A Madurai : "Tous concernés par ces attaques"
Contexte
Comment l’Asie a-t-elle perçu les attentats qui ont causé 129 morts et 352 blessés à Paris, vendredi 13 novembre ? Dans un continent où la violence extrême du terrorisme est parfois le quotidien des populations, une immense vague de soutien à la France s’est manifestée immédiatement. Des débats, des différences de perceptions ont aussi émergé. Asialyst y consacre un dossier spécial, avec les témoignages rassemblés par nos chroniqueurs. Suite de notre dossier dans le Tamil Nadu, à l’extrême Sud de l’Inde.
Pourtant en Inde on s’est félicité de la couverture médiatique à la française – comprenez un journalisme non intrusif, respectueux des victimes et de leurs familles. Des messages ont notamment circulé sur les réseaux sociaux rappelant l’attitude des journalistes indiens après le tremblement de terre qui avait frappé le Népal en Avril dernier.
L’information a circulé ainsi en Inde, qui depuis l’annonce des attaques redouble de prudence face à la menace terroriste. L’Inde a déclaré notamment vouloir contrôler les consulats et ambassades de France, d’Allemagne, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, de l’Australie, de la Russie, de Turquie et d’Israël.
Malgré tout, la confusion règne dans l’esprit de certaines étudiantes : « Nous avons entendu dire qu’il s’agissait de réfugiés syriens arrivés en France récemment. L’Inde a déjà fait l’objet d’attaques terroristes similaires, mais on se demande surtout comment un pays développé comme la France n’a-t-il pas pu s’en prémunir », s’interroge Ponshruti, 17 ans. Alors que le gouvernement indien est accusé d’intolérance religieuse et communautaire par ses opposants politiques, la couverture médiatique des événements ainsi que les similitudes avec les précédentes attaques orchestrées à Mumbai en 2008, mais également en 1993, relancent les vieilles inquiétudes vis-à-vis des pays voisins.
« Aujourd’hui, le terrorisme représente l’une des plus grosse menace pour les Etats. Cela n’a aucun lien avec la religion. Chaque être humain est concerné par ces attaques », répond le fondateur et rédacteur en chef de la revue Tai Tamil Nadu. « Ce que nous avons vécu auparavant, poursuit-il, était un peu différent, puisqu’il s’agissait de Pakistanais voulant attaquer l’Inde sur son sol. Dans le cas de Daech, la menace est toute autre. Ce sont des citoyens du pays qui attaquent, et l’Inde est également concernée par ce nouveau type de menace. »
Par Audrey Durgairajan, à Madurai (Tamil Nadu)
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