Revue de presse Asie - 6 juillet 2015

Le « NON » grec et l'Inde, bouddhistes ultra-nationalistes et brouille sur le patrimoine mondial

Capture d'écran du China Daily
Copie d’écran du China Daily sur les mesures prises par le gouvernement central pour rassurer les investisseurs de la bourse de Shanghai.

Asie du Sud

Inde : l’impact possible du “Non” grec – Times of India – Après la victoire du « Non » au référendum en Grèce sur le plan des créanciers d’Athènes, le quotidien indien analyse les possibles répercussions sur l’économie de l’Inde. La baisse d’1 % de l’indice NSE à New Delhi a accru la peur que les investisseurs étrangers, soucieux de se prémunir de l’incertitude nouvelle, ne réduisent leurs participations financières les plus risquées dans les pays émergents comme l’Inde. Ce qui fait craindre au ministère indien des Finances une possible sortie de capitaux hors d’Inde. Par ailleurs, la volatilité des marchés financiers indiens, qui est à prévoir, pourrait conduire à une dépréciation de la roupie, surtout en cas de « Grexit ». Autre conséquence possible : les exportations indiennes de logiciel et d’ingénierie informatiques pourraient être touchées, vu que l’Union européenne en est le principal destinataire.

Cela dit, le Times of India n’est pas inquiet outre mesure. Selon les économistes, l’Inde est mieux préparée à résister à la crise grecque qu’à la crise financière de 2008. Plusieurs raisons : la demande intérieure est le moteur de la croissance indienne donnée autour de 7 à 8 % pour 2015 ; le pays a une réserve suffisante de devises étrangères, avec 355 milliards de dollars ; la crise grecque est jugée davantage comme un risque à court terme.

Pakistan et Inde vont intégrer l’Organisation de sécurité de Shanghai – Khaleej Times avec Reuters – Islamabad et New Delhi vont entamer le processus d’adhésion à l’organisation de sécurité de Shanghai à l’occasion du sommet qui est prévu cette semaine en Russie. Les deux pays passeraient alors du statut de simples observateurs (tout comme l’Iran, la Mongolie et l’Afgahnistan) à celui de membres à part entière.
A l’origine, l’Organisation de sécurité de Shanghai a été formée pour lutter contre les risques nés du trafic de drogue dans les pays limitrophes à l’Afghanistan. Et le prochain sommet sera l’occasion de discuter spécifiquement de la situation afghane et de celle du Xinjiang. En effet, le gouvernement chinois rappelle que les indépendantistes ouïghours appartenant au Mouvement islamique du Turkestan oriental (East Turkestan Islamic Movement, ETIM) ont des liens avec le groupe terroriste Daesh. A ce titre, Pékin va demander l’aide de tous les pays de la région pour lutter contre cette menace.

Asie du Sud-Est

Thaïlande : aide aux bouddhistes ultra-nationalistes – Bangkok Post – L’aide apportée par une association bouddhiste thaïlandaise aux bouddhistes ultra-nationalistes de Birmanie est contraire aux principes mêmes du bouddhisme Theravada, estime le Bangkok Post dans son éditorial de lundi. Les extrémistes de l’association bouddhiste birmane Ma Ba Tha ont été derrière de nombreuses attaques contre les Rohingyas et les autres musulmans de Birmanie ces dernières années. S’ils disposent, avec l’aide de l’association thaïlandaise, d’une station de radio pour propager leurs mots d’ordre, le conflit inter-religieux risque de s’envenimer encore, met en garde l’éditorialiste.

