Revue de presse Asie - 25 juin 2015

Conférence népalaise, militants thaïlandais et mariage indonésien

Capture écran du site de The Hindustan Times.
Capture écran du site de The Hindustan Times.

Népal : Conférence pour la reconstruction deux mois après le séisme

Ekantipur – Aujourd’hui s’ouvre à Katmandou la conférence internationale pour la reconstruction, 2 mois exactement après le séisme qui a fait 8800 morts et près de 23 000 blessés le 25 avril dernier. Le pays a besoin de 6 milliards d’euros pour reconstruire et réparer 500 000 immeubles endommagés ou détruits, et au moins la moitié devront être couverts par les différents donateurs, dont les voisins directs du Népal. Les Indiens et Chinois notamment ont annoncé des aides importantes. Pékin et New Delhi cherchent en effet à exercer une plus grande influence dans cet Etat qui constitue un tampon naturel entre les deux géants rivaux.

Thaïlande : plainte acceptée de pro-démocrates contre des militaires et un policier pour violences

Khaosod English – Sept étudiants opposés au régime militaire en Thaïlande sont parvenus, non sans mal, à déposer plainte contre deux militaires et un policier qui les avaient brutalisés le 22 mai dernier. Les faits se sont déroulés après une manifestation organisée à l’occasion du premier anniversaire du coup d’Etat de 2014, selon le site Khaosod en anglais. La police n’a accepté de recevoir les plaintes qu’après un face-à-face tendu qui a duré pas moins de sept heures. Un « petit acte de résistance » qui intervient au lendemain de l’interdiction par la junte des commémorations du renversement de la monarchie absolue et l’instauration d’un régime constitutionnel le 24 juin 1932.

Chinois et Américains peuvent-ils se permettre de rompre ?

Global Times – Une rupture est-elle possible entre la Chine et les Etats-Unis ? C’est la question posée par le Global Times ce jeudi à Pékin. L’éditorialiste du quotidien conservateur fait comme souvent les questions et les réponses. Et ici la réponse est Non, tout simplement parce que « ni l’un, ni l’autre ne peut se le permettre » explique le journal anglophone. Lors du Dialogue économique et stratégique qui se termine ce jeudi à Washington, Américains et Chinois ont pu échanger sur les dossiers sensibles : tensions en Mer de Chine du Sud (Obama a demandé à la Chine de la retenue), du cyberespionnage (un accord pourrait être trouvé) et de la protection des océans (de belles phrases oecuméniques ont été prononcées). Le Global Times salue les mots apaisants du vice-président amréricain Joe Biden qui affirme ne pas craindre « l’émergence pacifique » de la Chine. « Les propos de Biden semblent peu enthousiastes aux oreilles des Chinois, écrit le journal. Mais ils sont déjà bien plus encourageants que la rhétorique des faucons », allusion aux propos du Sous-secrétaire à la Défense Robert Work, qui voit la Chine comme une « menace à la supériorité technologique de l’Amérique dans les airs et dans l’espace ».

Pour le Global Times, les deux superpuissances n’ont d’autre choix que de renforcer leur coopération. « Nous sommes à un moment critique, selon le quotidien. (…) Il y a trop de possibilités de conflits entre la Chine et les Etats-Unis. (…) Il faut que les deux s’assoient autour d’une table et discutent (…) ». Comme souvent dans la rhétorique communiste, le quotidien décrit une Chine profil bas et aux ambitions plus que modérées : « Etant donné la taille de l’économie américaine, il n’est pas facile pour la Chine de surpasser l’Amérique, hormis le fait qu’elle n’en a aucune intention », conclut le Global Times, qui appelle à « se concentrer sur le développement économique » et à « éviter les actions mesquines ». A bon entendeur…

Inde : démission du directeur de Greenpeace dans une affaire de harcèlement

Times of India – Samit Aich, le directeur exécutif de Greenpeace Inde a présenté sa démission, avec celle de Divya Raghunandan, l’un des directeurs de programme de l’ONG environnementale. Lors d’une enquête interne, Samit Aich a été accusé d’avoir « mal géré » une double affaire de harcèlement sexuel : deux employés de Greenpeace, déjà licenciés, sont impliqués, l’un dans plusieurs viols d’une même employée de l’organisation, et l’autre dans divers dossiers d’abus sexuels.

Cette affaire arrive au plus mauvais moment pour Greenpeace, qui a évité de justesse de mettre la clé sous la porte dans le pays. Ces dernières semaines, les autorités indiennes, ont accusé l’ONG de menacer les intérêts économiques du pays. Elles ont suspendu la licence d’activité permettant à L’ONG de travailler et gelé trois de ses comptes en banque. Greenpeace a été sauvée in fine par une direction de justice tandis qu’une note des services secrets indiens datant de 2014 révélait l’existence d’une « chasse » aux ONG qui « mettent en péril la sécurité économique intérieure » (lire notre article).

