Revue de presse Chine - 17 juin 2016

Chine : révélations d'un libraire hongkongais disparu sur les "groupes spéciaux d'enquête" du Parti

Les révélations du libraire Lam Wing-kee sont fracassantes. Copie d'écran du South China Morning Post, le 17 juin 2016.
Les révélations du libraire Lam Wing-kee sont fracassantes. Copie d'écran du South China Morning Post, le 17 juin 2016.
South China Morning Post – Révélations fracassantes dans l’affaire des libraires hongkongais. Lam Wing-kee, l’un des cinq libraires de l’ex-colonie britannique mystérieusement disparus à la fin de l’année dernière – puis tout aussi mystérieusement réapparus en Chine continentale – est rentré ce mardi 14 juin à Hong Kong sans esclandre… Jusqu’à ce qu’il prenne la parole hier jeudi 16 juin pour faire la lumière sur ces événements.

Lam Wing-kee affirme avoir été victime d’un « enlèvement » près de la frontière avec Shenzhen en octobre dernier – enlèvement au cours duquel on l’aurait « menotté » et « bandé les yeux ». S’en sont suivis huit mois de « torture mentale » ainsi que la signature d’un formulaire lui interdisant de tenir sa famille au courant des événements et d’engager un avocat. Objectif : obtenir des informations sur les clients continentaux à qui Lam Wing-kee aurait fourni des livres critiques contre Xi Jinping et le Parti communiste chinois, explique le South China Morning Post dans un autre article.

Mais les révélations les plus étonnantes concernent les agents qui ont opéré l’enlèvement et l’ont gardé en détention. Les services secrets ? La police ? L’armée ? Rien de tout cela, d’après Lam Wing-kee, qui croit bien avoir eu affaire avec un « groupe spécial d’enquête ». Une « équipe d’enquêteurs ad hoc qui dépend directement du plus haut niveau du PC chinois », commente le South China Morning Post. Le quotidien hongkongais précise que ces groupes, composés de « cadres du département anti-corruption, d’officiers de police de haut rang voire de généraux militaires », seraient derrière l’arrestation en 2012 de l’ancien chef du PC à Chongqing, Bo Xilai, et celle en 2013 de l’ancien ministre de la Sécurité publique, Zhou Yongkang. Ils étaient aussi fréquemment utilisés pendant la Révolution culturelle il y a 50 ans.

Ces révélations, les premières du genre par l’un des libraires disparus, ont secoué la société civile hongkongaise. Quarante membre du parti pro-démocratique Demosisto ont ainsi manifesté devant le Bureau de liaison du gouvernement central à Hong Kong pour réclamer la « défense des libertés hongkongaises », rapporte le Straits Times. Joshua Wong, figure de proue du mouvement des « Parapluies », a d’ailleurs qualifié Lam Wing-kee de « héros » et de « modèle pour les Hongkongais ».

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