Revue de presse Asie - 3 mars 2016

Sanctions nord-coréennes, liberté d'expression en Malaisie et marine indienne en mer de Chine du Sud

l'entourage du président chinois Xi Jinping
L'ouverture de la CCPPC est l'occasion de revenir sur l'entourage du président chinois Xi Jinping. Copie d'écran du South China Morning Post, le 3 mars 2016.

Asie du Nord-Est

The Korea Herald – Les 15 membres du Conseil de Sécurité ont été unanimes. L’ONU a adopté hier ses sanctions « les plus dures » contre le régime de Pyongyang suite à l’essai nucléaire et au lancement de fusée qu’il a entrepris en début d’année. D’âpres négociations ont été nécessaires pour s’assurer du soutien de la Russie et de la Chine.

Le commerce avec la Corée du Nord se voit donc drastiquement limité par l’interdiction d’exporter – entre autres – du charbon, du fer, de l’or, du titane, des armes même légères, de nouveaux produits de luxe (montres haut de gamme, jet-skis, motoneiges), et tout objet pouvant « servir au développement des forces armées nord-coréennes ». Les cargos en provenance et à destination du « royaume ermite » devront désormais être systématiquement inspectés par l’Etat concerné. Les sanctions sont également d’ordre financier – gel des avoirs et des fonds nord-coréens liés au programme nucléaire ou de développement de missiles – et diplomatique – interdiction d’ouvrir un bureau de représentation en Corée du Nord sans autorisation de l’ONU et interdiction pour la Corée du Nord d’en ouvrir un à l’étranger.

La réaction de Pyongyang ne s’est pas faite attendre. Si sa décision de boycotter le Conseil des droits de l’homme peut faire sourire, son tir de 6 missiles en mer quelques heures après l’annonce de l’ONU est plus inquiétant, note la BBC. Mais cette manifestation de la « colère » nord-coréenne n’est pas contraire au droit international, puisqu’il s’agit de missiles à courte portée. En revanche, Séoul s’attend à une escalade des tensions, rapporte le média britannique.

South China Morning Post« Le plus gros show politique de l’année » : voilà comment le South China Morning Post qualifie l’ouverture des « deux sessions » – celles de la Conférence consultative Politique du Peuple chinois (CCPPC) aujourd’hui et celle de l’Assemblée nationale populaire (ANP) après-demain, le samedi 5 mars. Leur principal objectif est l’adoption du 13e plan quinquennal de la République populaire de Chine par l’ensemble du corps législatif et des conseillers d’élite du pays. Mais pour le quotidien hongkongais, cette importante réunion politique sera l’occasion de répondre à cinq grandes questions : quelles sont les « étoiles montantes » du parti ? Quel avenir pour l’Armée populaire de libération (APL) ? A quel point l’économie chinoise est-elle en mauvaise santé ? Le pays va-t-il lancer un programme de relance économique comme à la fin des années 2000 ? Et comment les élites du parti s’adaptent-elles au leadership de Xi Jinping ?

Dans un second article, le South China Morning Post profite de cette occasion pour faire la lumière sur l’entourage du président Xi. Car le « prince rouge », contrairement à ses prédécesseurs Hu Jintao et Jiang Zemin, a constitué son premier cercle avec d’anciens camarades d’université et des collègues rencontrés avant son ascension au sommet de l’Etat, de l’armée et du parti – notamment dans les « petites » provinces du Fujian et du Zhejiang, à l’Est du pays. Depuis son accession au pouvoir, Xi Jinping a ainsi usé de « promotions », de « rétrogradations » et même organisé une « purge nationale » pour placer les membres de son entourage aux positions-clé, lui assurant un soutien indéfectible.

