Revue de presse Asie - 27 août 2015

Enquête à Tianjin, piste turque à Bangkok et frictions banglado-birmanes

Capture d’écran du Straits Times, le 27 août 2015
Capture d’écran du Straits Times, le 27 août 2015.

ASIE DU NORD-EST

Explosions de Tianjin : 11 personnes inquiétées et 12 détenues

China Daily – Les autorités chinoises ont dévoilé ce jeudi 27 août le nom de 23 personnes inquiétées ou détenues dans le cadre de la double explosion de Tianjin. Le Parquet populaire suprême a annoncé que 11 officiels du Parti et membres de l’administration portuaire faisaient actuellement l’objet d’une enquête pour manquements à leurs devoirs ou abus de pouvoir. Parmi eux, Zheng Qingyue, président de la compagnie qui gère le port de Tianjin, Wu Dai, chef de la Commission municipale des Transports de Tianjin et Wang Jinwen, haut fonctionnaire rattaché au ministère des Transports. De son côté, le ministère de la Sécurité publique a informé que 12 autres suspects avaient été placés en détention, tous en lien avec la société Rui Hai Logistics (dirigeants, employés et collaborateurs), propriétaire de l’entrepôt où tout a explosé. Ils sont soupçonnés d’avoir stocké illégalement des produits chimiques dangereux. Dans leurs déclarations, les deux organes ont souligné la responsabilité des autorités locales dans l’accident.

Chine : dévaluation du yuan et sapins de Noël, crise financière et « tortues de mer »

China Daily – La dévaluation de la monnaie chinoise fait des heureux parmi les entreprises chinoises. Le China Daily prend ainsi l’exemple de Zhu Zhixiang, dont la société exporte des sapins de Noël : « Avec la dévaluation du yuan, on peut espérer doper nos ventes ! », déclare-t-elle. Mais les clients étrangers ne sont pas dupes et demandent en conséquence une baisse des tarifs. De ce fait, les bénéfices de la dévaluation sont à relativiser, d’autant plus que « la demande extérieure est faible », indique le quotidien.
Parallèlement aux fluctuations de la monnaie chinoise, Reuters revient sur la crise financière qui secoue le pays. Selon l’agence de presse, l’une des explications de cette crise est la fuite des « tortues de mer » : ces Chinois d’outre-mer experts de la finance, sollicités après la crise de Lehman Brothers en 2008 pour retourner en Chine « aider la mère-patrie ». Nombre de ces « tortues » ont vite quitté les grands organes chinois de régultation des marchés, déçus du peu de considération professionnel et surtout salarial, dont ils ont fait l’objet. Aujourd’hui, ceux qui sont aux commandes manquent de l’expertise nécessaire pour faire les choix dans les mesures d’urgence.

Taïwan : report de la professionnalisation des armées

Taipei Times – La nouvelle fait la une du Taipei Times : le ministère de la Défense a annoncé l’impossibilité de remplir les objectifs de recrutement dans le cadre de la professionnalisation des armées, décidée par le président de la République Ma Ying-jeou, et repousse donc cette échéance à l’année prochaine. Le retour à la conscription apparaît ainsi nécessaire pour les 23 100 jeunes nés après 2005 et qui devront servir un an sous les drapeaux. A l’heure actuelle, pour les jeunes nés après 1994, un service militaire de 4 mois est encore obligatoire. Le service « militaire obligatoire pourrait être totalement rétabli », a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense nationale.

Hong Kong : Joshua Wong, jeune leader des « Parapluies », inculpé pour « rassemblement illégal »

Straits Times – Une « persécution politique ». C’est ainsi que Joshua Wong, 18 ans et leader du mouvement des « Parapluies », qualifie la décision de justice tombée aujourd’hui. Un tribunal hongkongais l’a déclaré coupable de “rassemblement illégal” et « d’incitation à participer à un rassemblement illégal ». L’année dernière, la ville avait été bloquée pendant plus de deux mois par des manifestations pro-démocratiques suite à la réforme controversée de Pékin, visant à nommer les candidats soumis au suffrage universel de l’ex-colonie britannique. Joshua Wong a déclarer ne rien regretter « même [s’il] doit en payer le prix ».

ASIE DU SUD-EST

Attentat de Bangkok : la police indonésienne enquête sur un lien possible avec un réseau islamiste local

The Jakarta Globe – Et si l’attentat de Bangkok était le fait d’un réseau islamiste en Indonésie ? C’est en tout cas une option envisagée par la police indonésienne, qui regarde du côté du groupe terroriste des « East Indonesian Mujahideen » (MIT). Voilà donc relancée la piste d’une sanglante revanche suite au renvoi de 150 Ouïghours en Chine par les autorités de Bangkok, en juillet dernier. Une piste accréditée par les derniers échos de l’enquête : selon le Sydney Morning Herald, de nouvelles théories mènent les policiers thaïlandais sur la piste de voyageurs turcs… Les soupçons portent autour du groupe des « Loups gris », mouvement nationaliste turc rattaché au Parti d’action nationaliste (MHP) et ayant embrassé la cause ouïghoure depuis quelques années. Pourtant, le Premier ministre thaïlandais et chef de la junte Prayuth Chan-ocha avait récemment écarté la possibilité d’un lien entre les deux événements.

Cambodge : une adhésion à l’Union économique eurasiatique ?

