Revue de presse Chine - 9 novembre 2016

Chine : Pékin attend de Trump un "rééquilibrage" en Asie, mais aurait préféré Clinton

La Chine attend du nouveau président américain un rééquilibrage de la politique asiatique américaine, alors même qu'elle aurait secrètement préférée une candidature Clinton. Copie d'écran du "South China Morning Post", le 9 novembre 2016.
La Chine attend du nouveau président américain un rééquilibrage de la politique asiatique américaine, alors même qu'elle aurait secrètement préférée une candidature Clinton. Copie d'écran du "South China Morning Post", le 9 novembre 2016.
Straits Times – Et la Chine dans tout ça ? Suite à l’élection du candidat républicain Donald Trump à la Maison Blanche ce mercredi 9 novembre, la question est « importante », prévient le quotidien singapourien. Les autorités chinoises, précise-t-il, attendent de savoir ce que ce dernier fera de la stratégie en Asie-Pacifique mise en place sous son prédécesseur démocrate Barack Obama.

En effet, le gouvernement de Pékin croit fortement dans la « volonté affichée » du nouveau président de « réduire le rôle de gendarme du monde des Etats-Unis » et de « démanteler son système d’alliance avec des pays comme le Japon ». Avec en ligne de mire l’inflechissement, voire la fin de la stratégie du « pivot » asiatique (voir notre article sur le sujet) aujourd’hui en place. Cette dernière est largement perçue à Pékin « comme un moyen de freiner la montée en puissance de la Chine ».

Malgré cette volonté de voir un rééquilibrage se mettre en place sous une présidence Trump, le gouvernement chinois « appliquant à la lettre sa politique de non-interférence dans les affaires internes des autres pays », n’a officiellement jamais soutenu un candidat plutôt qu’un autre dans la course à l’élection.

Aujourd’hui, note le Straits Times, la présidence Trump se dessine alors qu’il y a eu ces derniers temps « une approbation sensible » en Chine de la candidature de la démocrate Clinton. En cause, les « inquiétudes croissantes de l’impact qu’une présidence Trump pourrait avoir sur le pays. » En effet, les « politiques protectionnistes » qu’il défend ainsi que « sa possible mauvaise gestion de l’économie intérieure », pourraient perturber une « économie chinoise déjà mal en point du fait du difficile équilibre entre réformes et croissance. » Ces mêmes politiques pourraient aussi amener les Etats-Unis à réduire leurs obligations internationales et augmenteraient alors la pression sur la Chine pour « qu’elle comble le vide », et ce avant même qu’elle ne soit prête ou préparée à le faire.

Egalement, Pékin voit d’un mauvais œil le fait que le président Trump puisse permettre à ses « alliés coréen et japonais » de se constituer en force nucléaire pour faire face aux menaces posées par la Corée du Nord. Un tel scénario, prévient le journal de Singapour, entraînerait « une course aux armements nucléaires » qui « augmenterait d’autant les tensions dans la région et fragiliserait la croissance chinoise. »
Enfin, il faudra également compter avec l’axe Washington-Moscou du fait « de l’admiration non dissimilée du nouveau président américain pour Vladimir Poutine. »

Ainsi, pour toutes ses raisons, les décideurs politiques chinois étaient plutôt enclins à préférer une victoire de la candidate démocrate – et ont pour cela également demandé aux journaux locaux de limiter leur couverture de l’élection comme le rapporte le South China Morning Post. Une préférence à contre-courant de la population chinoise qui elle acclame en masse le candidat républicain (84% contre 9% pour Hillary Clinton), selon un sondage en ligne réalisé par le quotidien chinois Global Times ce 9 novembre à 3 heures du matin heure locale. De même, l’élection américaine fût l’un des sujets les plus discutés sur le réseau social chinois Sina Weibo avec plus de 615 000 commentaires et quelque 2 millions de vues – dont l’utilisateur nommé hk5066 pour qui « un homme fou va changer le monde. »

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
[asl-front-abonnez-vous]
[asl-front-abonnez-vous]