Revue de presse Philippines - 27 octobre 2016

Philippines : Duterte menage le Japon et réaffirme l'alliance avec les Américains

Rodrigo Duterte a finalement accepté de reconnaître l'intérêt d'un accord militaire avec les Etats-Unis, reculant encore après sa déclaration où il affirmait se "séparer" de Washington. Copie d'écran du Philippine Star, le 27 octobre 2016.
Rodrigo Duterte a finalement accepté de reconnaître l'intérêt d'un accord militaire avec les Etats-Unis, reculant encore après sa déclaration où il affirmait se "séparer" de Washington. Copie d'écran du Philippine Star, le 27 octobre 2016.
The Philippine Star – Le comportement diplomatique de Rodrigo Duterte est toujours plus déconcertant. Le président philippin, à côté de ses harangues anti-américaines, cherche en ce moment à renforcer les relations commerciales de son pays avec les puissances asiatiques. Quitte à être véhément un jour, puis conciliant le lendemain. Ainsi, en visite à Tokyo, il a réaffirmé d’une seule voix avec le Premier ministre japonais leur alliance pour « promouvoir la paix en Asie-Pacifique ». Et Shinzo Abe, allié traditionnel des Etats-Unis, a obtenu ce qu’il voulait : Duterte a reconnu l’importance du partenariat avec Washington. Depuis plusieurs semaines, il ne cessait pourtant de réaffirmer son désir de mettre fin aux accords entre les deux Etats. Hier, mercredi 26 octobre, il menaçait encore de demander le retrait des troupes américaines du territoire philippin d’ici deux ans. « Je veux les voir dehors et, si je dois abroger des accords, je le ferai », avait-il lancé. Très diplomatiquement, Tokyo a salué le rapprochement entre Manille et Pékin. « La question de la Mer de Chine du Sud influe directement sur le maintien de la paix dans la région. En cela, le Japon salue l’effort du président Duterte dans son initiative d’améliorer les relations entre la Chine et les Philippines », a affirmé Shinzo Abe.

Tout cela n’empêche pas le South China Morning Post de craindre les conséquences des tirades anti-américaines du président philippin. Pour le quotidien hongkongais, la « séparation » avec les Etats-Unis voulue par Duterte pourrait provoquer une montée du groupe Etat islamique aux Philippines. Alors que l’organisation terroriste perd du terrain au Moyen-Orient, les spécialistes redoutent de plus en plus que ses membres se retournent contre leur pays d’origine. Les Philippines pourraient alors devenir le centre d’un nouveau champ de bataille en Asie du Sud-Est, d’autant plus que l’archipel est considéré comme une extension du califat de l’EI. Actuellement, environ une centaine de régiments américains sont toujours stationnés dans le sud-ouest du pays afin d’entraîner et de soutenir leurs homologues philippins. Certains craignent qu’avec leur départ, et la fin de leur aide logistique sur le terrain, Manille ne puisse pas gérer la menace terroriste grandissante.

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