Revue de presse Birmanie - 30 septembre 2016

Birmanie : la famine guette les "déplacés" musulmans de l'Arakan

La fin de l'aide alimentaire aux déplacés va t-elle provoquer une situation d'insécurité alimentaire dans l'Etat de l'Arakan? Copie d'écran du Myanmar Times, le 30 septembre 2016.
La fin de l'aide alimentaire aux déplacés va t-elle provoquer une situation d'insécurité alimentaire dans l'Etat de l'Arakan? Copie d'écran du Myanmar Times, le 30 septembre 2016.
Myanmar Times – En est-ce fini de la distribution d’aide alimentaire dans l’Etat birman de l’Arakan ? Depuis juillet dernier, le programme alimentaire mondial a décidé de couper les aides aux personnes quittant les camps de déplacés pour se réinstaller dans les villages. L’Etat de l’Arakan, l’un des plus pauvres de la Birmanie, est en proie à de violents conflits entre bouddhistes et musulmans. C’est par ailleurs dans cette région que vivent majoritairement les Rohingyas, minorité musulmane apatride persécutée dans le pays. En 2012, le conflit s’était enlisé entraînant le déplacement de milliers de personnes obligées de se réfugier dans des camps de fortune. Si les tensions se sont maintenant amoindries, les musulmans sont toujours victimes d’extrêmes discriminations.

Aujourd’hui, l’objectif de l’ONU consiste à inciter les personnes déplacées à se réinstaller dans la région. Ils sont ainsi un peu plus de 200 à avoir quitté les camps pour rejoindre la ville de Pa Rein. Dans les camps, les déplacés vivent dans des conditions déplorables mais ils ont accès à l’eau et à la nourriture grâce à différentes ONG présentes sur place. En revanche, seule une petite moitié des nouveaux habitants de Pa Rein reçoivent toujours une aide alimentaire.

Pour le programme alimentaire mondial, supprimer cette aide doit empêcher que des tensions n’apparaissent entre ceux qui seraient éligibles à recevoir une portion de nourriture et les autres. En effet, jusqu’alors, les déplacés des camps recevaient systématiquement une aide à la réinstallation dans les villages et de quoi subvenir à leurs besoins tandis que ceux qui ne s’étaient jamais déplacés ne percevaient rien. Les membres du programme alimentaire mondial l’avouent : cette décision a été prise faute de budget pour offrir une aide alimentaire à tous.

La décision a été fortement critiquée par d’autres ONG qui craignent une situation d’« insécurité alimentaire ». Les nouveaux habitants des villages, en tant que musulmans, peinent à décrocher un travail et se retrouvent souvent en situation d’extrême pauvreté. Difficile dans ces conditions de pouvoir se nourrir suffisamment. Au total, 20 % de la population de l’Arakan souffrirait de malnutrition.

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
[asl-front-abonnez-vous]
[asl-front-abonnez-vous]