Revue de presse Birmanie - 28 octobre 2016

Birmanie : le déni du gouvernement sur la situation au Rakhine met en péril la démocratie

Selon le journaliste du Myanmar Times, les derniers événements dans l'Etat Rakhine prouvent que le gouvernement d'Aung San Suu Kyi n'a aucun moyen de contrôle sur les actions de l'armée. Copie d'écran du Myanmar Times, le 28 octobre 2016.
Selon le journaliste du Myanmar Times, les derniers événements dans l'Etat Rakhine prouvent que le gouvernement d'Aung San Suu Kyi n'a aucun moyen de contrôle sur les actions de l'armée. Copie d'écran du Myanmar Times, le 28 octobre 2016.
Myanmar Times – L’espoir d’une démocratie en Birmanie s’amenuise-t-il face aux conflits dans l’Etat du Rakhine ? Hier jeudi 27 octobre, le porte-parole du gouvernement, Zaw Htay, niait sur le site du journal The Irrawaddy les accusations de meurtres extrajudiciaires et de torture perpetrés par l’armée dans cette région de l’ouest du pays. Depuis le 9 octobre, quand des hommes armés ont attaqué des postes de police à la frontière avec le Bangladesh, l’armée birmane s’est lancée dans une traque contre les responsables entraînant le déplacement de milliers de musulmans rohingyas et l’isolement de la région. Depuis, les témoignages d’abus perpétrés par l’armée se multiplient. Les militaires auraient forcé plus de 2 000 Rohingyas à quitter leur village, d’autres ont évoqué le pillage de leurs maisons et des cas de viols par les forces de l’armée ont été rapportés aux ONG.

« Les autorités ont tout à fait le droit de mener une enquête pour déterminer qui sont les responsables des attaques brutales du 9 octobre, mais elles doivent le faire selon la loi et sans aller à l’encontre des droits humains, et les arrestations doivent se faire dans le respect des normes internationales », rappelle un journaliste du Myanmar Times dans un éditorial. « En refusant d’accepter la possibilité que des abus ont pu avoir lieu, Zaw Htay s’est reclus dans un recoin duquel il lui sera difficile de sortir. » Pour le porte-parole du gouvernement, les ONG et journalistes sont victimes de fausses informations diffusées par les habitants du Rakhine. S’il est effectivement impossible de connaître la situation actuelle dans la région totalement isolée, le fait même que le gouvernement en interdise l’accès aux ONG semblent prouver qu’il y a des choses à cacher.

Pour l’éditorialiste, cet événement marque un désaveu de la part du gouvernement. Alors qu’Aung San Suu Kyi avait préalablement appelé à mener des enquêtes approfondies avant de déterminer l’identité des coupables, elle se retrouve confrontée à des accusations de torture et d’abus de la part de l’armée. « Cela prouve juste qu’Aung San Suu Kyi n’a pas de réel pouvoir de négociation et que l’armée peut agir comme bon lui semble, dénonce le journaliste. Il est devenu indéniable que ceux qui ont cru, dans la communauté internationale, que la Birmanie marchait vers la démocratie se sont trompés. Le pays reste gouverné par un régime militaire et l’armée n’a aucun mal à le montrer. »

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