Revue de presse Asie - 2 février 2016

Découpage militaire chinois, scandale malaisien à Singapour et grève meurtrière au Pakistan

La Chine a mis en place hier un nouveau découpage géographique militaire.
La Chine a mis en place hier un nouveau découpage géographique militaire. Copie d'écran du South China Morning Post, le 2 février 2016.

Asie du Nord-Est

La Chine adopte son nouveau découpage militaire

South China Morning Post – La Chine passe de 7 régions militaires à 5 « commandements de théâtre ». Un changement quantitatif et qualitatif pour l’Armée populaire de Libération (APL), qui doit permettre le « commandement interarmé des troupes au sol, de la marine, de l’aviation et de toutes les autres forces » au sein des nouvelles structures. Objectif : contribuer à la modernisation de l’APL, qui doit penser « la guerre moderne, la guerre du futur », a indiqué Xi Jinping hier. Pour assurer la stabilité de cette transition, les forces de l’armée de terre continueront d’occuper les postes clés, précise le South China Morning Post.

Chine : les Etats-Unis regrettent le manque d’informations sur les libraires hongkongais disparus

South China Morning Post – La doctrine « un pays, deux systèmes » est-elle viable ? Pour le Département d’Etat américain, les disparitions répétées de libraires hongkongais depuis octobre sont la preuve que non. Son porte-parole a regretté hier que le gouvernement de Pékin ne respecte ni l’autonomie de Hong Kong consacrée par son statut de « région administrative spéciale », ni la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Parmi les 5 libraires, 2 sont d’ailleurs détenteurs de passeports européens, note le South China Morning Post.

Le Japon s’apprête à intercepter des missiles nord-coréens

The Mainichi – Cela fait plusieurs jours que les autorités nippones s’attendent au lancement d’un missile nord-coréen (voir notre revue de presse du 28 janvier 2016). Aujourd’hui, l’archipel s’est déclaré paré à l’attaque : plusieurs destroyers équipés du système d’interception Standard Missile-3 (SM3) ont été déployés dans la mer du Japon, et 34 intercepteurs Patriot Advanced Capability-3 (PAC3) sont prêts à être activés au sol. L’ampleur du dispositif donne au Japon deux chances de détruire un potentiel missile nord-coréen : les PAC3 prendront le relais si les SM3 échouent dans leur tâche, indique The Mainichi.

Deux avions militaires chinois traversent les zones d’identification aérienne japonaise et sud-coréenne

The Korea Times – L’affaire remonte au 31 janvier mais n’a été rendue publique qu’aujourd’hui. Deux avions militaires chinois ont pénétré ce week-end dans les zones d’identification aérienne du Japon et de la Corée du Sud. Les progrès technologiques de l’armée chinoise rendent impossible une traversée involontaire : alors, comment l’expliquer ? Le quotidien The Korea Times a deux explications. Première raison, Pékin aurait pu « faire les gros bras » pour exprimer son mécontentement vis-à-vis du récent déploiement d’un système américain de missiles antibalistiques (terminal high-altitude area defense, THAAD) sur le sol sud-coréen. Deuxième raison, la Chine aurait pu vouloir estimer l’ampleur du dispositif antimissile mis en place par le Japon pour contrer un éventuel tir nord-coréen (voir ci-dessus).

Asie du Sud-Est

Birmanie : l’USDP survivra-t-il à l’alternance ?

Myanmar Times – Les rumeurs de dissensions au sein de l’USDP, parti du président sortant Thein Sein et émanation de l’ancienne junte militaire birmane, remontent à juillet 2015. Mais elles n’ont jamais été aussi fortes qu’aujourd’hui. Suite à l’inauguration du nouveau Parlement hier, dominé par la LND (le parti d’Aung San Suu Kyi), le Myanmar Times estime que l’USDP entre dans une « traversée du désert » qui risque de lui coûter non seulement son unité, mais aussi son existence. Parmi les figures réformatrices qui pourraient lancer une nouvelle formation politique, on trouve l’ancien président du parti et du parlement, Shwe Mann, mais aussi un député de l’USDP qui siégeait aux côtés d’Aung San Suu Kyi lors de la dernière session, Aung Ko. Tous deux indiquent avoir pris conscience de la sanction électorale de novembre et de la confiance rompue entre l’opinion publique birmane et leur parti.

