Revue de presse Asie - 15 juin 2015

Voyous indonésiens, tensions à Hong Kong et Tamouls birmans

Capture d'écran du site Mizzima
Capture écran du site Mizzima.

Indonésie : craintes de troubles pendant le Ramadan

The Jakarta Post – Avec le mois du ramadan (Bulan Puasa en indonésien) qui s’annonce, les autorités indonésiennes craignent que le Front Pembela Islam (FPI), autrement dit le « Front des défenseurs de l’islam », ne s’autorise des descentes punitives dans les lieux de divertissement. La police indonésienne promet la plus grande fermeté, mais le Jakarta Post rappelle que, les années précédentes, le FPI et d’autres organisations islamiques ont lancé des opérations de ce genre en pleine période de jeûne, sans pour autant être inquiétés. Le FPI, qualifié par cet article du Jakarta Globe de « ramassis de voyous citant des préceptes islamiques pour justifier des actes de violence et de vandalisme », s’est d’ailleurs encore illustré ce dimanche 14 juin. Certains de ses membres s’en sont pris à des Ahmadis, membres d’une minorité religieuse qui se revendique de l’islam. Le même jour, le président Joko Widodo est monté au créneau lors de son discours à la mosquée Istiqlal, dans le centre de la capitale : il a souligné que l’islam indonésien était un islam tolérant et pacifiste.

Le Pakistan fait le ménage dans les ONG sur son sol

The Express Tribune – L’ONG Save The Children est finalement autorisée à continuer à travailler au Pakistan. Il y a quelques jours, pourtant, des scellés avaient été posés sur ses locaux et un cadenas sur le portail d’entrée. Dans la foulée, le ministre pakistanais de l’Intérieur avait donné quinze jours aux derniers expatriés de Save The Children pour faire leurs valises et quitter le pays. L’ONG est accusée d’être liée à Shakil Afridi, le médecin qui a aidé la CIA à traquer Oussama Ben Laden jusqu’à Abbotabad, à l’aide d’une fausse campagne de vaccination. L’interdiction a pourtant été levée hier sur ordre du même ministère. Alors que cette menace de fermeture plane sur une vingtaine d’autres ONG, accusées d’agir « contre le Pakistan », le ministre de l’Intérieur Chaudhry Nisar déclare que le gouvernement travaille à la « rationalisation » de ce secteur. « Nous voulons juste réguler le système, dit-il. Nous ne voulons pas fermer les ONG qui respectent nos lois ».

Rohingya, Tamouls : même combat

Star online – 500 personnes, soutenues par des dizaines de moines, ont manifesté sous une pluie battante à Sittwe, capitale de l’Etat d’Arakan, en Birmanie, contre les « boat-people bangladais » qui, à leurs yeux, envahissent la région. Ce terme, rappelle Mizzima, désigne les membres de l’ethnie Rohingya, souvent installés dans cet Etat depuis plusieurs générations, mais que les Birmans considèrent comme des immigrés clandestins.
Le quotidien évoque aussi l’enquête de son confrère malaisien The Star Online sur une autre ethnie dont on parle moins, mais qui connaît un destin similaire : les Tamouls de Birmanie. Chrétiens ou hindouistes, ils sont les descendants de riziculteurs et vivent dans les districts de Thaton, dans l’Etat Môn, et de Bhamo, dans l’Etat Kachin. Appâtés par la promesse d’un meilleur emploi en Malaisie, ils se sont retrouvés dans les mêmes bateaux que les Rohingyas il y a quelques semaines. Après des jours passés sur ces rafiots sans eau ni nourriture, et s’être vus délestés de leurs maigres économies par les passeurs, beaucoup d’entre eux se retrouvent sans papiers en Malaisie, exploités par des entreprises de construction malaisiennes. « Nous sommes nous aussi apatrides, explique l’un d’entre eux, mais le HCR ne nous donne pas le statut de réfugiés ».

Trop discrète, la présidente sud-coréenne ?

