La deuxième guerre de Corée aura-t-elle lieu ?
Toujours est-il que la situation de ces derniers jours ne laisse pas d’inquiéter à Séoul. « La deuxième guerre de Corée est-elle imminente ? » se demande le Korea Times. Pour tenter de répondre, le site sud-coréen a interrogé quatre spécialistes sud-coréens. Pour le docteur Kim Dong-yub de l’Institut d’Études de l’Extrême-Orient, le tir d’un missile balistique nord-coréen est plus probable qu’un test nucléaire. Dans le cas où les États-Unis attaqueraient frontalement la Corée du Nord, celle-ci répliquerait en visant sa voisine du Sud, ce qui « nuirait gravement » aux relations entre Séoul et Washington. Ce scénario n’est pas exclu mais les risques sont minimes, nuance l’expert. Si l’administration de Trump ne veut pas « être accusée de crime contre l’humanité », souligne Kim Dong-yub, elle devra avoir une raison valable pour frapper le régime de Kim Jong-un. Peu enclin à prédire un test nucléaire, le professeur Chung Sung-yoon de l’Institut coréen pour l’Unification nationale, croit pour sûr à une « provocation militaire » d’ici « un mois ou deux ». La Corée du Nord « doit démontrer sa capacité à contrôler les bombes à hydrogène, et non les bombes atomiques », précise Kim Jae-chun de l’Université de Sogang. Selon lui, Pyongyang a « les compétences pour miniaturiser et normaliser ses armes nucléaires ». Le chercheur ne cahce son pessimisme : dans l’éventualité d’une provocation nucléaire du régime de Kim Jong-un, les États-Unis frapperaient le centre de recherche scientifique nucléaire de Yongbyon. Les deux Corées seraient donc précipitées dans une guerre nucléaire.
Pas question d’envisager un tel scénario à Pékin. « Toutes les parties concernées devraient faire preuve de retenue et éviter les activités susceptibles d’aggraver les tensions », a déclaré ce lundi 10 avril Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères cité par le Global Times. Pour tenter d’apaiser les tensions et montrer son initiative diplomatique, la Chine a envoyé à Séoul ce lundi son émissaire spécial pour les affaires coréennes, Wu Dawei, afin de s’entendre avec Kim Hong Kyun, l’émissaire sud-coréen des pourparlers à six. Selon l’agence Yonhap cité par le Straits Times, les deux hommes ont convenue d’adopter de « nouvelles mesures conformément aux résolutions de l’ONU si la Corée du Nord effectue de nouveaux essais nucléaires et balistiques ». Mais ni le Chinois ni le Sud-Coréen n’ont évoqué l’option militaire. Pas un mot non plus sur l’hypothèse d’une frappe américaine sur la péninsule coréenne.
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