Revue de presse Asie - 24 mai 2016

Milices de pêcheurs chinois, Russie en Birmanie et Voyages de l'ex-leader taliban

Un mois après son investiture, le président chinois Xi Jinping a rendu visite aux pêcheurs de l'île de Hainan pour souligner l'importance de la mer de Chine du Sud. Copie d'écran du site "The South China Morning Post", le 24 mai 2016.
Un mois après son investiture, le président chinois Xi Jinping a rendu visite aux pêcheurs de l'île de Hainan pour souligner l'importance de la mer de Chine du Sud. Copie d'écran du site "The South China Morning Post", le 24 mai 2016.

Asie du Nord-Est

South China Morning Post – Les bateaux de pêcheurs sont cordialement invités à prendre part au conflit en mer de Chine du Sud. L’année dernière, pas moins de 8 bateaux de pêche ont reçu des « subventions spéciales d’une valeur de 168 557 yuans (environ 23 000 euros) pour le diesel » de la part du gouvernement local de Tanmen dans l’île de Hainan, afin d’entreprendre une « excursion » d’un mois sur les îles Spratley. C’est notamment l’un de ces chalutiers d’acier qui a fait couler en mai 2014, un bateau de pêche en bois vietnamien près des îles Paracels. Un des affrontements les plus sérieux depuis l’accrochage de 1988 dans les îles Spratleys. Depuis, environ 200 navires chinois et vietnamiens sont rassemblés dans la zone autour de la plate-forme de la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC).

Depuis 1985, la compagnie de la marine militaire de Tanmen, à Hainan, recrute des pêcheurs, et leur fournit un entraînement comme dans une caserne. Selon le journal officiel local Hainan Daily, cité par le South China Morning Post, cette milice « organise des excursions pour collecter des informations maritimes, assister à la construction d’îles et de récifs et contribuer à la défense de la souveraineté en mer de Chine du Sud ». Depuis que Xi Jinping est au pouvoir, il entend faire de la Chine la puissance maritime de la région. A partir de 2012, l’empire du milieu a ainsi commencé à augmenter sa présence en mer de Chine du Sud. Des sommes considérables ont été dépensées pour la construction d’infrastructures dans cette zone.

Mainichi Shimbun – Soupçons de corruption au Japon. Le président du comité olympique japonais a annoncé hier lundi 23 mai qu’il avait approuvé le paiement de plus de 2 millions de dollars fait à une agence de consulting singapourienne, lié au processus de candidature de Tokyo pour accueillir les Jeux de 2020. Les deux versements ont été effectués dans les mois qui ont précédé la victoire de la capitale nippone en septembre 2013. La société concernée, Black Tidings, est dirigée par Ian Tan Tong Han, un proche de l’un des fils de l’ex-patron de l’athlétisme mondial Lamine Diack. L’ancien membre du CIO suspendu en novembre 2015 soutenait d’abord la candidature d’Istanbul mais avait fini par approuver celle de Tokyo. Ces virements suspects font peser des soupçons sur la victoire du Japon et sont au coeur d’une enquête pour corruption ouverte fin 2015 à Paris et confiée à trois juges d’instruction.
Taipei Times – D’entrée de jue, un symbole fort. C’est l’une des toutes premières décisions du gouvernement de Tsai Ing-wen, qui a pris ses fonctions ce vendredi 20 mai : toutes les poursuites judiciaires ont été abandonnées contre les acteurs du mouvement des Tournesols. En avril 2014, ces derniers avaient pris d’assaut le siège du gouvernement et occupé le Parlement pendant trois semaines pour s’opposer à la ratification d’un traité de libre-échange que le gouvernement avait négocié avec la Chine. Cette mesure symbolique s’inscrit avec cohérence dans le programme de campagne de Tsai Ing-wen et donne le ton des politiques que le nouveau gouvernement va développer.

Asie du Sud-Est

Myanmar Times – La Russie renforce progressivement sa position stratégique en Asie. ll y a quelques semaines, le Parlement birman approuvait un rapprochement militaire avec Moscou. La fédération russe semble vouloir améliorer ses relations avec l’Asie du Sud-Est, en réponse aux sanctions qui lui sont imposées par l’Occident suite à la crise ukrainienne. Elle est déjà un partenaire majeur du Vietnam et fourni des armes à la Malaisie et à l’Indonésie. De l’autre côté, Naypyidaw souhaite diversifier ses relations extérieures, alors que des sanctions militaires sont imposées par les Etats-Unis et que d’autres Etats occidentaux sont réticents à l’idée de se rapprocher de la Birmanie.

Ce mois-ci, Barack Obama a décidé d’étendre les sanctions contre la Birmanie, éloignant l’idée d’un rapprochement militaire entre les deux Etats. Aung San Suu Kyi, la conseillère d’Etat et ministre des Affaires étrangères, s’était alors empressée de répondre que ces pénalités « ne feront pas de mal au pays ». La « Dame de Rangoun » n’a pas demandé à ce que les sanctions soient levées. Pour certains experts, elle ne s’y opposerait pas afin de faire pression sur le Tatmadaw, nom des forces armées birmanes, qui ont dirigé le pays pendant plus de 15 ans.

Voir notre revue de presse du 18 mai.

The Jakarta Post – C’est un lourd passif que traîne toujours le gouvement de Jakarta. En Papouasie indonésienne, les fusillades datant de 2014 sont le cheval de bataille des défenseurs des droits de l’homme. Pendant le premier mandat de Joko Widodo, les violations des droits humains étaient omniprésentes en Papouasie. Selon la commission nationale pour les droits de l’homme en Indonésie (Komnas HAM), 700 civils ont été arrêtés, torturés et tués. Les activistes sont fermes : les coupables sont la police et l’armée. Pour régler ces affaires d’abus, le plus gros défi du gouvernement, ce sont ces deux institutions.

