Revue de presse Birmanie - 29 septembre 2016

Birmanie : Aung San Suu Kyi face à l'obstacle de la Constitution de 2008

Lors de sa visite à New York, Aung San Suu Kyi a réitéré son objectif d'amender la Constitution de 2008. Pourtant, en Birmanie, le projet semble passé sous silence. Copie d'écran du Myanmar Times, le 29 septembre 2016.
Lors de sa visite à New York, Aung San Suu Kyi a réitéré son objectif d'amender la Constitution de 2008. Pourtant, en Birmanie, le projet semble passé sous silence. Copie d'écran du Myanmar Times, le 29 septembre 2016.
Myanmar Times – Aung San Suu Kyi en a fait son cheval de bataille. Lors de son récent voyage aux Etats-Unis, celle qui est de facto Premier ministre de la Birmanie a rappelé son désir d’amender la Constitution de 2008, « une barrière à la démocratisation du pays », selon elle.

Dès les élections qui ont vu la victoire de son parti, la igue natinale pour la Démocratie (LND) en novembre 2015, la Constitution était dans toutes les têtes. Aucun discours de la prix Nobel de la Paix ne manquait d’en faire mention. Et peu après sa prise de fonction, le président Htin Kyaw, proche d’Aung San Suu Kyi, affirmait de nouveau qu’amender la Constitution serait l’objectif principal du nouveau gouvernement. Il faut dire que le texte touche de plein fouet la figure de proue de l’opposition à l’armée. La Constitution de 2008 l’empêche en effet d’être éligible à la présidence du pays à cause de son mariage avec un Britannique et de ses enfants au passeport étranger.

Mais six mois après l’arrivée au pouvoir de la LND, le projet n’a pas avancé d’un iota. Aung San Suu Kyi reste en porte-à-faux entre les aspirations de ces citoyens et une armée peu disposée à affaiblir son pouvoir. Certes, la démocratisation du pays s’est amorcée, au point que Barack Obama a accepté la levée des sanctions économiques qui pèsent toujours sur le pays. Mais le spectre de la Constitution continue de planer. La « Dame de Rangoun » ne nie pas : « Tant que cette Constitution restera inchangée, la Birmanie ne pourra pas être une véritable démocratie », a t-elle affirmée lors de son allocution à l’Asian Society de New York.

Rappelons que La Constitution de 2008 alloue 25% des sièges du Parlement aux membres de la Tatmadaw, l’armée régulière birmane. Or, selon ce même texte, pour l’amender, il faut le vote d’au moins 75% des membres. Ainsi, même si l’ensemble des membres civils du Parlement, dont 80% sont des membres de la LND, votait pour l’amendement de la Constitution, il faudrait toujours « un courageux militaire pour voter pour », explique Aung San Suu Kyi.

Peu à peu, les voix s’élèvent, critiquant Aung San Suu Kyi qui semble vouloir ménager à tout prix ses relations avec l’armée au nom de l’unité nationale. Certains ne croient pas à l’option d’un compromis avec la Tatmadaw sur la question de la Constitution et voit donc ce rapprochement d’un mauvais oeil. Pour d’autres, la seule solution serait d’invoquer un référendum. « C’est la meilleure façon pour outrepasser l’actuelle Constitution. La proposition de texte pourra passer avec une simple majorité et n’aura pas besoin d’atteindre les 75% », propose Yan Myo Thein, expert politique.

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