The Hankyoreh – Le journal sud-coréen regrette que Park Geun-hye évite les conférences de presse comme la peste depuis le début de son mandat. Aucun média local n’a eu la faveur d’un entretien alors que la présidente en donne régulièrement à la presse étrangère lorsqu’elle est en déplacement. Bref, « le public coréen doit lire la presse étrangère pour savoir ce que pense sa présidente », titre The Hankyoreh. Il s’appuie notamment sur les dernières déclarations de Park Geun-hye la semaine dernière dans le Washington Post. La chef de l’Etat évoquait notamment des progrès significatifs sur la question des femmes de réconfort dans les négociations avec le Japon – des déclarations d’ailleurs remarquées également par The Japan Times. Cette question intéresse beaucoup ses concitoyens, remarque The Hankyoreh, et pourtant aucune version coréenne de l’interview n’a été proposée aux médias locaux.

Les Vietnamiens sauvent leur système particulier de retraite

TuổiTrẻ – Le parlement a voté à 87,45% contre une réforme gouvernementale de l’article 55 sur le paiement de la retraite. Cette disposition permet à un salarié d’encaisser la totalité de ses cotisations dès lors qu’il quitte son entreprise, sans condition d’âge. Ce système a la faveur des salariés qui constituent, de cette façon, une sorte de pécule, et sont alors en mesure de retrouver sereinement un autre travail mieux payé ou de financer un achat important. Le patronat, en revanche, y voit l’une des principales raisons du turnover, la « rotation » des salariés, préjudiciable à l’entreprise. Le nouvel article 60 de la Loi sur l’assurance sociale prévoit que l’assuré percevra ses retraites mensuellement, et seulement lorsqu’il sera à la retraite ! Un système comparable aux pays développés de la région, comme le Japon ou la Corée du Sud. Il y a quelques mois, l’annonce de cette réforme a provoqué la plus grande grève jamais vue au Vietnam : 60.000 ouvriers ont bloqué autoroutes et zones industrielles pendant des semaines. Le gouvernement a donc reculé et remis la décision au Parlement qui vient de l’enterrer définitivement. L’opposition des salariés tient au manque de confiance dans le système de gestion de leurs économies. « Je n’ai pas envie qu’ils me disent, après 40 ans de labeur : désolé, plus rien dans la caisse ! lance un ouvrier en grève cité par Tuổi Trẻ. Je pourrai faire quoi ensuite ? Me suicider ? »

Arrestations d’activistes à Hong Kong

South China Morning Post – C’est cette semaine que le Conseil législatif hongkongais doit voter un projet de réforme, proposée par Pékin, sur la manière d’élire le numéro un de Hong Kong. Et la police est sur les dents : neuf suspects (5 hommes et 4 femmes), présentés comme des activistes radicaux, ont été arrêtés ce matin après la découverte d’explosifs dans un local désaffecté. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu faire exploser plusieurs bombes artisanales avant l’ouverture des débats. Hier, rappelle le South China Morning Post, quelque 3500 personnes ont manifesté contre le projet de loi, munis de parapluies jaunes, comme lors du mouvement « Occupy Central » l’année dernière. Mais ils étaient loin des 50.000 manifestants attendus par les organisateurs.

Bangkok : le nettoyage impossible des canaux poubelles

Bangkok Post – Sukhumbhand Paribatra, apparaît souriant, portant à bout de bras un sofa rose éventré, dans le quartier de Lat Phrao. Après les inondations monstres de la semaine dernière, le gouverneur de Bangkok ordonne aux fonctionnaires d’accélérer la collecte des détritus, habituellement jetés dans les canaux (pneus, meubles, etc…), qui empêchent le fonctionnement normal des stations de pompage de la capitale thaïlandaise. De nouvelles pluies torrentielles sont attendues cette semaine à Bangkok. Mais il faudra sûrement plus d’une collecte d’encombrants pour nettoyer ces canaux, transformés en égouts depuis de nombreuses années.
La rédaction d’Asialyst
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