Luhut Pandjaitan, le ministre indonésien chargé de la Coordination des Affaires politiques, judiciaires et sécuritaires, a affirmé que le gouvernement pourrait résoudre 12 cas de violation des droits de l’homme avant la fin de l’année. Il coopéra de façon concordante avec la police nationale et le Komnas HAM. Ce n’est pas suffisant pour Feri Kusuma, un porte-parole de la commission pour les personnes disparues et victimes de violences (Kontras). Ces cas devraient être traités par « des tribunaux spécialement créés pour l’affaire » et « légitimés par un décret présidentiel ».

Bangkok Post – Carton jaune pour Bangkok. L’Union européenne entend combattre la pêche illégale, non-déclarée et non-réglementée (IUU). Prochaine étape ? Le carton rouge. La Thaïlande a 6 mois pour s’attaquer au problème. Sinon, Bruxelles n’importera plus de fruits de mer. Le Général Prawit, le vice-président de la junte thaïlandaise, a affirmé hier lundi 23 mai que le délai donné par l’Union était une bonne nouvelle. Mieux combattre la pêche illégale pourrait être une bénédiction pour l’économie du pays. Pendant ce temps, un coordinateur du centre pour le développement de la pêche en Asie du Sud-Est a déclaré que la pêche illégale était un défi de taille pour la communauté de l’ASEAN. En effet, les Etats membres devraient harmoniser leurs politiques de restriction afin d’être en règle avec le système de pêche international.

Asie du Sud

Dawn – Changer d’identité pour mieux voyager. Le chef des talibans afghans, le mollah Akhtar Mansour, que les Américains affirment avoir tué dans une attaque de drone ce samedi 21 mai, était un voyageur régulier. Dans les neuf dernières années, il aurait utilisé au moins deux aéroports pakistanais (Karachi et Quetta) pour effectuer des visites à l’étranger. Un passeport et une carte d’identité numérisée, tous les deux au nom de Muhammad Wali, ont été retrouvés à proximité de la voiture brûlée lors de l’attaque. Le mollah est suspecté d’avoir transporté ces papiers. Selon un officier d’une agence d’investigation cité par Dawn sans dire laquelle, l’homme enregistré au nom de Muhammad Wali voyageait fréquemment entre Karachi et Dubai grâce à la ville frontalière pakistanaise Taftan. Le 21 mai, il serait revenu d’Iran en passant par Taftan et aurait été tué par le drone américain le même jour. Un trajet que nie Téhéran, qui affirme qu’il n’est pas entré au Pakistan via son territoire. Selon l’employé, le passeport au nom de Wali aurait été délivré deux fois, en 2006 puis en 2011 suite à son renouvellement ; il était encore valable jusqu’en octobre 2016. La carte d’identité avait, elle, été délivrée en 2002 et renouvelée dix ans plus tard. L’employé a affirmé qu’il voyageait depuis l’aéroport de Karachi 70% du temps. Il aurait aussi utilisé une fois l’aéroport de Quetta.
Times of India – De victoires en victoires ? Plusieurs jours après ses très bons résultats aux élections des parlements locaux dans les Etats fédérés de l’Assam, du Bengale-Occidental et du Kerala, le BJP est bien décidé à poursuivre sa conquête électorale nationale. Le parti du Premier ministre, Narendra Modi, a décidé d’organiser son meeting annuel les 12 et 13 juin à Allahabad dans l’Uttar Pradesh, Etat qui doit élire ses représentants d’ici un an. Une fois aux mains du Parti du Congrès, Allahabad est maintenant le bastion du parti local : Samajwadi. Pour renverser cette tendance, le BJP compte faire venir de grands noms dont des ministres de l’Union, ainsi que des ministres en chef, anciens ou actuels, d’autres Etats. Tous ces hommes et femmes politiques tenteront de trouver comment faire perdurer le succès du parti notamment lors des élections à venir de l’Uttar Pradesh. Un succès qui a déjà convaincu certains membres d’autres partis de rejoindre le BJP comme Jagdish Rana qui a quitté le Bahujan Samaj Party pour le parti de Modi hier, lundi 23 mai.
Lanka Business online – S’organiser pour faire face. Après les inondations mortelles qui ont ravagé le Sri Lanka, les dons venant de pays alliés arrivent à Colombo. Le ministère des Affaires étrangères a mis en place un groupe de travail pour coordonner la distribution de l’aide humanitaire. Les Etats-Unis ont offert 50 000 dollars. Ils seront utilisés pour acheter et distribuer des couvertures, des kits d’hygiène, des vêtements ou encore des matelas. Washington a indiqué qu’il fournirait 250 000 dollars de plus. Le Japon a quant à lui offert des marchandises de secours d’une valeur de 32 millions de roupies (environ 475 mille dollars). Des purificateurs d’eau, réservoirs d’eau, groupes électrogènes mobiles et comprimés de purificateur d’eau ont été envoyés en urgence par avion depuis Singapour. L’Inde, l’Australie, la Croix-Rouge de Chine, la Corée du sud, le Pakistan, la Société du Croissant-Rouge turc ont eux aussi offert de l’argent ou des dons pour aider le pays. Le gouvernement sri-lankais a également mis en place plusieurs comptes bancaires afin que des dons en monnaie locale et étrangère puissent être envoyés.
Par Joris Zylberman, Alice Hérait et Claire Courbet, avec Hubert Kilian à Taipei et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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