Revue de presse Asie - 10 mars 2016

Futur président birman, avoirs sud-coréens liquidés et suicide d'un étudiant indien

Htin Kyaw a été investi par la LND comme candidat à la présidentielle birmane
Proche conseiller d'Aung San Suu Kyi, Htin Kyaw a été investi par la LND comme candidat à la présidentielle birmane et sera vraisemblablement élu par le Parlement. Copie d'écran du Myanmar Times, le 10 mars 2016.

Asie du Sud-Est

Myanmar Times – Il s’appelle Htin Kyaw et sera, selon toute vraisemblance, le nouveau président de la Birmanie. Après plusieurs mois de mystères et de tractations, la Ligue nationale pour la Démocratie (LND) vient officiellement d’en faire son candidat. Son élection à la tête de l’Etat est assurée dans la mesure où le parti domine les deux chambres du Parlement, rappelle le Myanmar Times. Mais pourquoi ce choix, se demande le quotidien birman ? Htin Kyaw, économiste de 69 ans, est un « pur produit » de la LND – son père et son beau-père en étaient également membres. C’est également l’un des plus indéfectibles soutiens et conseillers d’Aung San Suu Kyi : il fut notamment son messager lors de son assignation à résidence suite aux élections annulées de 1990 et il fut aussi son chauffeur privé, rapporte le Wall Street Journal. Sa loyauté fait donc de lui le parfait « mandataire » – en d’autres termes, président fantoche – souhaité par Aung San Suu Kyi. Car la prix Nobel de la Paix 1991 n’a jamais caché son ambition de tenir les rennes du pays quand bien même la Constitution lui empêche d’accéder à la magistrature suprême, parce que ses enfants ont un passeport étranger.
Jakarta Globe – Jokowi l’avait annoncé lundi. Le ministre indonésien des Affaires étrangères l’ouvrira dimanche. Retno Marsudi sera donc à Ramallah le 13 mars pour inaugurer le consulat honoraire d’Indonésie en Palestine et introniser la consul Maha Abu-Shusheh – présidente du Business Women Forum – Palestine. Cette avancée permettra de « resserrer les liens entre les deux pays », a annoncé le porte-parole du ministère indonésien des Affaires étrangères. Parmi les priorités de Jakarta : développer les partenariats économiques (notamment pour les produits alimentaires transformés), soutenir le processus d’indépendance de la Palestine, et assurer la protection des ressortissants et touristes indonésiens dans le pays.
Channel News Asia – C’est un titre peu convoité que Singapour décroche pour la troisième année consécutive. D’après The Economist Intelligence Unit, la cité-Etat est la ville la plus chère au monde pour les expatriés, dépassant d’une courte tête Hong Kong et Zurich, deuxièmes ex aequo. Parmi les postes de dépense les plus élevés à Singapour, on trouve les transports (2,7 fois plus chers qu’à New York), les vêtements et les charges (eau, gaz, électricité).