Channel News Asia – Est-ce un premier signe d’apaisement entre Hong Kong et le continent ? Les autorités du Guangdong, province du Sud chinois et limitrophe de l’ancienne colonie britannique, ont annoncé aujourd’hui qu’elles libéreraient sous caution « dans les prochains jours » 3 des libraires hongkongais qu’elle détient : Lui Por, Cheung Chi Ping et Lam Wing Kee. Les médias chinois ont indiqué qu’ils pourraient peut-être retourner à Hong Kong car ils se sont « confessés avec une bonne attitude », faisant référence à leurs excuses vraisemblablement forcées diffusées ce week-end par la chaîne Phoenix TV. Tous accusent un quatrième libraire, Gui Minhai, d’avoir organisé la diffusion sur le continent de publications critiques vis-à-vis de Xi Jinping et du Parti communiste chinois.
Yomiuri« Je crains que l’opposition, divisée à cette heure, ne trouve un élément fédérateur ». C’est ce qu’a déclaré Urushibara Yoshio lors d’une conférence de presse ce jeudi 3 mars. Le président du Comité exécutif central du Kômeitô, parti bouddhiste japonais, réagissait aux déclarations du Premier ministre Shinzo Abe, qui affirmait vouloir mener à bien la réforme constitutionnelle pendant son mandat parlementaire, jusqu’en 2018. La réforme sera le principal enjeu des élections de la chambre haute cet été.

Asie du Sud-Est

Myanmar Times – Ils s’écharperont jusqu’au dernier instant. La Ligue nationale pour la Démocratie (LND), parti vainqueur des élections législatives de novembre, et l’Union Solidarity and Development Party (USDP), parti du président au pouvoir et soutenu par les militaires, n’arrivent pas à se mettre d’accord sur… leur cérémonie de passation. Au coeur des enjeux : le lieu de sa tenue. D’après la LND, elle doit être organisée au Parlement, selon la Constitution : le Président doit prêter serment devant les députés. Mais l’USDP a fait savoir qu’il voulait l’organiser au palais présidentiel. Quoi qu’il en soit, le mandat du président Thein Sein s’achève le 30 mars, et les députés birmans doivent élire son successeur dans une semaine – le 10. Aung San Suu Kyi, qui brigue la magistrature suprême en dépit d’une interdiction constitutionnelle, se trouve en bien mauvaise posture malgré tous les efforts entrepris depuis la victoire de son parti aux législatives (voir notre revue de presse du 1er mars).
Channel News Asia – Les autorités indonésiennes veulent s’assurer qu’il y a bien eu plus de peur que de mal. Car si le violent séisme de magnitude 7,8 qui a frappé Sumatra hier mercredi 2 mars n’aurait fait aucune victime ni dégât matériel majeur, il s’agit maintenant de confirmer ce bilan en inspectant les îles reculées d’Indonésie occidentale. C’est ainsi que plusieurs officiels et militaires y ont été envoyés aujourd’hui afin de constater l’impact du tremblement de terre sur ces territoires « isolés », notamment les îles de Tuapejat et Mentawai, situées au plus proche de l’épicentre.
Malay Mail Online – La liberté d’expression n’est pas un « droit absolu », mais plutôt un « privilège qui peut être retiré en cas d’abus ». Cette formule choc du ministre malaisien de la Communication est tirée d’un article publié sur son blog où l’officiel se plaint des « rumeurs » et de la « désinformation » véhiculées par les internautes. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec la suspension du site d’informations indépendant The Malaysian Insider, bloqué la semaine dernière suite à la publication anonyme des propos d’un membre de la commission anti-corruption contredisant le discours officiel de l’institution, à propos de l’enquête sur le Premier ministre Najib Razak soupçonné de corruption. Néanmoins, le ministre a rappelé qu’il n’avait « aucun problème » avec les sites « critiques vis-à-vis du gouvernement » – seulement avec ceux diffusant des « informations prêtant à confusion »… Où place-t-il la frontière ?
The Straits Times – Deux ans après la disparition du vol MH370, l’enquête continue. Après la découverte de potentiels débris de l’appareil au large du Mozambique, le ministre malaisien des Transports a indiqué aujourd’hui qu’il enverrait ses experts nationaux pour enquêter conjointement avec les équipes australienne et mozambicaine. L’officiel a néanmoins appelé à la retenue car à ce stade, rien n’indique qu’il s’agit bien de pièces appartenant au Boeing disparu le 8 mars 2014.
Bangkok Post – Sorayuth Suthassanchinda est un peu à la télévision thaïlandaise ce qu’a pu être Patrick Poivre d’Arvor à TF1 : un présentateur extraordinairement populaire, avidemment suivi chaque jour par des millions de Thaïlandais et dont les commentaires sur l’actualité donnent le ton pour toute une partie de la population. Mais la roue tourne et Sorayuth vient d’être condamné à 13 ans et quatre mois de prison pour corruption : il a soudoyé une fonctionnaire de la télévision gouvernementale pour qu’elle ferme les yeux sur un excédent de quelques quatre millions d’euros de recettes publicitaires. Et malgré sa condamnation en début de semaine, Sorayuth insiste pour continuer à présenter les informations sur la chaîne 3, la plus populaire dans le royaume. Ce qui n’est pas du goût de certains sponsors et des associations de journalistes…