Indonésie et libertés religieuses – Jakarta Globe – La commission nationale des droits de l’homme considère que le gouvernement a encore beaucoup à faire pour mettre fin à l’intolérance religieuse en Indonésie. Ce rapport quadri-annuel fait ainsi le point sur pas moins de 14 cas spécifiques d’intolérance religieuse avérés lors d’une période couvrant les mois d’avril à juin de cette année. Parmi les exemples cités, celui de la persécution religieuse de la minorité Ahmadiyah dans le sud de Jakarta, la fermeture forcée des églises dans les régions de Banda Aceh et Aceh Singki ou encore le criminalisation des shiites à Bogor. Pour le rapporteur de la commission, « ces cas présentent de sérieux problèmes. Lorsqu’ils se répètent chaque année, ce ne sont plus des évènements indistincts mais bien la marque d’un problème plus important dans notre pays (…) : celui du respect des religions de chacun. »

Asie du Nord-Est

Chine : l’État au secours de la bourse de Shanghai – China Daily – Alors que le cours de la bourse de Shanghai s’est effondré de près de 30 % entre mi-juin et début juillet, le China Daily indique que le gouvernement de Pékin, la Commission de Règlementation des Valeurs mobilières et les institutions financières du pays mettent en commun leurs efforts afin d’enrayer cette chute à travers une série de mesures : suspension de nouvelles offres d’actions le week-end dernier par le Conseil des Affaires de l’État, soutien financier de la People’s Bank of China auprès de la China Security Finance Corp. afin de stabiliser le marché, reports d’introduction en bourse… La plupart des experts estiment en effet que l’intervention de l’État est nécessaire afin de rassurer les investisseurs et d’éviter des réactions en chaîne sur les marchés financiers ainsi que d’éventuelles répercussions dans le secteur bancaire. En outre, la poursuite d’une telle dynamique pourrait freiner la mise en place de réformes financières plus poussées ainsi que la libéralisation du marché des capitaux chinois.

Corée du Sud et Japon : tensions autour du classement des sites de la révolution industrielle de l’ère Meiji au patrimoine mondial – The Asahi Shimbun et The Korea Times – Malgré des désaccords persistants entre le Japon et la Corée du Sud, le Comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO a accédé le 5 juillet à la requête nipponne, classant les 23 « sites de la révolution industrielle de l’ère Meiji » au patrimoine mondial de l’humanité. Les deux États s’écharpaient quant à la qualification du traitement réservé aux travailleurs coréens de ces sites entre 1910 et 1945 (lorsque la Corée était colonie japonaise), Tokyo se refusant à parler de travail forcé malgré les demandes de Séoul. Ainsi, les concessions exprimées par le Japon, qui consistent à souligner que les travailleurs coréens ont été « envoyés contre leur gré » et « forcés de travailler dans des conditions difficiles » (propos de Kuni Sato, ambassadeur japonais auprès de l’UNESCO), ne sont pas présentées de la même façon par les presses japonaise et coréenne. Si le quotidien nippon Asahi Shimbun considère que ce geste a permis aux deux parties d’atteindre un consensus, le Korea Times souligne cependant que le dossier n’est pas clos. Le Conseil international des Monuments et des Sites (ICOMOS), organisation consultative du Comité du Patrimoine mondial, a en effet jugé que les documents soumis par le Japon étaient insuffisamment révélateurs de la complexité des changements politiques et sociaux introduits par l’emploi de technologies industrielles.

Taïwan : Couac au KMT sur les relations avec la Chine – Taipei Times – Le KMT se désolidarise de sa candidate à l’élection présidentielle de janvier 2016, Hung Hsiu-chu, sur la question des relations entre les deux rives. Jeudi dernier, la candidate avait pris position sur la question des deux rives, raisonnant sur l’opportunité de revoir le « Consensus de 1992 » (une seule Chine, mais chacun interprète comme il l’entend qui de Pékin ou de Taipei la représente). Ce consensus est la pierre angulaire de la politique continentale du président taïwanais Ma Ying-jeou, et le principe est aussi soutenu par Pékin. Hung a ainsi souhaité la création d’un nouveau cadre d’interactions entre Chine et Taïwan qu’elle baptiserait : « une Chine, une interprétation ». Son objectif : voir Pékin reconnaître l’existence du « gouvernement » de la République de Chine – Taïwan donc, à défaut de reconnaître la « République de Chine », ce qui pour elle, équivaudrait à la théorie des deux Etats. Du coup, on s’interroge dans les rangs du parti conservateur sur l’opportunité de soutenir la candidate…

La rédaction d’Asialyst

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