégiquement instable.
Les « Nouvelles routes de la soie » participent d’un plan massif d’investissement dans les infrastructures en Asie centrale et en Asie du Sud-Est. Soit 1 200 milliards de dollars débloqués par la Chine pour financer le projet via principalement la Banque chinoise de développement (890 milliard de dollars), le Fonds souverain pour la « Nouvelle route de la soie » (Silk Road Funds), la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) et la Nouvelle banque de développement des BRICS (New Development Bank BRICS). L’objectif est d’offrir aux entreprises chinoises de nouveaux débouchés alors que la transition du modèle économique en faveur du marché intérieur s’avère insuffisante. Il s’agit, en outre, d’écouler des surcapacités industrielles estimées par la Banque mondiale à 10 % du PNB (notamment dans le BTP), et d’assurer la diversification des approvisionnements énergétiques. Par ailleurs, en raison de l’augmentation des coûts du travail, les entreprises chinoises perdent de leur compétitivité face à certains concurrents étrangers (dont le Vietnam). Pékin souhaite donc délocaliser des industries à utilisation intensive de main-d’œuvre vers les États voisins où les coûts de production sont moins élevés comme dans les zones franches. La vague de créations de zones économiques spéciales et spécifiques au Laos résulte clairement de cette stratégie s’appuyant sur le dynamisme de l’économie chinoise. Le corridor économique ferroviaire traversant le nord du Laos doit permettre, d’une part, de réduire les coûts de transport intra-laotien, et d’autre part, d’assurer le transport du fret entre les provinces chinoises de l’intérieur et les marchés étrangers d’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Malaisie ou Singapour).
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