Asie du Nord-Est

The Straits Times – L’escalade des tensions continue de part et d’autre du 38e parallèle. Le régime de Pyongyang a annoncé aujourd’hui qu’il liquiderait les avoirs de Séoul dans deux projets-phares : la station touristique des Monts Kumgang et le parc industriel de Kaesong. « Par cette décision, nous rendons caduques tous les accords intercoréens d’échange et de coopération économique », a indiqué le Comité nord-coréen pour la Réunification pacifique de la Corée. Une déclaration qui s’est accompagnée d’un tir de missiles à courte portée dans la mer, au large de la côte orientale nord-coréenne. Le genre de « provocation limitée » adoptée par Pyongyang pour exprimer son « mécontentement », rappelle le Straits Times – mais qui prend une autre signification depuis que Kim Jong-un a annoncé hier mercredi 9 mars détenir des armes nucléaires « miniaturisées » pouvant être montées… sur des missiles, justement. Séoul et Washington restent néanmoins circonspects : « Rien ne montre que les Nord-Coréens maîtrisent la technique de miniaturisation », rappelle Reuters.
The Japan Times – C’est un signal fort envoyé presque 5 ans jour pour jour après la catastrophe de Fukushima. La cour d’Otsu a ordonné hier la fermeture du réacteur n°3 de la centrale nucléaire de Takahama, redémarré en janvier dernier – le seul opérationnel de l’installation. Les juges estiment que le réacteur connaît des « problèmes techniques » notamment dus à des « mesures de sécurité insuffisantes », et craignent la pollution du lac Biwa, la plus importante étendue d’eau douce du pays, en cas d’incident. Une « immense victoire […] pour l’ensemble du pays », déclare le membre du groupe anti-nucléaire Green Action, mais aussi un « violent coup » porté à la politique de Tokyo en faveur de l’atome, note le Japan Times. Shinzo Abe souhaitait en effet redémarrer les centrales du pays pour faire baisser les coûts de l’électricité qui ont augmenté de 20% depuis 2011 – et ainsi redynamiser la croissance économique du pays, rappelle le Wall Street Journal. L’archipel pourrait donc bientôt ne plus compter que sur les réacteurs de la centrale de Sendai (île de Kyushu), remis en service au mois d’août 2015.
South China Morning Post – En début de semaine, le quotidien hongkongais avait annoncé leur retour dans la région administrative spéciale. Mais les libraires Lui Por et Cheung Chi-ping, respectivement rentrés vendredi et dimanche à Hong Kong, seraient immédiatement retournés sur le continent après avoir déclaré à la police locale qu’elle devait classer l’enquête sur leur « disparition ». Leur libération sous caution, accordée par la province du Guangdong, nécessite peut-être leur présence à Shenzhen (ville du continent frontalière avec Hong Kong), suppose le président de la section chinoise de PEN international, une association d’écrivains pour la liberté d’expression, cité par le South China Morning Post. Quoi qu’il en soit, le doute ne cesse de s’épaissir autour de l’affaire. D’autant plus que la femme du libraire Lee Po, le dernier à avoir disparu, a annoncé récemment qu’elle souhaitait fermer la boutique de son mari, Causeway Bay Books, au mois de mai prochain…
United Daily News (en chinois) – Lors d’une réunion du groupe parlementaire du Kuomintang (KMT) ce jeudi 10 mars, en prévision des discussions sur l’examen d’un texte de loi sur la financement des partis politiques, un rapport édifiant sur l’état des financements du KMT a été présenté. Selon United Daily News, l’un des principaux quotidiens en langue chinoise qui cite le rapport rendu public, les avoirs financiers sont aujourd’hui évalués à 918 millions de dollars taïwanais. Après la crise financière de 1997, puis celle de 2008, mais aussi suite à l’explosion de la bulle spéculative immobilière, le parti a perdu plusieurs milliards. En 2000, les avoirs du KMT étaient en effet évalués à 42,3 milliards de dollars taïwanais – soit 46 fois plus qu’aujourd’hui.

Asie du Sud

India Today – Le climat continue de se détériorier à la Jawaharlal Nehru University (JNU) de New Delhi. Les medias indiens rapportent aujourd’hui le suicide d’un doctorant de l’université, originaire de l’Uttar Pradesh. Si aucun détail n’a filtré de l’enquête, le site d’information India Today rappelle que le campus de la JNU a récemment été le théâtre de plusieurs arrestations sur fond d’accusations de sédition, dont celle du leader de son syndicat étudiant, Kanhaiya Kumar (voir notre « Temps fort » sur l’éveil des étudiants indiens face au nationalisme hindou).
Dawn – Et c’est encore la JNU qui se retrouve au coeur de la tourmente, cette fois-ci à propos du Cachemire – pomme de discorde entre l’Inde et le Pakistan depuis 1947… Car les charges de sédition retenues contre les étudiants arrêtés par la police indienne se fondent en partie sur de prétendus slogans en faveur de l’indépendance du Cachemire, tenus lors d’un rassemblement le 9 février dernier. Pour prendre leur défense, une professeure de la prestigieuse université de la capitale a soutenu que l’Inde « occupait illégalement le Cachemire », comme « tout le monde sait ». L’organisation étudiante nationaliste hindoue ABVP a vivement condamné ces propos filmés et mis en ligne sur Youtube, et espère porter l’affaire devant le conseil d’administration de l’université.
Bangkok Post – Les autorités de Dacca restent volontairement discrètes, mais l’affaire commence à s’ébruiter. Début février, la Banque centrale du Bangladesh a perdu 100 millions de dollars placés dans un compte de la Fed. Le ministre bangladais des Finances soupçonne un piratage et un blanchiment d’argent à destination des Philippines – ce que réfute la Banque centrale américaine : « Les instructions de paiement en question ont été pleinement authentifiées […] en accord avec nos standards de protocole. » Dacca, Washington et Manille travaillent de concert depuis plusieurs semaines pour tenter de retracer les mouvements financiers. Les autorités bangladaises ont néanmoins déclaré avoir remis la main sur une partie de l’argent, sans livrer plus de détails.
Par Alexandre Gandil, avec Hubert Kilian à Taipei et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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