Revue de presse économique - Vendredi 30 octobre 2015

L'Eco de la presse asiatique

L’Inde progresse dans le classement des “meilleurs pays où faire des affaire en 2016”, selon la Banque Mondiale. Copie écran du Business Standard, le 28 octobre 2015.
And the winner is… Singapour ! A croire qu’on est revenu dans les années 1990, ou qu’on y est resté. Cette année encore, ce sont deux ex-dragons asiatiques qui remportent la palme des pays où il fait bon faire des affaires, selon le classement de la Banque mondiale. Il y a en même trois, si l’on prend le top cinq. Avec en numéro un Singapour, on l’a dit. En deux, la Nouvelle-Zélande, en trois, le Danemark, en quatre, la Corée du Sud et en cinq, Hong Kong. Première remarque : Il ne manque que Taïwan pour refaire la bande des quatre. Taipei, Seoul, Hong Kong et Singapour en meneuses de bal avec des taux de croissance à deux chiffres à l’époque. Deuxième remarque : l’Asie ne caracole pas seule en tête. L’Océanie et l’Europe sont également représentées. Troisième remarque : les affaires sont visiblement une histoire de géographie et de « petits » pays. Pendant que les géographies « moyennes » font du business, les « grands » refont le monde. Les États-Unis envoient un destroyer frôler les moustaches des îlots artificiels chinois dans les Spratleys, tandis que Pékin refait copain-copain avec Pyongyang et développe les zones économiques spéciales à la frontière sino-nord-coréenne.

Quels sont les meilleurs pays pour les affaires en Asie ?

Singapour reste en tête

The Straits Times (28.10.2015) – Cela fait trois ans que ça dure et Singapour ne boude pas son plaisir. La cité souveraine arrive une fois de plus en tête du classement « Doing Business 2016 » de la Banque Mondiale. Il n’y a d’ailleurs pas grand changement dans ce 13ème rapport annuel portant sur 189 pays, remarque The Straits Times. La Nouvelle-Zélande reste deuxième également d’une étude qui se base sur l’avis de 10 000 experts et acteurs, et privilégie l’environnement des petites et moyennes entreprises dans chaque pays pour établir sa liste. En bon maître d’école, la Banque Mondiale délivre aussi ses « peut mieux faire » à tous les élèves en « progrès ». 10 pays se retrouvent dans la catégorie cette année : le Costa Rica (58), l’Ouganda (122), le Kenya (108), Chypre (47), la Mauritanie (1698), l’Ouzbékistan (87), le Kazakhstan (41), la Jamaïque (64), le Sénégal (153) et le Bénin (158).

La Corée du Sud s’interroge sur sa quatrième place

Chosun Ilbo (28.10.2015) – La Banque mondiale a classé la Corée du Sud à la quatrième place des pays où l’on fait les meilleures affaires, relèvent également The Jakarta Post et The Philippines News. La Corée ne surpasse pas seulement les États-Unis et le Japon, elle se classe aussi devant Hong Kong, souligne le Chosun Ilbo qui a choisi comme illustration un personnage doté d’un visage en forme de machine à calculer entourée de points d’interrogation. Face à ce résultat, les hommes d’affaires sont dubitatifs poursuit le journal : « Si la Corée du Sud est à la quatrième place, pourquoi alors les multinationales ne se ruent pas sur le pays pour y investir ? » Récemment, note encore le quotidien qui y voit un choix « plus réaliste », le magazine Forbes avait classé la Corée à la 32ème place en termes commerciaux. Cela dit, on voit très bien où veut en venir le quotidien conservateur, en lisant deux lignes plus loin : « L’évaluation ne prend pas en compte le talon d’Achille de l’économie coréenne, à savoir les syndicats. (…) La critique la plus commune venue des hommes d’affaires locaux comme des hommes d’affaires étrangers, poursuit le Chosun, ce sont les fréquentes grèves et les nombreuses régulations locales telles que l’interdiction des hôtels dans le périmètre d’une école, qui entravent le commerce ».

La Thaïlande recule de trois places

Bangkok Post (28.10.2015) – Alors évidemment pour qu’il y ait classement, il faut que certains montent et d’autres redescendent. C’est le cas de la Thaïlande d’avant le coup d’Etat. Le pays a été classé à la 97ème place par la Banque mondiale et perd ainsi trois points. Au sein de l’ASEAN, le Royaume se place derrière Singapour et la Malaisie, souligne toutefois le Bangkok Post, dans une région où tout évolue très vite. Le Vietnam a pris des mesures pour faciliter les prêts aux PME, poursuit le journal et la Birmanie est le pays qui compte le plus de changements positifs, au premier rang desquels la suppression du capital minimum requis pour ouvrir un business.