Asie du Sud

The Straits Times – Une nouvelle alliance militaire navale se dessine en concurrence avec la Chine. L’Amiral Harry Harris, chef du commandement Pacifique des Etats-Unis a dévoilé hier mercredi le théâtre d’un prochain exercice naval lors d’une rencontre stratégique à New Delhi . Trois flottes, incluant le Japon et l’Inde, se rencontreront cette année en mer de Chine méridionale au nord des Philippines. La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei, a réagi à cette annonce, déclarant que Pékin « espère que la coopération entre les pays concernés pourra assurer la paix régionale et la sécurité, sans porter atteinte aux intérêts des parties tierces ». Les analystes du régime communiste sont néanmoins plus acerbes, n’hésitant pas à qualifier l’alliance entre Washington, New Dehli et Tokyo de « mini-OTAN », rapporte le New York Times. La Chine mène une politique d’affirmation de souveraineté de plus en plus agressive dans la région, qu’elle revendique dans sa quasi-totalité.
The Indian Express – Le Premier ministre Narenda Modi s’est exprimé ce jeudi 3 mars à la chambre basse dans le cadre de la session budgétaire du parlement, débutée fin février. Il répondait au discours tenu à la chambre basse par Rahul Gandhi, l’un des chefs de l’opposition. Celui-ci avait violemment critiqué le Premier ministre mercredi, notamment au sujet de sa visite au Pakistan en décembre dernier. Le vice-président du Congrès national indien accuse Narenda Modi d’avoir détruit 6 ans de travail à isoler le Pakistan en tant que pays soutenant le terrorisme. Le Premier ministre a quant à lui fait remarquer que les débats au parlement souffraient de constantes interruptions du fait de l’opposition.
Dawn – Le pape François ira cette année à la rencontre du gouvernement pakistanais, selon un message officiel du Vatican ce jeudi 3 mars. Les ministres pakistanais des Ports et de la Pêche et des Affaires religieuses se sont joints à l’invitation initialement envoyée au Saint-Siège par le Premier ministre Nawaz Sharif. Les chrétiens au Pakistan représentent 1,6% de la population, soit 2,8 millions d’individus. Le débat religieux s’était envenimé dans le pays autour des lois sur le blasphème et la protection des femmes. Deux ministres, dont un chrétien, ont été assassinés l’année dernière.
Dawn – 54 ressortissants pakistanais sont arrivés hier mercredi à l’aéroport Benazir Bhutto, après avoir été renvoyés par des pays européens. Parmi eux, 42 individus avaient séjourné au Royaume-Uni, 10 en Turquie et 2 en Roumanie. Le Service fédéral des Enquêtes est venu à la rencontre des déportés en provenance du Royaume-Uni, dont 3 ont été interrogés par la cellule en charge de la lutte contre la traite d’êtres humains.
Par Alexandre Gandil et Ryôma Takeuchi, avec Arnaud Dubus à Bangkok et Sylvie Lasserre Yousafzai à Islamabad

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