Pauvreté au Cambodge : la Banque mondiale pointée du doigt

Phnom Penh Post et Cambodia Daily – La Ligue cambodgienne des droits de l’Homme (Licadho) publie un rapport qui pointe toutes les défaillances de la Banque mondiale et de la GiZ (coopération allemande) sur plusieurs concessions foncières sociales. Lancé il y a sept ans, le programme était destiné à réduire la pauvreté de plusieurs milliers de familles en leur attribuant des terres sur lesquelles ils pourraient vivre et travailler. La Licadho appelle à ce que les échecs les plus évidents de ces projets soient inscrits noirs sur blancs et qu’ils ne figurent plus dans la colonne « bons résultats » de la Banque mondiale. A la clé : un nouveau prêt de 25 millions de dollars ! De prétendus bons résultats conduiraient en effet l’institution à reprendre sa coopération avec les autorités cambodgiennes alors qu’elle ne remplit pas ses engagements auprès de la population cambodgienne, conclue Licadho.

Production au Vietnam des pièces de Boeing : quel pourcentage fabriqué en local ?

Đất Việt (« La Terre du Vietnam » est publié par l’Union nationale des associations de recherche scientifique. Articles pointus écrits la plupart du temps par des chercheurs et universitaires) – Après 15 ans d’assemblage des ailes du Boeing 737 nouvelle génération, le Vietnam a annoncé fièrement que la production sur son sol des portes du long courrier 777 avait débuté dans l’usine flambant neuve ouverte en octobre 2014. L’entreprise Aerospace Vietnam, une filiale de Mitsubishi (Japon), reste la seule dans le pays à posséder la qualification requise. Elle a dû former elle-même pendant des années — au Vietnam et au Japon — son personnel technique, montrant ainsi ses lacunes en matière de formation professionnelle. Celle-ci « produit » en effet plus de médecins que de soudeurs de niveau 7 très demandés par l’industrie pétrolière et spatiale.

Pour le Pr. Nguyen Duc Cuong (Nguyễn Đức Cương), président de l’association des sciences aéronautique et spatiale du Vietnam, « il n’y a (ici) pas de quoi fanfaronner ! Il s’agit juste de sous-traitance. Cela est certes beaucoup mieux que les chaussures, (mais) je préfère me demander quelle contribution ce produit apporte au pays apporte réellement ? Le vrai développement du Vietnam doit être le transfert de technologie, et pas de serrer des boulons ! » A ce jour, toutes les machines-outils et matières premières sont fournies par Boeing et/ou la maison mère Mitsubishi. Un exemple : sur une porte d’avion de Boeing 777 facturée à 100.000 dollars, le Vietnam ne perçoit que 1.000 dollars.

Loi sur le mariage en Indonésie : la « faute » de la Cour constitutionnelle

The Jakarta Post – Dans un éditorial, le quotidien indonésien accuse la Cour constitutionnelle du pays d’avoir manqué à son devoir de protection des citoyens. Le 18 juin dernier, la Cour a refusé de modifier la loi sur le mariage datant de 1974. La demande de modification était double : faire passer l’âge légal du mariage pour les filles de 16 à 18 ans et rendre légaux les mariages interreligieux. Les plaignants avançaient la nécessité de retarder les unions légales et les grossesses, afin d’harmoniser le tout avec la définition du statut de mineur et les lois de protection de l’enfance face à la pornographie ou au travail illégal. Pour ce qui est des couples de confessions différentes, le problème de la loi est qu’elle force l’un ou l’autre à se convertir, ce qui viole la liberté de religion et le droit de chaque citoyen à fonder une famille avec des droits protégés.

La Cour a donc préferé le conservatisme, selon le journal. L’âge légal du mariage pour les filles restera à 16 ans, car « les progrès dans les domaine de la nutrition et de la technologie peuvent accélérer les pulsions sexuelles d’un enfant, lesquelles doivent être canalisées par le mariage religieux, en sorte qu’il n’y ait pas de naissance hors mariage ». Les juges laissent par ailleurs « la religion déterminer la validité du mariage ». Pour le Jakarta Post, la Cour a donc « confirmé le respect de la religion, et ce faisant, n’a pas protégé les enfants, ni fourni de certitude légale ni offert de base juridique au bonheur des citoyens en union avec une personne d’une autre foi ».

La rédaction d’Asialyst

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