L’Inde en progrès, mais « peut encore mieux faire »

The Indian Express (29.10.2015) – On ne peut décidément pas plaire à tout le monde. « Il est peut-être devenu plus facile pour les hommes d’affaires indiens de fonder une entreprise, mais l’accès aux crédits s’est détérioré et les taxes se sont aggravées », juge l’Indian Express après la bonne note accordée à New Delhi par la Banque Mondiale. L’Inde fait un bond de douze places et se classe 130ème sur 189. C’est bien mais on reste en-dessous du Népal (99), du Sri Lanka (107) et même du Bouthan (71), s’étonne le Business Standard. India Today préfère voir le verre à moitié plein et cite un expert de la Banque Mondiale : « Il n’est pas impossible que l’Inde soit classée dans le Top 100 dans le prochain rapport l’année prochaine, si le pays continue sur la voie des réformes économiques et continue de réduire les coûts bureaucratiques. » Le Pakistan grimpe de 10 places et se classe 138ème, note dans un autre article The Indian Express. La Chine elle gagne six places et se classe 84ème.

Classe moyenne au Bangladesh, école de l'élite en Chine et goût du luxe en Corée du Sud

Bangladesh : l’émergence de la classe moyenne

The Daily Star (27.10.2015) – Selon un nouveau rapport publié par le Boston Consulting Group (BCG), la classe moyenne au Bangladesh est en plein développement, ce qui ouvre de nouvelles opportunités aux entreprises notamment étrangères. 7% de la population rentrerait dans cette catégorie avec un revenu annuel moyen de 5 000 dollars, soit 11 millions de personnes considérées comme des « consommateurs moyens et aisés ». Les prêts à la consommation sont en plein boom, les ventes de cosmétiques, de climatiseurs, de réfrigérateurs et de véhicules de tourisme également. Plus de 50 millions de Bangladais possèdent un smartphone. Les achats en lignes se multiplient, et des plates formes e-commerce voient le jour.

Chine : l’université Tsinghua plus forte que le MIT ?

Quartz (30.10.2015) – Certains aux Etats-Unis n’en reviennent toujours pas. La certes prestigieuse université chinoise de Tsinghua a dépassé l’encore plus prestigieux MIT américain dans le classement des grandes écoles dans le monde. L’explication tient au fait que ce classement est basé sur le nombre plus que sur la « qualité » des publications publiées par les centres de recherches des établissement croit savoir Quartz.

La Corée du Sud au banc d’essai pour les marques de luxe

The Chosun Ilbo (30.10.2015) – Le Diable est probablement Sud-Coréen s’il s’habille en Fendi. Le groupe de luxe italien a réservé l’exclusivité de son dernier sac à main aux clientes sud-coréennes. Il n’est pas le seul : de plus en plus de marques étrangères font de la Corée une zone test pour leurs produits indique le journal Chosun. Channel organise des défilés réservés à des VIP triés sur le volet. Et Dior doit ouvrir prochainement à Séoul sa plus grande boutique en Asie. L’une des raisons à cet engouement des marques de luxe pour la Corée du Sud tient aussi à la mode des séries coréennes qui courent les écrans d’Oulan-Bator à Phnom Penh. En arborant les produits dûment siglés, les célébrités coréennes contribuent à leur promotion partout en Asie.

Ai Weiwei privé de Lego, l'économie taïwanaise en recul et Sharp dans le rouge au Japon

Lego versus Ai Weiwei

The China Digital Times (28.10.2015) – Et revoilà « l’effet Streisand » ou en tout cas une erreur marketing que bien des entreprises voudraient éviter. Le fabricant danois préfère certainement le marché chinois du jouet à une exposition, même signée du plus connus des artistes chinois contemporain. Mais en refusant une commande passée par Ai Weiwei, Lego a provoqué une polémique planétaire. Les internautes du monde entier se sont mobilisés pour envoyer leur Lego à l’artiste. Le China Digital Times recense les logos et les commentaires amusés voire moqueurs des internautes en Chine. La firme danoise a-t-elle eu peur de voir ses célèbres briques à nouveau dans les mains du poil à gratter du régime Chinois ? Dans son projet australien, Ai Weiwei entend reprendre les briques Lego pour créer des portraits géants de dissidents politique comme l’an passé lorsqu’il avait reconstitué l’ancienne prison américaine d’Alcatraz.

Sharp dans le rouge

The Japan Times (30.10.2015) – Tient, voilà encore un géant de l’électronique qu’on avait presque oublié ! Sharp a des difficultés, mais Sharp bouge encore et l’heure est aux grandes manœuvres pour tenter de ne pas sombrer. La firme d’Osaka a affirmé cette semaine que ses pertes pourraient atteindre jusqu’à 700 millions de dollars en raison d’un effondrement de la demande chinoise d’écrans pour smartphones. Du coup, le leader japonais annonce des restructurations au sein du groupe. Il y a quelques semaines, Sharp, qui embauche 49 000 personnes dans le monde, disait déjà vouloir réduire de 10 % ses effectifs.

