Revue de presse Birmanie - 26 septembre 2016

Birmanie : faut-il vraiment lever les sanctions américaines ?

Lever les sanctions dès à présent pourrait-il bloquer le processus de démocratisation en Birmanie ? Copie d'écran du Myanmar Times, le 26 septembre 2016.
Lever les sanctions dès à présent pourrait-il bloquer le processus de démocratisation en Birmanie ? Copie d'écran du Myanmar Times, le 26 septembre 2016.
Myanmar Times – Est-ce le bon moment pour lever les sanctions américaines qui pèsent sur la Birmanie ? Le mercredi 14 septembre, Barack Obama annonçait, lors de la visite d’Aung San Suu Kyi à Washington, qu’il acceptait de lever les sanctions économiques qui visent le pays. « C’est la bonne chose à faire pour récompenser la Birmanie sur sa nouvelle façon de faire du commerce », avait-il alors déclaré (voir notre revue de presse du 15 septembre). Pourtant, à l’annonce de cette nouvelle, les avis divergent.

Alors que la Birmanie connaît une forte croissance économique depuis l’arrivée au pouvoir de la Ligue nationale pour la Démocratie en novembre dernier, certains mettent en avant les avantages non négligeables de la levée des sanctions sur l’économie du pays. Un commerce privilégié avec les Etats-Unis devrait favoriser le développement des petites et moyennes entreprises mais aussi permettre au pays d’être moins dépendant de la Chine, principal investisseur actuellement. Et pour les personnes en faveur de la levée des sanctions, cela participera aussi de l’installation de la démocratie en Birmanie. « Les conséquences positives qui résulteront de la levée des sanctions seront créditées au gouvernement d’Aung San Suu Kyi », note le Myanmar Times.

Alors pourquoi certains sont-ils réticents ? « La raison la plus évidente est que les personnes liées à l’ancien régime militaire en tireront des bénéfices », explique le journal birman. Actuellement une centaine d’individus, considérés comme les principaux responsables des violations des droits de l’homme en Birmanie lorsque la junte militaire était au pouvoir, sont toujours inscrits sur liste noire empêchant les Américains de conclure des contrats avec eux ou leur compagnie. Avec la levée des sanctions, cette liste sera supprimée. Parmi eux, Asia World, plus gros conglomérat de Birmanie dirigé par l’homme d’affaires Steven Law et proche de l’ancienne junte militaire.

Du côté des représentants des minorités ethniques, si les sanctions sont levées, le gouvernement n’aura plus aucun moyen de pression pour mettre fin aux persécutions de l’armée dans certaines zones. « Il y a encore un certain nombre de problèmes mettant en cause la stabilité du pays et ses ressortissants les plus vulnérables, ont écrit ces représentants dans une lettre commune. Il s’agit souvent de violations des droits de l’homme, et des progrès devraient être faits sur ces questions avant de lever les sanctions. » Enfin, selon l’ONG Human Rights Watch, les sanctions sont cruciales pour assurer le bon déroulement de la transition démocratique dans le pays. Car elles permettent de faire pression sur l’armée afin qu’elle réfléchisse avec le gouvernement à une réforme de la Constitution de 2008. C’est notamment cette dernière qui empêchait Aung San Suu Kyi de devenir chef de l’Etat.

Pour le Myanmar Times, les choses sont claires. La levée des sanctions est une bonne chose « simplement parce que les arguments contre partent du principe que les sanctions ont fonctionné ». C’est ignorer selon le quotidien les nombreux cas de violations des droits de l’homme que le pays a connu malgré le maintien de cette pression américaine sur l’économie birmane.

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