Revue de presse Inde - 23 septembre 2016

Et si l'Inde coupait l'eau potable de l'Indus au Pakistan ?

La gestion de l'eau de l'Indus qui traverse les deux pays est soumise au traité de l'Indus, modèle de coopération transfrontalière, depuis 1960. Copie d'écran de The Indian Express, le 23 septembre 2016.
La gestion de l'eau de l'Indus qui traverse les deux pays est soumise au traité de l'Indus, modèle de coopération transfrontalière, depuis 1960. Copie d'écran de The Indian Express, le 23 septembre 2016.
The Indian Express – Le traité de l’Indus est-il en danger ? Quelques jours après l’attaque meurtrière à la base militaire indienne d’Uri, dans le Cachemire indien, qui a provoqué la mort de 18 soldats indiens et a encore ravivé les tensions dans la région, New Delhi cherche une façon de « punir » le Pakistan qu’elle tient pour responsable. Parmi les sanctions soulevées, celle de lui couper l’eau potable. Les deux Etats se partagent en effet le bassin de l’Indus mais l’Inde, en amont, jouit d’une position dominante sur son voisin.

Malgré les nombreuses tensions qui opposent les deux pays, la question de ce fleuve transfrontalier est gérée d’une façon pacifique grâce au traité de l’Indus, signé en 1960. Ce dernier a survécu à chaque conflit et est souvent présenté comme un modèle de coopération dans la gestion d’un fleuve transfrontalier. Il alloue à l’Inde les trois fleuves à l’Est du bassin (Sutlej, Beas et Ravi) et au Pakistan, les trois fleuves à l’Ouest (l’Indus, Jhelum et Chenab). L’Inde peut profiter pleinement des trois fleuves qu’il contrôle mais ne doit pas obstruer le passage de l’eau dans les fleuves de l’Ouest. Tous les six mois, une commission de l’Indus se réunit afin d’assurer que les modalités du traité sont respectées et pour gérer les conflits mineurs.

Mais par sa position en amont, l’Inde pourrait briser les termes du traité et priver le Pakistan de son accès à l’eau. Ce dernier est très dépendant de l’Indus : 65% de son territoire est dans le bassin du fleuve et ces barrages permettent d’alimenter la population en électricité et en eau potable. A chaque nouveau conflit, la menace revient sur la table même si elle ne semble jamais vraiment sérieuse. Couper l’accès à l’eau au Pakistan ne permettrait pas à l’Inde d’atteindre son véritable objectif : forcer son rival à lutter contre le terrorisme. De plus, couper les robinets inonderait plusieurs villes indiennes.

Côté pakistanais, la domination indienne sur l’eau fait peur. Certains considèrent même cette menace comme un « terrorisme de l’eau ». Cela participe par ailleurs à attiser le conflit au Cachemire. Nombreux sont ceux qui souhaitent se réapproprier l’espace afin de reprendre le contrôle de ces fleuves. Couper l’accès à l’eau aurait donc des répercussions directes sur le conflit au Cachemire.

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