Chine : Le Marché peut-il dépolluer ?
Contexte
Depuis 2013, Shanghai est l’une des sept zones pilotes autorisées à se frotter au marché carbone (avec Tianjin, Pékin, Shenzhen, Chongqing, les provinces du Hubei et du Guangdong). Si le système du « cap and trade » (« plafonnement et échange »), selon son appellation anglo-saxonne, est investi par une foule d’intermédiaires financiers, son principe de départ est simple : pour réduire ses émissions de CO2, une entreprise doit y voir un intérêt économique. Ou tout du moins pouvoir amortir les investissements effectués.
Dans les secteurs industriels les plus polluants, le gouvernement alloue donc à chaque compagnie une certaine quantité d’émissions de CO2 à ne pas dépasser. Les bons élèves, qui restent sous le seuil fixé, peuvent revendre leurs quotas non utilisés aux entreprises les plus gourmandes.
Le coût de la tonne de CO2
Quotas distribués gratuitement
« De nombreux quotas ont été distribués gratuitement et les gouvernements locaux n’ont pas hésité à remonter les plafonds un peu quand ils le voulaient pour ne pas pénaliser leurs entreprises, juge Simon Quemin, doctorant à la Chaire d’Economie du Climat de Paris Dauphine. Mais on ne peut pas vraiment en tirer des conclusions. Il s’agit avant tout d’un test pour préparer le marché national. »
Les leçons du fiasco européen
L’incertitude sur la transparence des émissions
Aux origines du marché du carbone
Le marché du carbone trouve son inspiration dans celui du dioxyde de souffre (SO2), mis en place en 1995 aux Etats-Unis. A l’époque, Washington souhaitait en finir avec les pluies acides, qui ravageaient les cours d’eau du pays. Celles-ci étaient attribuées largement au SO2 émis par les centrales à charbon. Un système d’échanges de quotas de SO2, très peu encadré par le gouvernement, a donc été développé pour mettre un prix sur les émissions de souffre.
En 20 ans, les émissions de CO2 ont baissé de 40% aux Etats-Unis, et pour un coût inférieur aux budgets prévisionnels. Si la communauté scientifique reste partagée sur le rôle exact du marché du souffre, celui-ci a affiché un certain dynamisme. La prix de la tonne de SO2 est passé de 200 dollars en 2003 à 1 600 dollars en 2005.
Ce succès s’explique en partie par la transparence du système. Aux Etats-Unis, les centrales thermiques sont équipées de dispositifs enregistrant les émissions heure par heure. Un tel système semble plus difficile à mettre en place pour le CO2.
B.F.
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