Phnom Penh Post – L’Union économique eurasiatique mettra-t-elle un pied en Asie du Sud-Est ? Le ministre cambodgien des Affaires étrangères en a émis le souhait auprès de l’ambassadeur biélorusse à Phnom Penh, indique aujourd’hui le Phnom Penh Post. Le vice-président de la chambre de commerce cambodgienne a commenté cette déclaration en indiquant qu’une adhésion à cette organisation « contribuerait au dynamisme économique du Cambodge ». L’Union économique eurasiatique, menée par Moscou, rassemble pour l’instant la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie et le Kirghizistan.

Malaisie : manifestation pour la réforme électorale et sites Internet bloqués

Free Malaysia Today – Le gouvernement malaisien a décidé de bloquer les sites internet relayant des informations sur le mouvement Bersih (« Coalition pour des Elections libres et transparentes ») et sur les manifestations qu’il compte organiser ce week-end pour demander la démission du Premier minsitre Najib Razak. La chef de fil de Bersih, Maria Chin Abdullah, s’est publiquement offusquée de cette décision, au même titre que certains officiels du mouvement appelant la société civile à réagir : « Envoyez un e-mail [à la Commission malaisienne pour les Medias et la Communication] et plaignez-vous que la censure des informations à propos de Bersih 4 [la quatrième série de manifestations organisée par Bersih, ndlr] n’est pas juste, et qu’ils n’ont pas le droit de faire ça. »
Dans ce contexte, le quotidien singapourien Straits Times fait le point sur le mouvement Bersih grâce à un article documenté sur son identité (groupe de 84 ONG), ses revendications (en faveur d’élection libres et transparentes), et l’historique de ses actions.

Vietnam et Mer de Chine du Sud : possibilité d’une entente sino-américaine dans le dos d’Hanoi ?

Giaoduc – Les négociations sino-américaines sur le CUES (Code for Unplanned Encounters at Sea), une sorte de code de (bonne) conduite en cas de rencontre fortuite des navires étatiques en mer de l’Est (nom donné par Hanoi à la mer de Chine du Sud), a froidement douché l’opinion publique vietnamienne. En juillet dernier, le commandant en chef de la marine chinoise, l’amiral Wu Shengli a reçu à Pékin son homologue américain, l’amiral Jonathan Greenert. Objectif de la rencontre : « Faire baisser la tension dans le contexte des disputes maritimes en mer de Chine ». Les discussions vont bon train d’ici à la visite prochaine de Xi Jinping à Washington.
Tran Công Truc, l’ancien président de la commission gouvernementale des frontières, s’inquiète : « Nous devons observer attentivement avec clairvoyance ce qui va venir dans les prochains jours ! » Selon Truc, diplomate aguerri, qui a travaillé sur la quasi-totalité des négociations de frontière maritime et terrestre entre le Vietnam et la Chine : « C’est assez bizarre. Les Etats-Unis s’alarment de l’expansionnisme de la Chine, qui menace la liberté de navigation en construisant des îles artificielles. Et maintenant, les Américains parlent de coopération avec les gardes-côtes chinois qui sont en réalité l’outil militaire et juridique déguisé de la Chine dans la conquête de la mer de l’Est… »
Les Vietnamiens avaient pourtant cru un rapprochement historique avec Washington (voir notre article sur le sujet). Aujourd’hui, ils s’inquiètent donc d’un accord sino-américain “dans leur dos”, comme en 1974, quand la Chine s’était emparée des Paracels de la République du Vietnam (Sud), allié des Etats-Unis, sous l’oeil impassible de la 7ème Flotte américaine…

ASIE DU SUD

Bangladesh : échange de tirs à la frontière avec la Birmanie

Dhaka Tribune – Il n’y a pas que les Rohingya qui “grèvent” les relations entre le Bangladesh et la Birmanie. La frontière entre le district bangladais du Bandarban et l’Etat birman de l’Arakan a été secouée par un échange de tirs hier, mercredi 26 août, entre les gardes frontières bangladais et les soldats de l’Arakan Army (milice indépendantiste). Ces derniers sont accusés par les autorités du Bandarban de pénétrer illégalement sur le sol bangladais pour piller les habitations et vendre de la drogue. Un garde-frontière a été blessé lors de l’affrontement. Les effectifs des patrouilles bangladaises devraient être prochainement renforcés, indique le Dhaka Tribune.

Inde : violences au Gujarat sur fond de lutte des castes

The Irrawaddy – Ils se considèrent comme victimes de la discrimination positive. De caste trop élevée pour en bénéficier, les Patels estiment que le programme gouvernemental leur fait du tort : il réserve un certain pourcentage des postes de fonctionnaires aux intouchables et aux castes inférieures, quand bien même ces individus seraient moins qualifiés que les autres candidats… Lassés de ne pas se faire entendre, les Patels ont manifesté en début de semaine dans l’Etat du Gujarat, où ils représentent 20% de la population : 500 000 personnes se sont mobilisées et 9 sont décédées dans des affrontements avec la police. Les autorités locales ont décrété un couvre-feu dans 5 villes, les communications téléphoniques ont été bloquées afin de juguler la diffusion de rumeurs, et l’armée, accompagnée de 113 compagnies paramilitaires, a été déployée dans les zones affectées.

Pakistan : mandat d’arrêt contre l’ancien Premier ministre accusé de corruption massive

Dawn – Deux mandats d’arrêt pour corruption ont été émis au Pakistan contre d’anciens leaders du Parti PPP (Pakistan Peoples Party), dont un ancien Premier ministre : Yousuf Raza Gilani (2008-2012). Au total, ils sont accusés de 24 affaires de corruption impliquant notamment l’Autorité nationale de Développement du Commerce.

La rédaction d’Asialyst

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