Indonésie : 10 anciens séparatistes papous demandent l’amnistie

The Jakarta Post – Ils se sont rendus aux autorités en janvier. Ex-membres de l’Armée de libération nationale de l’Organisation pour une Papouasie libre, 10 anciens séparatistes papous demandent maintenant leur amnistie et une aide au coût de la vie, après avoir rencontré le chef des renseignements indonésiens. Ils doivent retourner en Papouasie au cours de la semaine.

Singapour saisit de nombreux comptes bancaires dans le cadre de l’affaire 1MDB

South China Morning Post – Fer de lance de la lutte anti-corruption en Asie du Sud-Est, Singapour participe activement à l’enquête sur le fonds d’investissement étatique malaisien 1MDB. Les autorités financières de la cité-Etat et le Commercial Affairs Department (agence de lutte contre les « criminels en col blanc ») ont annoncé aujourd’hui avoir saisi de nombreux comptes bancaires depuis la mi-2015. Objectif : déterminer s’ils ont servi à un blanchiment d’argent impliquant 1MDB. Le fonds d’investissement malaisien a indiqué ne pas avoir encore été contacté par Singapour.

Asie du Sud

Pakistan : la grève du personnel de PIA tourne au drame à Karachi

The Express Tribune – Grève meurtière à Karachi. Alors que les employés de Pakistan International Airlines (PIA) organisaient un blocus de l’aéroport pour protester contre la privatisation de leur compagnie aérienne, les affrontements avec la police et les milices ont fait au moins 1 mort et 5 blessés. Officiellement, seuls des tirs de gaz lacrymogène et de canon à eau ont été utilisés pour disperser la foule. Mais certains médias pakistanais ont indiqué que les milices auraient ouvert le feu – ce que les forces paramilitaires et la police ont nié. Les partis politiques pakistanais ont regretté l’usage de la force.

Inde-Pakistan : un membre présumé de l’ISI arrêté à Pathankot

The Hindu – Nouveau rebondissement dans l’enquête sur l’attentat de Pathankot, qui a fait 7 morts la nuit du 1er au 2 janvier derniers. Les forces indiennes ont arrêté aujourd’hui l’un de leurs ressortissants, accusé d’être un espion de l’ISI (services de renseignement pakistanais). Il travaillait comme ouvrier à la base militaire de Pathankot. Plusieurs clichés d’installations sensibles ont été découverts sur son smartphone. L’intéressé a déclaré les avoir envoyés à un référent au Cachemire, lequel les aurait transmises à son homologue pakistanais.

Inde : déterminer le sexe des foetus pour limiter les avortements sélectifs

Quartz – Adopter les armes de l’ennemi pour le combattre. Voilà ce que propose la ministre indienne du Développement pour les Femmes et les Enfants, Maneka Gandhi, pour lutter contre les avortements sélectifs fondés sur le sexe. Concrètement, il s’agit de légaliser et de rendre obligatoires les échographies permettant de déterminer le sexe du foetus. Ainsi, les femmes enceintes d’une petite fille pourront être recensées pour s’assurer du suivi de leur grossesse. Interdites depuis 1994, ces échographies se font aujourd’hui de manière clandestine et servent justement à choisir le sexe du bébé pour les parents. Le ratio homme/femme en Inde s’est amélioré depuis 10 ans, note Quartz, mais les hommes restent plus nombreux (933 femmes pour 1000 hommes en 2011 contre 943 pour 1000 en 2011).

Inde : Tata songe à changer le nom de son modèle « Zica »

The Straits Times – C’est un nom devenu malheureux. Le groupe automobile Tata, qui a lancé en grande pompe il y a quelques semaines la campagne publicitaire pour son modèle Zica, envisage désormais de le renommer. En cause : la panique créée par la propagation du virus Zika, qui pourrait bientôt toucher l’Inde (voir notre revue de presse du 1er février 2016). La décision n’est pas encore arrêtée.
Par Alexandre Gandil, avec Sylvie Lasserre Yousafzai à Islamabad et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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