L’économie taïwanaise se contracte

Asia One (30.10.2015) – L’économie taïwanaise a reculé au cours du trimestre juillet-août-septembre en raison d’exportations en berne. C’est la plus forte baisse du PIB en six ans. Taïwan a du mal à sortir de son modèle de développement centré en grande partie sur les exportations, ce que tente de faire la Chine continentale voisine en passant à un modèle orienté davantage vers la demande intérieure.

Zones économiques sino-nord-coréennes, la ferme des cochons à Pyongyang et alerte à la bombe à Séoul

Un canal pour accélérer les échanges entre Chine et Corée du Nord

Korea Joongang Daily (26.10.2015) – A l’Est du nouveau ! Les hommes d’affaires chinois se bousculent à la frontière nord-coréenne ces temps-ci, nous dit le Joongang. Le quotidien sud-coréen croit même savoir pourquoi, après avoir obtenu une copie exclusive du plan général de développement de la zone économique internationale de Sinuiju, ville portuaire située à la frontière entre la Corée du Nord et la Chine. Comme d’autres zones économiques spéciales, Sinuiju était devenu un long serpent de mer. Mais visiblement, le projet repart. Il aurait été relancé à l’occasion de la visite récente du numéro cinq chinois Liu Yunshan à Pyongyang, pour les commémorations de l’anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs. L’idée de cette région administrative spéciale sur le modèle de Hong Kong est née en septembre 2002. Un projet miné de l’intérieur. Yang Bin, l’homme d’affaires sino-néerlandais nommé comme administrateur, sera arrêté en Chine pour fraude fiscale. Vu que l’heure semble au réchauffement politique entre Pékin et Pyongyang, cela a aussi des conséquences sur le plan économique. Le 15 octobre dernier, les deux pays inauguraient une foire commerciale conjointe à Dandong, autre ville frontalière cette fois côté chinois, rappelle le site d’information spécialisé Sino NK.

Selon les directives obtenues par le Joongang, Pyongyang et Pékin envisageraient désormais d’accélérer la mise en place d’une zone commerciale de 132 kilomètres carrés autour de la ville de Sinuiju. Clé de voûte de ce nouveau projet sur cinq ans, la construction d’un canal sur le fleuve Yalu. Un canal et dix ponts, dont l’un servira au transport ferroviaire et doit permettre d’accélérer les échanges entre les deux alliés d’hier. Un complexe de distribution, des parcs et une usine de traitement de l’approvisionnement en eau doit également compléter le dispositif déjà en place.

Le mirage des zones économiques sino-nord-coréennes

Peterson Institute For International Economics (20.10.2015) – Ce n’est pas la première fois que des projets de zones économiques spéciales entre la Chine et la Corée du Nord reviennent sur le devant de l’actualité. Mais pour l’instant, la seule zone industrielle qui fonctionne vraiment est celle Kaesong en Corée du Nord, en partenariat avec la Corée du Sud. Côté sino-nord-coréen, les choses sont visiblement plus compliquées à mettre en place. Les zones économiques spéciales reviennent à chaque fois que le climat se détend entre Pyongyang et Pékin. On pouvait lire une histoire similaire en 2009 explique le spécialiste Adam Cahart sur son blog. Les projets font couler beaucoup d’encre, on joue sur les mots mais sans réelles avancées. Pour Sinuiju par exemple, la « région administrative spéciale » est devenue « zone économique spéciale » en 2013, avant d’être requalifiée en « zone économique internationale » l’année dernière, sans que cela ne change rien sur le fond.

Animal Farms à Pyongyang

Radio Free Asia (27.10.2015) – Obéissant aux injonctions venues du leader nord-coréen, les unités militaires mettent en place des élevages de porcs comme solution au problème de pénurie chronique de viande dans l’armée indiquent les sources de la radio américaine. C’est lors d’une visite de l’unité 810 de la province de Jagang à la frontière avec la Chine que Kim Jong-un a lancé l’idée des fermes de cochons dans les casernes. Le chef de l’Etat aurait donné des ordres similaires à l’unité 350 basée dans la province Hwanghae du Nord, cette fois près de la frontière sud-coréenne. L’information n’a pas été reprise par les médias nord-coréens, note toutefois RFA.

Corée du Sud : alerte à la bombe dans un centre commercial

The Korea Times (26.10.2015) – D’ordinaire épargnée par ce genre de menace, la capital sud-coréenne tomberait à son tour sous le risque des attentats. La police de Séoul a annoncé dimanche que le groupe Etat Islamique (EI) avait menacé Séoul d’un geste terroriste. L’alerte à la bombe a été diffusée sur les réseaux sociaux en pointant du doigt le COEX, l’un des grands centres commerciaux de la capitale. Depuis, aucun élément suspect n’a été relevé par les enquêteurs.

Par Stéphane Lagarde

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