Société
Les Attentats de Paris vus d’Asie

 

A Madurai : "Tous concernés par ces attaques"

Une étudiante indienne participe à une marche silencieuse pour condamner les attentats de Paris, à Calcutta le 18 novembre 2015. (Crédit : AFP PHOTO/ Dibyangshu SARKAR)
Une étudiante indienne participe à une marche silencieuse pour condamner les attentats de Paris, à Calcutta le 18 novembre 2015. (Crédit : AFP PHOTO/ Dibyangshu SARKAR)

Contexte

Comment l’Asie a-t-elle perçu les attentats qui ont causé 129 morts et 352 blessés à Paris, vendredi 13 novembre ? Dans un continent où la violence extrême du terrorisme est parfois le quotidien des populations, une immense vague de soutien à la France s’est manifestée immédiatement. Des débats, des différences de perceptions ont aussi émergé. Asialyst y consacre un dossier spécial, avec les témoignages rassemblés par nos chroniqueurs. Suite de notre dossier dans le Tamil Nadu, à l’extrême Sud de l’Inde.

Le rapport à la mort en Inde est bien particulier. « Des milliers d’âmes quittent ce monde chaque jour », peut-on entendre après un décès. La tristesse est pourtant bien présente, mais la vie reprend vite ses droits.
Pourtant en Inde on s’est félicité de la couverture médiatique à la française – comprenez un journalisme non intrusif, respectueux des victimes et de leurs familles. Des messages ont notamment circulé sur les réseaux sociaux rappelant l’attitude des journalistes indiens après le tremblement de terre qui avait frappé le Népal en Avril dernier.
“Vous avez remarqué la couverture médiatique des attentats à Paris ? Avez-vous vu des morts et du sang ?” Un message d’un internaute indien sur le service de messagerie instantanée Whatsapp.
“Vous avez remarqué la couverture médiatique des attentats à Paris ? Avez-vous vu des morts et du sang ?” Un message d’un internaute indien sur le service de messagerie instantanée Whatsapp.
Des attaques terroristes, l’Inde en a déjà connu. « A la télévision, la nouvelle a surtout fait écho aux attaques de Mumbai en 2008« , commentent Ashiya et Maheswari, 17 ans, étudiantes en première année de journalisme au Tamil Nadu, tout en se remémorant les faits : « A l’époque, 164 personnes avaient été tuées, et plus de 300 personnes blessées. » « Tout comme à Paris, reprend Kayalvizhi, 18 ans, les terroristes avaient alors attaqués les hôtels, et restaurants de la ville : le Taj Hotel notamment, et il s’agissait également d’attaques qui demandaient peu de ressources financières. »

L’information a circulé ainsi en Inde, qui depuis l’annonce des attaques redouble de prudence face à la menace terroriste. L’Inde a déclaré notamment vouloir contrôler les consulats et ambassades de France, d’Allemagne, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, de l’Australie, de la Russie, de Turquie et d’Israël.

Malgré tout, la confusion règne dans l’esprit de certaines étudiantes : « Nous avons entendu dire qu’il s’agissait de réfugiés syriens arrivés en France récemment. L’Inde a déjà fait l’objet d’attaques terroristes similaires, mais on se demande surtout comment un pays développé comme la France n’a-t-il pas pu s’en prémunir », s’interroge Ponshruti, 17 ans. Alors que le gouvernement indien est accusé d’intolérance religieuse et communautaire par ses opposants politiques, la couverture médiatique des événements ainsi que les similitudes avec les précédentes attaques orchestrées à Mumbai en 2008, mais également en 1993, relancent les vieilles inquiétudes vis-à-vis des pays voisins.

« Aujourd’hui, le terrorisme représente l’une des plus grosse menace pour les Etats. Cela n’a aucun lien avec la religion. Chaque être humain est concerné par ces attaques », répond le fondateur et rédacteur en chef de la revue Tai Tamil Nadu. « Ce que nous avons vécu auparavant, poursuit-il, était un peu différent, puisqu’il s’agissait de Pakistanais voulant attaquer l’Inde sur son sol. Dans le cas de Daech, la menace est toute autre. Ce sont des citoyens du pays qui attaquent, et l’Inde est également concernée par ce nouveau type de menace. »

Par Audrey Durgairajan, à Madurai (Tamil Nadu)

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A propos de l'auteur
Audrey Durgairajan est journaliste indépendante en Inde, et collabore avec différents médias Français (Ouest-France, Rue 89) et Indiens (Indes Magazine). Lorsqu’elle n’est pas en reportage, elle forme les étudiantes de License Journalisme et Communication de Madurai (Tamil Nadu).
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